L’histoire de Venturi : un symbole français suspendu entre gloire et déclin
Une marque dont le nom reste confidentiel pour le grand public, mais qui évoque pour les passionnés l’une des plus riches périodes de l’automobile transalpine. Crée en 1984 par le designer Gérard Godfroy et l’ingénieur Claude Poiraud, Venturi s’est forgé une réputation solide dans le paysage des voitures sportives made in France, incarnant la sophistication et la performance à la française.
Des modèles emblématiques, intemporels et toujours remarqués
Ces véhicules, conçus avec soin, alliaient une puissance remarquable à un design qui n’a jamais semblé vieillir. Capables de tenir tête aux références mondiales telles que Porsche, Lotus ou Ferrari, les modèles Venturi ont su marquer l’esprit des passionnés par leur style à la fois classique et dynamique, ainsi que par leur performance exceptionnelle. Cependant, malgré cette réussite indéniable, la société a connu, en dépit de tout son potentiel, une période d’instabilité chronique. En moins de deux décennies d’existence, la marque a changé de propriétaires à plusieurs reprises, toujours freinée par un manque de ressources financières suffisantes pour réaliser ses ambitions les plus folles.

Une période de prospérité apparente dans les années 1990
Au début des années 90, après avoir traversé plusieurs changements de dirigeants et accueilli divers investisseurs, Venturi semblait avoir retrouvé une certaine stabilité. La société, proche de la faillite à plusieurs reprises, parvient à se relever grâce à l’apport d’un financier passionné : Didier Primat. Actionnaire riche issu de la famille Schlumberger, cet homme voit dans Venturi une opportunité de faire briller la marque et investit massivement pour la relancer. Avec ses moyens financiers, il projette de faire rayonner la marque dans l’univers de la course automobile et de la performance.
Une descente tragique vers l’abandon
Ce revival sera de courte durée, car le contexte géopolitique, avec notamment la guerre du Golfe, impacte sérieusement la stratégie de Venturi. Plutôt que de rester discret, la société décide d’acquérir l’écurie de Formule 1 Larousse. Ce choix coûteux et risqué met à rude épreuve les finances de la société. Xavier de La Chapelle, le PDG de Venturi, ainsi que Primat, qui tente de combler les déficits, savent que la situation est critique. L’investissement dans la F1 s’avère être un gouffre financier estimé à 200 millions de francs, qui contribue à éloigner encore davantage la marque de ses objectifs initiaux. La famille Schlumberger, excédée par la tournure des événements, décide de se séparer rapidement de Venturi en confiant la gestion à Yann Dalziel, un homme de confiance, dans le but de liquider les actifs de la marque.

Le dernier souffle en 1994 avec la Venturi 300 Atlantique
En 1994, la société change à nouveau de mains lorsque Hubert O’Neil, un investisseur moins passionné par l’automobile mais plus prudent, reprend la firme. Son acquisition se fait pour un peu plus de cinq millions de francs, une somme modique. La marque, alors au bord de l’extinction, n’avait réussi à vendre que quelques voitures l’année précédente. La priorité devient alors de lancer un nouveau modèle ; cependant, avec seulement quatre millions de francs disponibles pour ce développement, ce fut une entreprise minimaliste, à l’échelle de l’industrie automobile en général, qui restait crispée par des enjeux financiers importants.
Une renaissance artistique et technique : la Venturi 300 Atlantique
Sous la houlette d’un nouveau dirigeant, Venturi fait appel à son designer historique, Gérard Godfroy, pour donner un coup de modernité à ses véhicules. Ce dernier propose une nouvelle interprétation du design Venturi, raffinée et moderne. La plateforme technique repose sur celle de la Venturi 400 GT, un modèle apprécié pour sa stabilité et sa performance. En 1998, la 300 Atlantique est équipée d’un moteur V6 atmosphérique développant 210 chevaux pour une utilisation plus classique, puis d’une version suralimentée double turbo produisant 310 chevaux. Ce véhicule, bien que limitée en nombre, est peut-être la plus belle version jamais produite, symbolisant le sommet de la marque dans l’art de la conception automobile.

Lorsque tout semble aller pour le mieux
L’arrivée de la Venturi 300 Atlantique a été accueillie avec enthousiasme par la presse spécialisée comme par les amateurs. La société, malgré ses finances encore fragiles, n’était pas endettée pour la première fois depuis longtemps, ce qui représentait une véritable bouffée d’air frais. Les spécialistes affirmaient généralement que cette nouvelle voiture valait largement une Porsche 911, et que Venturi enfin retrouvait un avenir prometteur. Cependant, cette embellie sera de courte durée, car un événement inattendu viendra bouleverser le destin de la marque : le banquier, principal soutien financier, décide brusquement de se retirer, mettant un terme aux espoirs d’une relance pérenne.

Les véhicules de collection : un rêve de passionnés
Finalement, Venturi dépose le bilan à nouveau, comme cela s’est déjà produit dans le passé. La marque, vendue à un investisseur thailandais, ne survivra pas longtemps, et la production totale de la mythique Venturi 300 ne dépassera jamais une douzaine d’exemplaires. En 2000, un nouvel intervenant, Gildo Pastor, un héritier monégasque fortuné, reprend la société dans l’espoir de relancer l’aventure. Très rapidement, on évoque une reprise partielle du modelé 300 à Nice pour honorer des commandes encore en cours, mais cette promesse ne sera jamais tenue. La société Venturi pivote alors vers la production de véhicules exclusivement électriques, marquant une transformation radicale de son identité. La légendaire 300 Atlantique, quant à elle, n’a jamais connu de duel face aux marques prestigieuses telles que Porsche ou Ferrari, son hémorragie financière l’ayant hélas définitivement absoute de tout espoir de compétition commerciale.
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