Les intoxications causées par les plantes : un regard approfondi
Entre 2012 et 2021, les Centres antipoison ont enregistré près de 24 000 cas d’intoxication liés à la consommation ou à l’exposition à différentes plantes. Ce chiffre révèle l’importance de la vigilance concernant la dangerosité potentielle de certaines espèces végétales, notamment dans le cadre domestique ou lors de balades en nature. Ces données ont permis d’identifier quels types de plantes sont le plus souvent responsables de ces incidents et d’évaluer la gravité des conséquences pour les victimes.
Les enfants, principaux victimes d’intoxication, avec peu de cas graves
L’étude montre que la majorité des intoxications concernent des jeunes enfants, en particulier ceux âgés de moins de six ans. Près de la moitié des personnes touchées dans ces incidents étaient des enfants, généralement après avoir avalé une plante. Ces jeunes victimes sont souvent attirées par la couleur ou la forme particulière des baies ou des feuilles, sans en connaître la dangerosité. En ce qui concerne la gravité des intoxications, celles-ci restent principalement bénignes : seulement 2,5 % des cas présentaient des symptômes sévères ou prolongés, et un tout petit pourcentage (0,1 %) a été confronté à une issue fatale, notamment un décès.
Les formes graves, bien que rares, existent et soulignent la nécessité d’une prise en charge immédiate en cas de suspicion d’intoxication. La majorité des cas concernent une ingestion accidentelle, et la gravité n’est souvent pas liée à la plante elle-même, mais plutôt à la quantité consommée ou à la vulnérabilité particulière de la personne.
Les arums : des plantes fréquemment impliquées mais généralement peu dangereuses
Les arums figurent parmi les végétaux les plus souvent à l’origine d’intoxications : ils représentent environ 22 % des cas recensés. La famille des arums comprend notamment deux espèces très répandues dans la flore sauvage : l’Arum italicum et l’Arum maculatum. La manifestation typique d’une intoxication est observée principalement chez un jeune enfant qui aurait été attiré par les baies colorées, généralement oranges ou rouges, et qui aurait mis ces fruits à la bouche. Pour les adultes, le risque réside souvent dans la confusion entre les feuilles d’arum et celles de plantes comestibles telles que l’oseille, l’épinard ou la blette sauvage, ce qui peut conduire à une ingestion accidentelle.
La toxine contenue dans l’arum est constituée de cristaux microscopiques d’oxalates de calcium en forme d’aiguilles, invisibles à l’œil nu. Lorsqu’une partie de la plante est mâchée ou endommagée, ces cristaux se libèrent, pénétrant dans la bouche, sur la peau ou dans les muqueuses. Cela provoque une irritation locale, une sensation de douleur, des démangeaisons, voire des cloques dans certains cas. Cependant, ces intoxications sont souvent bénignes, avec surtout une gêne passagère.
Les euphorbes : des plantes ornementales séduisantes mais potentiellement dangereuses
En deuxième position parmi les causes d’intoxication après les arums, on retrouve les euphorbes. Ces plantes, très courantes dans la flore sauvage française, sont aussi largement vendues pour embellir les jardins. Leur principale particularité réside dans leur latex très corrosif, qui se sécrète lorsqu’on casse ou endommage la plante. Au contact de la peau, ce latex peut causer rapidement des rougeurs, des douleurs, des démangeaisons, et dans certains cas, la formation de cloques. La dangerosité devient encore plus préoccupante en cas de projection du latex dans les yeux, où l’irritation peut évoluer vers une conjonctivite ou une lésion de la cornée, entraînant une douleur intense et une réduction de la vision temporaire ou durable.
Bien que leur aspect esthétique attire souvent, les euphorbes doivent être considérées avec prudence, notamment en présence d’enfants ou dans des jardins accessibles. Certaines intoxications peuvent aboutir à des situations graves, voire mettre la vie en danger.
De plantes magnifiques mais pouvant être mortelles
Certains végétaux, malgré leur beauté, représentent un véritable danger pour la santé. Dans une étude, 42 cas ont été classés comme graves, où le pronostic vital était engagé. Parmi ces plantes, le datura et le colchique sont ceux évoqués le plus fréquemment, chacun représentant 15 % des intoxications graves recensées. La digitale arrive en troisième position avec 12 %, suivie du vérâtre blanc, de l’aconit et de l’œnanthe safranée. Ces plantes toxiques sont souvent confondues avec des espèces comestibles ou cueillies pour des usages thérapeutiques ou amincissants. La majorité de ces intoxications graves surviennent après ingestion de quantités importantes, souvent par des adultes qui confondent ces plantes avec des aliments ou qui ignorent leur toxicité.
Les cas extrêmes se produisent lorsque des personnes ingèrent volontairement ou accidentellement des plantes comme le datura, à cause de ses propriétés hallucinogènes, ou le colchique, qui ressemble à des fleurs comestibles. La méconnaissance de leur toxicité contribue largement à ces incidents. De plus, certaines personnes consomment ces plantes en pensant qu’elles ont des vertus médicinales ou minceur, sans connaître leur dangerosité réelle, ce qui peut entraîner des conséquences dramatiques.
Recommandations pour prévenir les intoxications végétales
Face à ces risques, il est essentiel d’adopter des comportements prudents dès lors que l’on manipule ou consomme des plantes. En cas d’ingestion ou d’exposition suspecte, il est impératif d’agir rapidement. En cas de troubles sévères ou d’apparition de signes vitaux inquiétants comme une difficulté à respirer ou une perte de conscience, il faut contacter immédiatement les services d’urgence en composant le 15 ou le 112. Le 114 doit être composé par les personnes malentendantes.
Dans tous les autres cas, même en l’absence de symptômes, il est conseillé de contacter un Centre antipoison en composant le 01 45 42 59 59 : ce service est accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et permet d’obtenir des conseils spécialisés. La vigilance est la première étape pour éviter des incidents graves liés à la consommation ou à l’exposition à des plantes toxiques.
Pour réduire considérablement le risque d’intoxication, voici quelques règles simples : ne consommez jamais une plante dont vous n’êtes pas sûr de l’identification, surtout si la plante a été cueillie dans la nature ou dans un jardin. Photografer la plante lors de la cueillette peut faciliter sa reconnaissance en cas de problème. Si le goût de la plante paraît inhabituel ou désagréable, il faut cesser immédiatement de la mâcher ou de la manger. Enfin, il faut éviter de cueillir de grandes quantités pour ne pas mélanger plusieurs espèces et courir le risque d’ingérer des plantes toxiques avec des végétaux comestibles.
Ces recommandations élémentaires peuvent sauver des vies ou prévenir des complications graves. La prudence et la connaissance des risques sont essentielles pour profiter en toute sécurité des beautés offertes par la végétation.