Journée mondiale 2025 : renforcer la lutte contre l’hépatite virale par un dépistage accru
À l’occasion de la célébration de la Journée mondiale contre l’hépatite en 2025, le 28 juillet, l’Agence européenne pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) souligne dans un communiqué la nécessité impérieuse d’améliorer les stratégies de dépistage des infections à hépatite virale. Selon les chiffres rapportés, près de 3,2 millions de personnes vivent avec une hépatite chronique de type B, tandis que 1,8 million sont porteuses d’une infection chronique par le virus de l’hépatite C dans l’Union européenne et l’Espace économique européen, représentant globalement près de cinq millions de personnes concernées.
Malgré ces chiffres alarmants, une grande majorité des patients infectés restent non diagnostiqués. En effet, on estime que 65 % des personnes atteintes par l’hépatite B ignorent leur état, tout comme 62 % des porteurs du virus de l’hépatite C. Ces sous-diagnostiques ont des conséquences directes, car ils empêchent toute initiation à une prise en charge thérapeutique. Ces virus constituent, devant la consommation excessive d’alcool et la stéatose hépatique non alcoolique, les causes principales de cirrhose et de cancer du foie.
Une mortalité mondiale en hausse
D’après un rapport publié en 2024 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de décès attribuables à l’hépatite virale ne cesse d’augmenter. La maladie se positionne comme la deuxième cause de mortalité liée à une infection dans le monde, enregistrant chaque année 1,3 million de décès. Cela équivaut à la mortalité provoquée par la tuberculose, une autre affection infectieuse redoutable. En France, des estimations issues de l’Institut Pasteur, relayées par le journal The Lancet, indiquent que quelque 143 000 personnes vivent avec une infection chronique par le virus de l’hépatite B. Pour ce qui est de l’hépatite C, on recense environ 134 000 cas de portage chronique, tandis que chaque année, environ 4 000 nouveaux cas sont déclarés, toujours selon la même source.
Ces chiffres mettent en évidence l’importance d’adresser la question de la dépistage et de la prévention, pour limiter la propagation de ces pathologies graves qui peuvent passer inaperçues pendant des années.
Des maladies silencieuses et évolutives
« À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, il est essentiel de souligner l’urgence d’intensifier les efforts de prévention et de maîtrise de cette maladie virale », déclare Marieke van der Werf, responsable des infections sexuellement transmissibles, Virus transmissibles par le sang et Tuberculose à l’ECDC. Les hépatites chroniques, principalement dues aux virus de type B ou C, évoluent souvent sans symptômes apparents pendant de longues années. Pourtant, cette inflammation chronique du foie peut, à terme, conduire à des complications graves, telles que la cirrhose ou l’apparition d’un carcinome hépatocellulaire.
En Europe, la vaccination contre l’hépatite B chez les enfants, mise en place depuis 2018 dans de nombreux pays, a permis de réduire significativement la prévalence de la maladie. Contrairement à l’hépatite B, il n’existe pas encore de vaccin contre l’hépatite C. Par ailleurs, les programmes de prévention visant à réduire la transmission materno-fœtale ont aussi contribué à diminuer la diffusion de l’infection. Cependant, des signaux d’alerte restent présents, notamment avec l’augmentation récente du nombre de cas d’hépatite B aiguë signalés dans certaines zones, une situation qui pourrait refléter une augmentation de la transmission et qui souligne la nécessité de maintenir des stratégies de prévention efficaces et globales.
La nécessité d’un dépistage précoce pour mieux agir
Les objectifs fixés par les Nations unies pour 2030 visent à dépister 90 % des personnes infectées par les hépatites B et C, à traiter 80 % de celles qui peuvent bénéficier d’un traitement, tout en réduisant de 90 % le nombre de nouvelles infections et de 65 % la mortalité associée. Cependant, dans l’Union européenne, ces ambitions ne sont pas encore totalement atteintes. L’ECDC déplore que de nombreuses personnes infectées ne soient pas encore diagnostiquées, ce qui freine également la baisse des décès liés à cette maladie. La mortalité par cancer du foie continue, de plus, à progresser.
Les recommandations sanitaires insistent donc sur l’importance d’améliorer l’accès au dépistage, à la vaccination (notamment chez les nourrissons, à l’image de la vaccination obligatoire en France depuis 2018 contre l’hépatite B), ainsi qu’à une prise en charge adaptée. La réduction des risques chez les personnes qui consomment des drogues par injection reste également une priorité, afin de limiter la transmission des virus. Il est crucial de poursuivre ces efforts pour freiner cette épidémie silencieuse et ses conséquences dévastatrices.
Il apparaît donc clairement que, malgré les avancées, la lutte contre l’hépatite virale doit continuer d’être renforcée, en particulier par des stratégies de dépistage plus larges et accessibles, pour sauver des vies et prévenir des complications graves. La transparence, la prévention, la vaccination et l’accès rapide aux soins restent les clés pour inverser la tendance dans un contexte mondial marqué par une mortalité en hausse.