Comprendre le concept de travail sur l’ombre selon Jung et ses bénéfices
L’idée de ce que l’on appelle le « shadow work » trouve ses racines dans la théorie du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, qui a introduit cette notion au début du XXe siècle. En tant que père de la psychologie analytique, Jung nous incitait à explorer une facette souvent négligée de nous-mêmes, qu’il désignait comme notre « moi-fantôme ». Il s’agissait pour lui d’aller à la rencontre de cette part sombre de notre personnalité, souvent associée à des traits négatifs ou même morbidement sinistres, et que nous tendons à dissimuler dans notre vie quotidienne.
Selon ce penseur, ces zones de notre psyché ne devraient pas être perçues comme étant intrinsèquement effrayantes ou honteuses. Au contraire, Jung considérait que les reconnaître et les accepter peut ouvrir la voie à une meilleure compréhension de nous-mêmes. Le travail intérieur consiste alors à dévoiler ces aspects enfouis pour mieux les intégrer, évitant ainsi qu’ils n’agissent de façon inconsciente, bien souvent à notre insu. Il estimait que cette démarche n’était pas uniquement bénéfique, mais essentielle pour une démarche de croissance personnelle équilibrée.
Quel est l’objectif de cette démarche ?
Pour Natacha Duke, psychologue travaillant au sein du centre médical de la Cleveland Clinic à Toronto, le processus de travail avec l’ombre permet de mieux saisir comment nous traitons nos émotions, mais aussi de comprendre comment nous nous perçoivons, ainsi que le regard que nous posons sur le monde qui nous entoure. Elle insiste sur le fait que les aspects que l’on choisit d’occulter ne sont ni bons ni mauvais en soi : ils font simplement partie intégrante de notre identité. En allant à la rencontre de notre ombre, nous obtenons des clés pour mieux comprendre notre fonctionnement intime.
La spécialiste souligne également que la plupart de ces zones d’ombre puisent leurs origines dans l’enfance. Lorsqu’on nous rappelle que certains traits en nous sont considérés comme déviants ou indésirables, ou que certains aspects de notre personnalité ne méritent pas d’être aimés, cela peut créer en nous des séquelles durables. Au fil des années, cette étiquette négative peut générer des comportements de refoulement ou des émotions difficiles à contrôler, devenant ainsi un axe central dans la construction de notre identité.
Selon Natacha Duke, le véritable objectif de ce travail introspectif est de mettre en lumière la racine de nos réactions émotionnelles fortes. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître ces mécanismes, mais également de s’accepter soi-même dans toutes ses dimensions, y compris celles qui sont empreintes de honte ou de culpabilité, souvent inutiles. Ce processus peut être initié seul, mais il est généralement conseillé de le faire sous la supervision d’un thérapeute, qu’il soit psychiatre, psychologue ou psychothérapeute clinique, pour guider la démarche avec bienveillance.
Quels sont les principaux bénéfices ?
Selon Natacha Duke, le travail sur l’ombre offre une multitude d’avantages qui peuvent transformer la relation que l’on entretient avec soi-même et avec autrui. Parmi les principaux bénéfices, elle cite une estime de soi renforcée, une meilleure acceptation de ses propres imperfections, et un sentiment accru d’harmonie intérieure. La capacité à maintenir des relations plus authentiques et moins façonnées par des blocages ou des jugements négatifs constitue également un point fort de cette démarche.
De plus, cette introspection permet à celui qui l’entreprend de faire face plus sereinement à ses regrets, tout en se libérant des discours négatifs qui s’établissent dans l’esprit. La conscience accrue de ses mécanismes de défense et des parts d’ombre qui y sont liées facilite aussi la capacité à se comporter de manière plus affirmée, plus équilibrée, face aux défis de la vie quotidienne.
En définitive, Natacha Duke considère que ce type de travail constitue une étape importante pour amorcer un processus thérapeutique plus approfondi. En comprenant d’où viennent ces réponses émotionnelles et en apprenant à dialoguer avec ces zones enfouies en nous, il devient possible de poser les premières pierres d’un chemin vers une meilleure connaissance de soi, tout en renforçant notre bien-être mental et émotionnel.
Santé
Shadow work : comment travailler sur ses émotions pour améliorer son estime de soi