Une nouvelle saison artistique à Strasbourg au Maillon avec des artistes de renom et des talents émergents

Sophie Lambert

Le Théâtre Le Maillon à Strasbourg : une scène innovante au service de la culture

Sous la direction de Barbara Engelhardt, Le Maillon, la salle de spectacle située à Strasbourg, continue de se démarquer au sein du paysage culturel régional du Grand Est. La saison 2025/26, qui s’étale sur deux semestres, adopte un rythme qui correspond mieux aux nouvelles habitudes et attentes des spectateurs, notamment après les turbulences engendrées par la pandémie de Covid-19. Selon la directrice, cette organisation permet de mieux s’aligner sur les pratiques artistiques contemporaines, tout en facilitant la création et la diffusion des œuvres dans un contexte de modèles de production en constante évolution. La maison conserve ainsi son esprit d’avant-gardisme, en proposant des œuvres esthétiquement audacieuses, en favorisant des débats ouverts, et en invitant des publics très variés à découvrir des expériences artistiques innovantes.

Une programmation riche et éclectique, entre paysages, festivals et temps forts

L’identité du Maillon se manifeste notamment à travers sa programmation transdisciplinaire, qui privilégie l’expérimentation et la variété des formes artistiques. L’objectif est de mettre en avant tant des figures établies que des jeunes talents encore émergents, en trouvant un équilibre subtil entre différents formats. Parmi ces approches, le concept de « paysage » fait référence à une exploration en profondeur de l’univers d’un artiste, comme cette saison avec la présentation de François Gremaud, créateur suisse. Performeur, metteur en scène et auteur de théâtre de recherche, Gremaud incarne cette démarche de recherche, d’émerveillement et d’étonnement, invitant le public à une traversée des formes artistiques.

Par ailleurs, l’organisation programme aussi des rencontres, des débats et des spectacles centrés sur des enjeux fondamentaux tels que la démocratie en crise. La saison vit également avec ses moments phares, notamment le festival européen Premières, lancé le 29 janvier pour ouvrir le second semestre. Ce dernier constitue une vitrine importante pour la scène émergente du continent, en proposant des créations inédites et audacieuses.

Une saison structurée autour de l’écriture et du dialogue entre scènes, mondes et supports

Doté d’un budget stable de 3,4 millions d’euros, principalement financé par la municipalité de Strasbourg, Le Maillon démarre sa nouvelle année culturelle par des collaborations étroites avec le festival Musica. La saison débute avec des spectacles conçus en partenariat avec cet événement musical, offrant un bel éventail d’expériences artistiques. Le retour d’Alexander Schubert avec sa pièce « Eternal Dawn » constitue l’un des moments forts, tout comme la participation de Joris Lacoste proposant « Nexus de l’adoration », une œuvre à forte coloration musicale créée lors du festival d’Avignon. La saison présente également des travaux de créateurs comme François Chaignaud, Nina Laisné et Nadia Larcher, qui présentent ensemble « Ultimo Helecho », une coproduction du Maillon.

L’axe central de la programmation repose sur l’écriture, qu’elle soit dramatique, circassienne ou chorégraphique. Le fil conducteur consiste à explorer le réel tout en conservant une dimension poétique, à travers des créations qui se jouent des frontières entre différentes formes artistiques. La saison se veut une invitation à voir, entendre et ressentir ces œuvres dans leurs moments d’intimité, favorisant des rencontres authentiques entre artistes et spectateurs, dans un espace où les échanges sont privilégiés.

Entre danse, cirque, poésie et confrontation avec le réel

L’automne voit également le retour d’un célèbre directeur de festival, Tiago Rodrigues, qui présente au Maillon sa pièce « La Distance ». La scène propose aussi des performances puissantes et visuellement frappantes, comme « The Brotherhood » de Carolina Bianchi Y Cara de Cavalo, qui revient sur scène dans le cadre du Wacken. À travers cette œuvre, la chorégraphe brésilienne continue sa critique de la domination masculine dans les arts et le théâtre, poursuivant une trilogie engagée sur la place des femmes face aux hommes. Le Maillon coproduit également « Herkül », création du Strasbourgeois Cyril Balny, qui s’inscrit dans une thématique de répetitions et de résilience. La danse n’est pas en reste avec Tabea Martin, chorégraphe qui s’intéresse à nos dépendances affectives, comme dans son spectacle « Love Scenes », une œuvre introspective et sensible.

Le théâtre clownesque et la scène circassienne sont également à l’honneur, notamment avec « Circus Remake » de la talentueuse Maroussia Diaz Verbèke. Ce spectacle familial aborde la transmission, la mémoire et la fabrication de soi à travers la pratique circassienne, offrant un moment divertissant tout en invitant à la réflexion. La saison s’achève en beauté avec une programmation où la diversité des langages artistiques, la confrontation entre visions poétiques et réalités du quotidien, se mêlent pour offrir un riche dialogue entre artistes et spectateurs.

Les prochaines présentations de saison sont prévues les 9, 12 et 18 septembre, à partir de 19h30, dans les locaux du Maillon à Strasbourg, où une large sélection de spectacles sera proposée. La billetterie est accessible via leur site internet, permettant à chacun de découvrir et de réserver ses places pour cette aventure artistique variée et engagée.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.