Les vérités sur les revenus des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux
L’univers des influenceurs et des créateurs de contenu suscite autant de fascination que de nombreuses interrogations. Parmi les questions qui reviennent le plus souvent, celle de savoir combien peuvent réellement percevoir ces créateurs en gagnant leur vie en ligne revient fréquemment. Avec la professionnalisation progressive de ce secteur et la tentation de positionner certains influenceurs comme des figures de richesse et de luxe, les spéculations fleurissent : partenariats aux montants élevés, voyages entièrement pris en charge, vie de rêve… Cependant, la réalité est bien différente. Très peu de créateurs parviennent à vivre confortablement de leur activité sur internet.
Les personnalités connues telles que Léna Situations, Squeezie, EnjoyPhoenix ou Inoxtag engrangent assurément des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros, et collaborent avec des équipes de professionnels pour produire leur contenu. Pourtant, ces figures médiatiques représentent une infime proportion des quelque 145 000 créateurs de contenu recensés en France. La majorité doit faire face à une réalité économique beaucoup plus modeste, souvent bien éloignée des fantasmes véhiculés par l’image publique.
Les revenus issus des plateformes sont marginaux
Pour comprendre combien touche réellement un créateur de contenu, il faut distinguer ses différentes sources de rémunération. La plupart de ses gains proviennent principalement de relations commerciales avec des marques. Ces collaborations se traduisent par des vidéos sponsorisées, des publications sur les réseaux sociaux ou des stories mettant en avant un produit ou un service. En revanche, le revenu généré directement par la plateforme, comme YouTube ou Instagram, représente une part beaucoup plus faible dans l’ensemble des revenus : cette part est souvent considérée comme une rémunération de base, mais elle ne constitue qu’une portion minime du total.
Selon Solène Juredieu, responsable du secteur clients chez Reech Agency, une agence spécialisée dans le marketing d’influence, environ 60% des Français interrogés estiment que la rémunération provenant des plateformes constitue le principal salaire d’un influenceur. Pourtant, dans la pratique, cette source reste relativement marginale par rapport aux contrats avec des annonceurs ou des partenaires commerciaux. Certains créateurs complètent leurs revenus par la vente de produits dérivés, la publication de livres, la réalisation de formations, ou encore par la distribution de goodies et autres produits promotionnels.
Les revenus issus uniquement des plateformes ou de leur monétisation ne suffisent souvent pas à assurer un revenu stable à long terme. La majorité des créateurs doit donc diversifier leurs activités pour assurer leur subsistance.
L’activité des influenceurs, une passion plus qu’un métier
Ce n’est qu’une minorité de créateurs qui parviennent à dégager un revenu significatif dans cette activité. Selon les chiffres de la même étude, près de deux tiers des influenceurs gagnent moins de 5000 euros par an grâce à leur contenu en ligne. Beaucoup ont une activité complémentaire ou considèrent leur influence comme une passion, plutôt que comme un véritable emploi. La majorité reste donc dans une dynamique d’appoint, souvent animée par l’amour du partage et de la création.
Ce qu’une grande partie du public a du mal à percevoir, c’est que seules une personne sur cent pense qu’un créateur peut ne percevoir aucun revenu de sa présence sur les réseaux sociaux. En réalité, l’année 2024 a révélé que plus de 26% des influenceurs déclarent ne générer aucun revenu en lien avec leur activité cette année-là. À l’inverse, un petit pourcentage—environ 6%—affiche des revenus annuels supérieurs à 50 000 euros, un chiffre que seulement 14% des sondés estiment effectivement comme étant la réalité pour un influenceur. La majorité des influenceurs rencontrent des revenus assez faibles, ce qui montre à quel point l’image de richesse facile est éloignée de la vérité.
Il est essentiel de rappeler que produire du contenu ne demande pas seulement du talent ou de l’imagination, mais aussi un investissement conséquent en temps et en ressources. La création, le tournage, le montage, sans oublier la gestion administrative, fiscale et comptable, font partie d’un processus complexe qui exige beaucoup de rigueur et de persévérance. Beaucoup de ces activités restent invisibles au public, alors qu’elles sont essentielles à la réussite de l’influenceur. Poindre vers un revenu confortable n’est pas impossible, mais cela concerne une petite minorité d’influenceurs qui ont souvent plusieurs années d’expériences et d’efforts derrière eux.
Quels gains pour un créateur de contenu ?
Selon une étude menée par Reech en 2025, la majorité des créateurs de contenu ont un revenu annuel inférieur à 4 000 euros. Plus précisément, 26% d’entre eux n’auraient perçu aucun revenu en 2024, tandis que 21% ont déclaré gagner moins de 1 000 euros par an. Un peu moins d’un cinquième (19%) gagne entre 1 000 et 4 000 euros, tandis que 9% voient leurs gains entre 5 000 et 9 000 euros par an. Les revenus plus élevés, compris entre 10 000 et 19 000 euros, concernent environ 10% des créateurs, alors que 9% touchent entre 20 000 et 50 000 euros annuellement. Enfin, une petite part—6%—déclare dépasser cette dernière somme, avec plus de 50 000 euros.
L’agence d’influence estime que le revenu médian d’un créateur de contenu s’établit autour de 1 600 euros par mois. Ce chiffre traduit une majorité de créateurs, principalement des nano ou micro-influenceurs, qui disposent de moins de 30 000 abonnés. Ces influenceurs de petite envergure peuvent recevoir quelques cadeaux, invitations ou paiements modestes. Toutefois, leur valeur pour les marques demeure significative, notamment grâce à leur taux d’engagement souvent élevé, qui rassure sur leur proximité et leur crédibilité auprès de leur communauté.
Une rémunération fluctuante selon les campagnes
Les revenus d’un influenceur ne sont pas fixes, mais varient en fonction des campagnes. Pour illustrer cette variabilité, Jean-Baptiste Viet, créateur dans le domaine de la tech, expliquait qu’en juillet 2023, il avait gagné 3 200 euros en vendant ses livres, 500 euros pour un placement de produit, et estimait son salaire mensuel brut autour de 1 250 euros grâce à sa chaîne YouTube suivie par plus de 100 000 abonnés. Cette diversité de revenus montre que le métier d’influenceur demande une grande flexibilité.
Comparé à un emploi classique, le salaire d’un influenceur est soumis à beaucoup d’incertitudes. La quantité de campagnes, leur importance, la négociation des contrats, mais aussi l’algorithme des plateformes jouent un rôle déterminant dans la rémunération. Une baisse d’engagement ou une diminution de visibilité peut entraîner une chute immédiate des opportunités et une diminution des revenus. De même, la gestion de cette activité exige un sérieux professionnalisme : conception du contenu, tournage, montage, ainsi que la gestion administrative, fiscale et comptable.
En résumé, vivre de sa passion pour la création de contenu est une possibilité, mais elle reste l’apanage d’une petite élite. La majorité des influenceurs doit conjuguer leur activité en ligne avec d’autres emplois ou activités pour vivre décemment, ce qui montre que derrière la façade du succès se cache souvent un effort long et difficile.
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