Une prothèse rétinienne aide à retrouver la vue face à la dégénérescence maculaire liée à l’âge

Sophie Lambert

Les avancées possibles dans le traitement de la DMLA, notamment pour la forme sèche

Actuellement, les options thérapeutiques disponibles permettent principalement de freiner la progression de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) lorsqu’elle prend la forme humide. En revanche, pour la forme dite « sèche » ou atrophique, aucune solution n’a encore été trouvée. Cette dernière se caractérise par une destruction progressive des cellules responsables de la perception de la lumière, appelées photorécepteurs, qui jouent un rôle crucial dans la transmission des images au cerveau. La perte de ces cellules entraîne une détérioration irréversible de la vision centrale, laissant les patients avec des limitations significatives dans leur autonomie visuelle. La recherche est donc activement orientée vers la mise au point de traitements capables d’intervenir efficacement sur cette forme plus insidieuse.

Cependant, récemment, des chercheurs du monde entier, dont plusieurs issus de la recherche française, ont développé une nouvelle approche prometteuse baptisée Prima. Ce dispositif innovant associe une micro-puce photovoltaïque miniature, mesurant seulement 2 mm sur 2 mm et d’une épaisseur de 30 microns, à une paire de lunettes à réalité augmentée. Ces lunettes intègrent une caméra qui capte l’environnement, tandis qu’un petit ordinateur portable traite en temps réel les images capturées afin de les améliorer pour l’utilisateur.

Fonctionnement de la technologie Prima : une innovation en phase de test

Le processus commence lorsque les lunettes filment la scène environnante. Les images sont immédiatement envoyées à l’ordinateur portable où un algorithme spécifique intervient pour optimiser leur rendu. Mettre en valeur certains détails, accentuer le contraste ou augmenter la luminosité sont quelques-unes des manipulations possibles pour rendre la vue plus claire aux yeux du patient. Ces images enrichies sont ensuite transmises par infrarouge à l’implant situé sous la rétine, qui stimule directement les cellules nerveuses responsables de la vision. Ce dernier utilise l’énergie fournie par un faisceau infrarouge pour fonctionner, éliminant ainsi le besoin de batteries classiques, puisqu’il est alimenté sans fil.

Ce procédé complexe permet alors de projeter des images améliorées sur la rétine, facilitant la perception visuelle par la personne concernée. En utilisant une combinaison d’intelligence artificielle, de micro-technologies et de dispositifs optiques, cette solution propose une nouvelle voie pour restaurer la vue, notamment à ceux dont la vision centrale a été gravement détériorée.

Les résultats encourageants d’études cliniques

Une étude menée avec rigueur a impliqué 38 patients répartis dans cinq pays européens. Les résultats obtenus après une année d’utilisation de la technologie Prima sont largement en faveur de cette approche expérimentale. La majorité des participants, soit 81%, ont réussi à lire au moins 10 lettres supplémentaires sur une grille de test visuel. De plus, environ 84% des patients ont pu déchiffrer des lettres, des chiffres et même des mots lors des tests, ce qui constitue une avancée notable dans la restauration de la capacité de lecture.

Le professeur José-Alain Sahel, un expert reconnu dans ce domaine, a souligné l’importance de cette innovation : « C’est la première fois qu’un dispositif permet à des patients ayant perdu leur vision centrale de réapprendre à lire, que ce soit des mots ou des phrases, tout en conservant leur vision périphérique. » Ces déclarations témoignent du potentiel transformateur de cette technologie pour les personnes atteintes de formes avancées de DMLA.

Il est également important de considérer les effets secondaires observés au cours de l’étude. Chez certains patients, notamment, une pression accrue dans l’œil a été relevée, symptôme connu sous le nom d’hypertension oculaire. Toutefois, le plus souvent, ces effets secondaires ont été rapidement résolus. La communauté médicale insiste néanmoins sur le fait que, dans l’ensemble, les bénéfices apportés par cette méthode surpassent largement les risques, apportant une réelle espérance pour des patients qui, jusqu’à présent, n’avaient que peu de solutions pour préserver ou restaurer leur vision centrale.

Les chercheurs, issus d’institutions renommées telles que l’Inserm, l’Institut de la vision, ou encore l’Université de Pittsburgh, réaffirment leur engagement à suivre de près ces développements pour optimiser cette technologie et envisager sa généralisation future.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.