Le Côté Occulte du Vendredi 13 : Entre Croyances et Réalités
Les événements tragiques liés à un vendredi 13
Depuis des siècles, le vendredi 13 est associé à une série d’incidents et d’accidents majeurs, alimentant ainsi les superstitions qui entourent cette date. Parmi ces événements, on peut citer la chute des Templiers lors de leur arrestation en 1307, qui a marqué l’histoire médiévale. Plus récemment, des catastrophes telles que le crash d’Uruguay Airlines ou le naufrage du mythique Costa Concordia ont également eu lieu un vendredi 13. La mort du rappeur Tupac Shakur, un des artistes emblématiques du hip-hop, s’est aussi produite un de ces jours fatidiques. Au fil du temps, d’autres événements douloureux, comme les attentats terroristes de novembre 2015 à Paris, ont confirmé cette réputation sombre.Cela explique pourquoi de nombreuses personnes évitent cette date au point de craindre le vendredi 13. On parle même d’un terme spécifique pour désigner ceux qui sont profondément superstitieux face à cette journée : les paraskevidékatriaphobes. Ce mot complexe, qui trouve ses racines dans le grec ancien, désigne la peur irrationnelle du vendredi 13. La composante du terme reflète le grec « paraskeví » signifiant vendredi, la racine « déka » pour dix, « tría » pour trois, et « phobos » qui signifie peur. La superstition autour du chiffre 13, considéré comme maléfique dans de nombreux pays, alimente cette crainte particulière pour ce jour précis, surtout dans la tradition chrétienne. La croyance repose notamment sur l’histoire de Judas Iscariot, le 13ème apôtre à la Cène, qui aurait trahi Jésus, conduisant à sa crucifixion un vendredi. Aujourd’hui encore, environ un Français sur cinq évite de faire certaines choses ou de parler de cette date, convaincu qu’elle porte malheur. Selon une enquête menée en 2022, cette crainte persiste chez une partie importante de la population, renforçant ainsi la légende noire du vendredi 13.
Le mystère de la chambre 13 : un symbole étrangement évité
Malgré l’aspect souvent irrational de ces superstitions, leurs conséquences se font elles aussi ressentir concrètement dans notre vie quotidienne. En Occident, il est courant d’exclure le chiffre 13 de quelque chose, comme en témoigne le fait que dans certains grands monuments, il n’y a pas de 13ème étage. Par exemple, à Londres, la grande roue connue sous le nom de London Eye ne comporte pas de cabine numéro 13. De même, dans l’immobilier, les habitations portant le numéro 13 sont souvent moins recherchées ou vendues à des prix plus faibles. La superstition ne se limite pas aux bâtiments : aux États-Unis, il est fréquent que les gratte-ciel n’aient pas de 13e étage, optant directement pour le 14. Même principe pour les hôpitaux, où les chambres numérotées 13 sont souvent évitées ou remplacées par des numéros adjacents. En France, cette pratique est également courante dans certains hôtels. Christophe Thiriet, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie en Moselle, indique qu’il est aujourd’hui presque impossible pour un hôtel de donner sa chambre numéro 13 à un client, car celui-ci pourrait refuser ou considérer cette assignation comme désagréable. La peur du chiffre 13 influence donc bien des aspects du quotidien, allant jusqu’à modifier la numérotation des établissements ou des immeubles.
Une superstition qui influence aussi le ciel
La méfiance à l’égard du chiffre 13 ne se limite pas à la terre ferme ou aux bâtiments : elle s’étend aussi à l’aviation. De nombreuses compagnies aériennes, notamment Air France, Ryanair ou Lufthansa, ont renoncé à désigner la rangée numéro 13 dans leurs avions, privilégiant une numérotation sans cette référence porte-malheur. La superstition semble si répandue que certains évitent même le chiffre 17, considéré comme un nombre maléfique dans plusieurs cultures, notamment en Italie où il est associé à la mort et à la malchance. La peur ou la méfiance liées au chiffre 13 s’expriment aussi dans d’autres secteurs où le symbolisme du nombre joue un rôle, en influençant la perception des voyageurs et la conception même des espaces. La croyance en la puissance du chiffre 13 continue donc à façonner nos comportements et nos choix, qu’ils soient aussi banals que la numérotation d’un vol ou aussi symboliques qu’un rite de passage.
Faire face à la superstition : entre peur et opportunité
Face à une réputation aussi sombre, certains préfèrent éviter toute confrontation avec le chiffre 13. Beaucoup refusent d’acheter une maison portant ce numéro, ou d’organiser une opération chirurgicale un vendredi 13 par crainte de malheur. Néanmoins, d’autres ont adopté une approche plus positive, transformant cette journée en une opportunité pour réaliser de bonnes affaires. Selon des études menées par le comparateur de vols Kayak, le vendredi 13 est généralement associé à des prix plus attractifs pour les billets d’avion, alors que le volume de recherches demeure stable, voire en légère hausse. Par exemple, un vol prévu un vendredi 13 en juin pourrait revenir en moyenne à 294 euros, ce qui représente une réduction d’environ 16 % par rapport à un autre jour de la semaine. Bien que le tarif variera selon l’heure et la demande, cette tendance montre que certains exploitent la superstition à leur avantage. Un autre phénomène original venu des États-Unis est le « Black Friday du tatouage » : cette tradition, lancée par le tatoueur texan Oliver Peck, consiste à réaliser en masse des tatouages à tarifs réduits. Depuis, elle s’est répandue en France et dans d’autres pays, avec pour objectif de dédramatiser la signification du chiffre 13 et de le transformer en symbole positif. Selon Dominique Desjeux, spécialiste des croyances et rites, cette pratique s’inscrit dans des rituels anciens qui visent à transmuter le mauvais en bon, à force d’inversion symbolique. Le vendredi 13 apparaît ainsi comme une journée où la chance peut aussi se manifester, notamment parce que de nombreux jeux de hasard voient leur popularité s’accroître à cette période. La Française des Jeux, par exemple, organise chaque vendredi 13 un Super Loto doté d’un jackpot exceptionnel de 13 millions d’euros, ce qui pousse certains à croire à une chance inespérée. Avec une cagnotte record de 250 millions d’euros à l’EuroMillions qui sera remise en jeu ce jour-là, cette date devient aussi l’occasion de tenter sa chance pour espérer décrocher le gros lot.
En somme, le vendredi 13 occupe une place ambiguë dans nos croyances : tour à tour porteur de malheur ou d’opportunités, il illustre parfaitement la dualité entre la peur irrationnelle et la capacité humaine à transformer le mauvais en bon, selon la manière dont on choisit de l’aborder.
