Santé : comment repérer les premiers signes de la sclérose en plaques plusieurs années avant le diagnostic

Comprendre les premiers signes de la sclérose en plaques : une étape clé pour un diagnostic plus précoce

Selon le Dr Helen Tremlett, spécialiste en neurologie à l’Université de Colombie-Britannique, détecter la sclérose en plaques (SEP) peut s’avérer complexe lors des tout premiers symptômes. En effet, ces derniers – tels que la fatigue persistante, les maux de tête, les douleurs variées ou encore les troubles liés à la santé mentale – sont souvent non spécifiques et similaires à ceux d’autres affections ou déséquilibres. Leur nature vague rend donc la reconnaissance de la maladie plus ardue, surtout dans ses phases initiales.

Une étude approfondie sur 25 années de données médicales a néanmoins permis de révéler des tendances importantes. En examinant les dossiers de plus de 12 000 patients avant qu’ils ne présentent un diagnostic clair de SEP, l’équipe du Dr Tremlett a observé des modifications notables dans le comportement des consultations médicales. Ces changements apparaissent de façon progressive et suivent une succession précise dans le temps. Ces résultats ont été récemment publiés dans la revue JAMA Network Open, apportant un éclairage nouveau sur l’évolution de la maladie.

Les analyses mettent en évidence un schéma distinct dans le parcours médical de ces futurs patients, sur une période allant jusqu’à 15 ans avant l’émergence des premiers signes explicites de SEP. Ainsi, dès cette période, une augmentation des visites auprès des généralistes est observée, principalement pour des symptômes tels que la fatigue chronique, des douleurs diverses, des épisodes de vertiges ou encore des troubles liés à l’état mental, comme l’anxiété ou la dépression. Dix-sept années avant le diagnostic, une tendance à consulter davantage des psychiatres apparaît, indiquant un possible début des troubles psychologiques ou nerveux non encore spécifiques.

Environ 8 ou 9 ans auparavant, une hausse des consultations auprès de neurologues et d’ophtalmologues est détectée, souvent en relation avec des troubles visuels tels que la vision floue ou la douleur oculaire. Ce phénomène peut représenter les premières manifestations neurologiques concrètes du processus pathologique. Plus proches du diagnostic, c’est-à-dire entre 3 et 5 ans avant, on note une sollicitation accrue des services d’urgence ainsi que des examens radiologiques, ce qui témoigne d’une intensification des investigations médicales face à l’apparition de symptômes plus complexes.

Enfin, dans l’année précédant la confirmation de la maladie, on observe un pic de fréquentation dans plusieurs spécialités, notamment en neurologie, médecine d’urgence et imagerie radiologique. Ce cumul de consultations diverses constitue peut-être une étape décisive vers le diagnostic définitif de la SEP.

Les chercheurs soulignent que ces patterns indiquent qu’il existe une phase prodromique longue et complexe, durant laquelle la maladie se développe en dessous du seuil de la symptomatologie classique. Les premiers signaux ne sont pas nécessairement spécifiques de la SEP, mais ils constituent néanmoins des indices précoces. Parmi ces indices, les troubles psychologiques ou de santé mentale semblent être parmi les premiers à apparaître, avant même que les symptômes physiques ne deviennent davantage évidents.

Il est important de préciser que tous les individus présentant ces signes précoces ne développeront pas forcément la sclérose en plaques. Cependant, cette compréhension approfondie de la phase initiale pourrait, à l’avenir, permettre d’accélérer le diagnostic, ce qui pourrait améliorer significativement la prise en charge et les résultats pour les patients. En identifiant plus tôt ces signaux d’alarme, la communauté médicale pourrait intervenir avant que la maladie ne progresse davantage, offrant ainsi une meilleure perspective d’avenir pour ceux qui sont à risque.

En résumé, ces recherches apportent une perspective nouvelle sur la trajectoire de la SEP, indiquant que la maladie possède une période prén diagnostique longue et modulable, comprenant divers symptômes subtils dont la reconnaissance pourrait faire la différence dans la lutte contre cette pathologie encore largement mystérieuse.