Les Résultats du Front contre les ZFE : une majorité de Français s’oppose à leur maintien
Les défenseurs de la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) ont réussi à faire triompher leur cause à l’Assemblée nationale, où la mesure visant à abolir le dispositif des ZFE a été adoptée. Cependant, une enquête récente menée par l’Ifop, à la demande de la Fédération française des motards en colère ainsi que du mouvement des #Gueux, révèle que la majorité des citoyens français se montre défavorable à ce dispositif. En effet, ce sondage indique que l’opinion publique s’est largement retournée contre ces restrictions, en particulier depuis leur déploiement début juillet 2019 à Paris, sous le soutien de l’État.
Selon cette étude, réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 participants représentatifs de la population nationale, 78 % des personnes interrogées souhaiteraient que les ZFE soient suspendues afin de laisser le marché automobile se renouveler plus naturellement. La majorité des sondés, soit près de neuf Français sur dix, sont désormais conscients que ces zones interdisent la circulation de certains véhicules, notamment les plus anciens ou les plus polluants.
Les populations à faibles revenus particulièrement affectées
Ce qui ressort clairement de cette étude, c’est que cette opposition dépasse le simple constat de restriction. De plus en plus d’individus sont informés des effets nuisibles de ces zones, notamment sur les classes sociales les plus démunies. En effet, plus de 60 % des Français préfèrent voir ces mesures annulées, en raison des obstacles qu’elles constituent pour les ménages aux ressources limitées, qui rencontrent davantage de difficultés pour accéder aux centres-villes ou aux zones d’activité. La restriction des véhicules est perçue comme une barrière supplémentaire à la mobilité pour ceux qui possèdent des voitures anciennes ou qui résident en périphérie urbaine, souvent éloignés des réseaux de transports en commun.
Charlotte Liotta, économiste spécialiste de l’environnement à l’Université autonome de Barcelone, a expliqué dans un entretien au Dauphiné Libéré les répercussions de ces mesures sur les populations précaires : « Les plus défavorisés sont en première ligne, car ils ont généralement des véhicules plus anciens et moins économes en carburant, et vivent souvent à une distance considérable de leur lieu de travail ou des transports en commun. » Elle ajoute que ses travaux ont montré que ce processus impacte surtout les employés et les ouvriers, qui se voient souvent retirer des opportunités professionnelles à cause de leur insécurité d’accès au centre-ville.
Plus de 2,4 millions de véhicules concernés par les ZFE
Selon les données de Roole Data, spécialiste en statistiques automobiles, plus de 2,4 millions de véhicules en France sont aujourd’hui interdits de circulation dans diverses zones urbaines à cause des ZFE. La majorité de ces véhicules sont immobilisés dans les plus grandes métropoles : à Paris, ce chiffre s’élève à environ 1,46 million, représentant près de 25 % du parc automobile local. Lyon, avec 303 000 véhicules concernés, et Montpellier, avec plus de 125 000 véhicules, enregistrent également des proportions significatives, tout comme Grenoble, qui compte environ 105 000 véhicules interdits, ce qui représente près de 26 % de leur parc.
Néanmoins, la suppression progressive des ZFE pourrait entraîner un retour massif de véhicules polluants en circulation dans ces zones métropolitaines. Par exemple, à Grenoble, où la zone de restriction a été instaurée depuis le début de l’année 2025, les premiers résultats sont encourageants selon Gladys Mary, porte-parole de l’observatoire de la qualité de l’air : « La concentration de dioxyde d’azote, principale pollution que nous surveillons, a diminué de 10 % supplémentaire grâce à ce renouvellement accéléré des véhicules anciens. » Cette tendance positive montre que la levée des restrictions pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’air.
Les effets néfastes de la pollution atmosphérique sur la santé publique restent préoccupants : selon les dernières estimations de Santé publique France, chaque année, environ 40 000 décès sont attribuables à l’exposition aux particules fines. La pollution peut également réduire l’espérance de vie en moyenne de huit mois pour les personnes à partir de 30 ans.