Scarlett Johansson réalise son premier film, Eleanor The Great, une œuvre émouvante

Sophie Lambert

<élargissement de l'amour artistique>

Eleanor raconte une histoire d’amour passionnelle. Ce n’est pas une histoire d’amour entre deux personnages à l’écran, mais plutôt cette admiration rayonnante qui unit une jeune réalisatrice prometteuse, Scarlett Johansson, à son actrice centenaire, June Squibb. Lors de l’ouverture du film au Festival de Cannes, où Eleanor The Great a été présenté en avant-première, la scène a été marquée par une standing ovation de plus de quinze minutes et une présence sur le tapis rouge où les deux femmes ne se quittaient pas. Main dans la main, elles échangeaient des regards complices, leur affection semblait évidente, sincère et pleine d’authenticité.

À l’âge impressionnant de 96 ans, June Squibb brille de mille feux dans ce premier long métrage de Scarlett Johansson. Son rôle est à la fois tendre, émouvant et d’une beauté saisissante. Elle incarne ce personnage d’une très vieille dame, radieuse, douce et chaleureuse, qui revendique la mémoire de l’Holocauste, une expérience qu’elle n’a pourtant pas vécue personnellement. En tant que survivante de l’amie disparue dont elle porte le témoignage, elle ressent le devoir de transmettre cette mémoire, afin que l’histoire ne sombre jamais dans l’oubli, en particulier celles liées à la Shoah. Dès le début, le film soulève une interrogation : s’agit-il d’une tentative discutable de rendre agréable le mensonge d’une personne âgée prétendant avoir été rescapée, ou d’un moyen d’explorer la complexité humaine à travers cette illusion ? Peut-être. Mais derrière cette mise en scène, l’œuvre révèle une vérité profondément humaine, en offrant un rôle doré à sa star nonagénaire. June Squibb elle-même confiait lors du festival que « je rêve encore de décrocher un Oscar ». Elle précisait aussi que « ce film est unique, il possède une résonance particulière. »

Une transmission précieuse des récits

June Squibb, c’est également cette trajectoire de carrière riche et étalée dans le temps, qui a été qualifiée d’une “Squibbaissance”. Ce parcours atypique a été lancé à l’âge de 61 ans par Woody Allen, lorsqu’elle apparaît dans Alice en 1990 ; depuis, elle ne cesse de surprendre et de fasciner. Après avoir incarné une héroïne de western urbain sur un scooter dans Thelma (2024), elle a prêté sa voix pour faire vivre la nostalgie dans Vice-Versa 2 (2024). Elle donne de l’énergie et une vitalité palpables à toutes ses interprétations.

« Une transmission des histoires pour leur survie »

June Squibb, c’est cette actrice dont la carrière se déploie tardivement mais avec impact, qui insiste souvent sur l’importance de transmettre nos souvenirs afin qu’ils ne s’effacent pas. La célébration de sa longévité artistique par les Américains, la surnomme “Squibbaissance”, témoigne de sa réussite tardive mais persistante. Son passage dans l’univers du cinéma a été stimulé par Woody Allen à l’âge de 61 ans, lui permettant d’asseoir une place solide dans le monde du spectacle. Toujours aussi dynamique, elle continue d’émerveiller dans divers projets, que ce soit par ses apparitions ou ses voix dans des films d’animation. Son énergie communicative et sa capacité à insuffler de la vie dans chaque personnage qu’elle interprète font d’elle une figure longtemps attendue, dont le parcours n’en finit pas d’inspirer.

Une œuvre centrée sur le souvenir et la mémoire

dépeint avec tendresse et sincérité un sentimentalisme apaisant. Mené par la performance exceptionnelle de June Squibb, le film, sous la direction de Scarlett Johansson, se présente comme un patchwork intergénérationnel mêlant tristesse, renaissance et légèreté. Il s’agit d’un récit simple, dépourvu de prétentions excessives, qui célèbre l’amitié, le deuil, l’amour, mais surtout, la mémoire. Comme l’a rappelé Scarlett Johansson à Cannes, « le personnage d’Eleanor insiste sur le fait que si elle ne raconte pas cette histoire, personne ne le fera ». Elle souligne aussi l’importance de la transmission, notamment pour préserver la mémoire de l’Holocauste. Le film s’inscrit dans cette démarche essentielle, en montrant que certains récits doivent continuer à vivre pour ne pas tomber dans l’oubli.

Sortie prochaine dans nos salles

Eleanor The Great sera bientôt disponible dans les cinémas à partir du mercredi 19 novembre. La durée du film est de 1 heure 38 minutes, offrant un regard sincère et touchant sur la nécessité de partager les histoires qui façonnent notre humanité.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.