Nos oreilles et notre nez ont-ils tendance à grossir avec l’âge ?

Sophie Lambert

Les changements morphologiques liés à l’âge : vérités ou illusions ?

Notre corps, notamment au niveau de nos fessiers, de nos cuisses ou encore de notre abdomen, subit de nombreux bouleversements avec le temps. Ces transformations ne sont pas uniquement dues à une simple évolution, mais sont étroitement liées à un processus complexe que l’on nomme généralement le vieillissement. Ces modifications ne se limitent pas seulement à ces zones, elles touchent aussi notre visage, avec en particulier certains changements perçus au niveau du nez, qui semblerait devenir plus large ou plus massif, et de nos oreilles, qui paraissent s’agrandir ou s’éloigner davantage du visage. Pourtant, ces perceptions sont-elles réellement attestées par une croissance de ces structures ? La réponse, scientifiquement, reste négative. En réalité, ces appendices ne gagnent pas en volume avec l’âge. Ce que nous percevons comme une augmentation de leur taille résulte plutôt d’une évolution de leur forme ou d’un effacement relatif.

Ces transformations visibles s’expliquent par un ensemble de facteurs en interaction : le tissu cutané, le cartilage, la graisse sous-cutanée, mais également l’effet de la gravité. La combinaison de ces éléments contribue à modifier l’apparence de plusieurs parties du corps et du visage chez les seniors. Nous allons détailler ces influences pour comprendre comment elles façonnent en apparence notre silhouette à mesure que nous avançons en âge.

Les effets de l’affaissement naturel

Prenons par exemple le cartilage, qui constitue une part essentielle de nos oreilles et de notre nez. En vieillissant, ce tissu souple et élastique tend à s’affaisser doucement. Bien que cette déformation soit minime, son impact visuel est significatif : le cartilage moins soutenu se déforme, entraînant un relâchement de la peau qu’il recouvre. La peau elle-même perd de son élasticité, avec une réduction de la graisse que nous avons dans ces zones. Ces deux phénomènes conjugués donnent l’impression que ces structures s’allongent ou s’étirent plus qu’elles ne le font réellement.

Conséquences visibles, l’oreille semble s’agrandir, occupant un espace plus important, tandis que le nez paraît plus large ou plus apparaît comme « empâté ». Du côté des joues, la perte de graisse provoque un affaissement percevable, donnant un visage plus creusé ou tombant. À l’inverse, les lèvres vont alors perdre en épaisseur, s’amincissant par endroit. Il s’ensuit une confusion courante entre la taille réelle de ces organes, immuable dans leur structure anatomique, et l’aspect qu’ils prennent en raison de ces changements de forme ou de position.

Une évolution inévitable, mais pas une croissance

Ce qu’il est important de garder en tête, c’est que ces modifications anatomiques ne signifient pas que la structure des oreilles ou du nez augmente de volume. Ce n’est qu’une illusion d’optique créée par la perte d’élasticité de la peau, la gravité agissant sur ces tissus, et la diminution de graisse sous-cutanée. Collectivement, ces phénomènes induisent une impression d’agrandissement, alors que seule la configuration de ces parties change. Ce processus est universel chez les individus vieillissants, tout comme la perte de volume dans d’autres zones, notamment le visage.

En résumé, le vieillissement amorce des transformations morphologiques, mais ne modifie pas la taille de façon intrinsèque. Il s’agit pour la plupart d’effets liés à la relégation de tissus, à leur dégradation naturelle, et à l’effet de la pesanteur qui agit sans relâche au fil des années.

Une problématique à enjeux légaux

Un aspect souvent évoqué dans la recherche sur le vieillissement facial concerne la compréhension approfondie de ces changements morphologiques. Selon une étude menée par des chercheurs allemands, la clé pour interpréter les modifications du visage avec le temps réside dans la capacité à décoder ces altérations. En d’autres termes, la connaissance précise de la manière dont les structures faciales évoluent est essentielle pour analyser leur progression. Cette compréhension pourrait également ouvrir la voie à des applications dans le domaine médico-légal, notamment pour identifier des personnes disparues à partir de caractéristiques faciales modifiées par le vieillissement.

En définitive, analyser les changements progressifs du visage ne se limite pas à une démarche esthétique, mais peut s’avérer stratégique dans des contextes liés à la justice ou à la médecine légale. La compréhension fine de ces modifications permettrait ainsi de mieux appréhender le vieillissement, tout en apportant une aide concrète dans la résolution d’enquêtes impliquant des identifications faciales.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.