Un traitement sonore peut réduire l’inconfort des acouphènes

Sophie Lambert

Comprendre et Apprendre à Vivre avec les Acouphènes : Un Défi Quotidien

Une proportion significative de la population française, estimée à un Français sur quatre, est confrontée aux acouphènes. Ces gênants symptômes, souvent décrits comme un bourdonnement, un sifflement ou un tintement qui ne cesse jamais, ne constituent pas une maladie en tant que telle, mais plutôt un signal d’alerte de l’organisme. La majorité des cas, soit environ 90 %, est liée à une dégradation de l’audition, une perte qui limite la capacité à percevoir les sons extérieurs. Ce déclin auditif a pour effet de réduire la stimulation sonore dans l’environnement, laissant alors une place plus grande aux bruits parasites perçus comme les acouphènes, qui peuvent devenir si envahissants qu’ils gâchent la qualité de vie de ceux qui en souffrent.

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Savoir s’adapter et vivre avec ces bruits persistants

Dans la majorité des situations, il faut accepter que les acouphènes ne disparaissent pas complètement. L’enjeu principal n’est pas tant de les faire cesser que de trouver des moyens pour qu’ils soient mieux tolérés. La stratégie consiste alors à les insérer dans un environnement sonore plus riche, afin de réduire leur caractère envahissant. Pour illustrer cette idée, on peut comparer la situation à un violon qui joue seul dans une pièce vide et stridente. Lorsqu’on ajoute un orchestre à la scène, ce même violon devient moins perçant, moins gênant. C’est le fondement même de ce que l’on nomme la thérapie sonore : l’introduction de sons complémentaires visant à diminuer l’impact des acouphènes.

Oticon, une entreprise reconnue pour ses innovations dans le domaine de l’audition, a intégré cette approche dans sa technologie appelée Tinnitus SoundSupport. Intégrée dans ses aides auditives, cette fonction diffuse des sons neutres, volontairement dépourvus de charge émotionnelle, qui viennent entourer l’acouphène plutôt que de le masquer brutalement. Les résultats d’une étude récente sont encourageants : chez des utilisateurs équipés de cette technologie, la perception des acouphènes a diminué en moyenne de 47 %. Cela concerne aussi bien les nouveaux utilisateurs que ceux qui se familiarisent depuis longtemps avec cette aide. En termes simples, cela signifie que la gêne engendrée par les acouphènes est considérablement atténuée, presque divisée par deux.

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La mesure d’un soulagement personnalisé

Au-delà de la simple mise en œuvre technologique, la prise en charge des acouphènes doit s’adapter à chaque individu. En effet, la manière dont chaque personne ressent ces bruits persistants, ainsi que l’impact qu’ils ont sur son quotidien, varie considérablement en fonction de ses habitudes et de sa sensibilité. Par conséquent, le traitement le plus efficace doit être personnalisé. Les sons, les techniques et les exercices qui apaisent un patient ne sont pas forcément efficaces pour un autre.

Pour cela, Oticon propose l’application Oticon Companion, permettant aux utilisateurs de moduler eux-mêmes le volume et la nature des sons apaisants en fonction de leur ressenti. Les audioprothésistes disposent également d’un ensemble d’outils, tels que des guides, des checklists ou des modules de conseil, pour personnaliser au mieux l’accompagnement de chaque patient.

La compréhension des acouphènes reste encore fragile, souvent minimisée par certains, mais cette avancée technologique et humaine offre un espoir réel : celui de retrouver un semblant de silence intérieur, tout en restant connecté au monde qui nous entoure. La recherche et l’innovation en la matière ouvrent la voie à une meilleure qualité de vie pour ceux qui doivent composer avec ces sons invisibles mais perturbants.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.