Une réduction significative du risque de rechute après chirurgie du cancer colorectal grâce à une faible dose d’aspirine
Une nouvelle étude indique qu’une petite quantité d’aspirine pourrait diviser par deux les chances de voir un cancer du côlon revenir après une intervention chirurgicale. Cette avancée est particulièrement encourageante compte tenu de la fréquence de ce type de cancer dans le monde entier. En France, chaque année, près de 50 000 nouveaux cas sont détectés, tandis qu’à l’échelle mondiale, cette maladie touche environ deux millions de personnes. Parmi ces patients, entre 20 et 40 % développent des métastases, ce qui complique considérablement leur traitement et leur pronostic. Le cancer du côlon occupe la seconde place parmi les causes de décès par cancer, avec près d’un million de décès recensés en 2020.
Une confirmation par des études observationnelles
Selon une publication parue dans le journal « The New England Journal of Medicine », la prise d’une dose modérée d’aspirine pourrait jouer un rôle protecteur contre la réapparition d’un cancer colorectal, notamment chez les patients dont la tumeur présente une mutation spécifique de la voie de signalisation PIK3. Cette mutation est retrouvée chez environ 40 % des personnes atteintes. Les gènes impliqués sont essentiels pour la régulation de processus fondamentaux tels que la croissance cellulaire ou leur division. Des recherches antérieures de type observationnel avaient déjà suggéré que l’aspirine pouvait diminuer le risque de certains cancers, mais aucune étude clinique rigoureuse n’avait été menée pour confirmer cette hypothèse. Il est à rappeler que l’aspirine fait partie des médicaments les plus couramment prescrits dans le monde. Sa gamme d’actions thérapeutiques est large : soulagement de la douleur (antalgique), réduction de la fièvre (antipyrétique), atténuation de l’inflammation, et la prévention de la formation de caillots sanguins grâce à ses propriétés anti-agrégantes plaquettaires.
Une baisse de 55 % du risque de récidive grâce à une simple dose d’aspirine
L’étude a porté sur un groupe de 3 500 patients traités pour un cancer du côlon ou du rectum, suivis dans plusieurs établissements hospitaliers situés en Scandinavie, notamment en Suède, en Norvège, au Danemark et en Finlande. Ces patients ont reçu quotidiennement, pendant trois années consécutives, soit une dose d’aspirine de 160 mg, soit un placebo. Les résultats ont montré que ceux qui portaient la mutation PIK3 et qui prenaient de l’aspirine avaient leur risque de retourner la maladie réduit de 55 %, comparé à ceux présentant la même mutation mais n’ayant pas reçu de médicament actif. Anna Martling, professeure au département de médecine moléculaire et chirurgie de l’Institut Karolinska, en Suède, qui a dirigé cette recherche, explique que cette utilisation de l’aspirine dans un contexte de médecine personnalisée est une première. Elle souligne que cet exemple démontre comment une information génétique peut aider à adapter les traitements, tout en permettant de faire des économies et de diminuer la souffrance des patients.
Un traitement abordable, simple, et accessible dans le monde entier
Les chercheurs avancent que ce succès pourrait s’expliquer par plusieurs mécanismes, notamment la capacité de l’aspirine à réduire l’inflammation, à inhiber l’agrégation plaquettaire, mais aussi à freiner la croissance tumorale. Anna Martling précise que, même si tous les mécanismes moléculaires impliqués ne sont pas encore complètement compris, ces résultats soutiennent fortement la thèse selon laquelle l’aspirine agirait sur des voies biologiques clés. Elle ajoute que ce traitement pourrait être particulièrement efficace pour un sous-groupe précis de patients, ceux qui possèdent certaines caractéristiques génétiques. La simplicité d’utilisation et le coût modique de l’aspirine, en comparaison avec de nombreux médicaments anticancéreux, en font une option très prometteuse pour améliorer la prise en charge de millions de patients à travers le monde. La facilité d’accès à ce médicament, largement disponible et peu onéreux, serait un atout majeur dans la lutte contre ce cancer majeur.