Rétinopathie diabétique : tout savoir sur cette complication du diabète

Sophie Lambert

Comment le diabète affecte la santé oculaire : comprendre la rétinopathie diabétique

On estime qu’environ 200 millions de personnes à travers la planète vivent avec un diabète, une maladie chronique qui peut avoir de multiples conséquences sur l’organisme. Parmi ces complications, la rétinopathie diabétique occupe une place importante, car elle constitue la principale cause de cécité évitable chez l’adulte dans les pays occidentaux, représentant près de 12 % des cas de perte de vision totale. La gravité de cette pathologie est telle que la majorité des patients atteints de diabète de type 1, ainsi qu’une majorité de ceux souffrant de diabète de type 2, sont exposés à un risque élevé de voir leur vision se détériorer au fil du temps. En effet, après vingt années de maladie, une grande majorité de ces patients développera une forme de rétinopathie, et une proportion significative sera confrontée à une perte irréversible de la vue.

Selon les données de l’Hôpital national des Quinze-Vingt, environ 100 % des patients diabétiques de type 1, ainsi que plus de 60 % de ceux atteints de diabète de type 2, sont susceptibles de développer une pathologie rétinienne liée à leur diabète durant la première vingtaine d’années suivant le diagnostic. Parmi eux, près de 4 % deviennent complètement aveugles, c’est-à-dire qu’ils perdent toute capacité à distinguer les formes ou les détails les plus fins de leur environnement, avec une acuité visuelle tombant en dessous de 1/20.

La rétinopathie diabétique : en quoi consiste cette maladie des yeux ?

La rétinopathie diabétique est une complication sérieuse du diabète qui affecte particulièrement la rétine, la fine membrane sensible à la lumière située à l’intérieur de l’œil. La maladie se manifeste par l’altération des petits vaisseaux sanguins qui irriguent la rétine, principalement à cause de l’accumulation de substances sucrées dans leurs parois. Cette déposition entraîne un épaississement de ces parois vasculaires ainsi que des fuites de sang ou de liquide, ce qui complique la circulation sanguine au sein de ces petits capillaires. La conséquence est une réduction du flux sanguin nécessaire pour alimenter correctement la rétine, ce qui peut avoir des effets dévastateurs sur la santé oculaire.

La structure essentielle de l’œil, la rétine, recouvre la surface interne du globe oculaire. Elle est alimentée par une multitude de petits vaisseaux qui assurent l’apport en oxygène et en nutriments nécessaires à son bon fonctionnement. Lorsqu’un diabète se développe, les premiers signes liés à la rétinopathie sont généralement invisibles au début, car les petits vaisseaux modifiés peuvent se dilater ou se boucher sans provoquer immédiatement de symptômes perceptibles. Cependant, au stade avancé, de nouveaux vaisseaux sanguins, qualifiés de néo-vaisseaux, peuvent apparaître. Ces vaisseaux sont fragiles, susceptibles de se rompre et de provoquer des saignements au sein de la rétine ou du corps vitré, la substance transparente qui remplit l’œil.

Les étapes d’évolution et les risques liés à la rétinopathie diabétique

Au début, la rétinopathie diabétique est souvent asymptomatique. Elle ne provoque pas de douleurs ni de sensations inhabituelles, ce qui complique son diagnostic précoce. Néanmoins, à mesure que la maladie progresse, des signes plus évidents peuvent apparaître : une sensation de voile devant les yeux, des taches ou des flashes lumineux, voire une baisse progressive de la vision. À ce stade, les spécialistes décrivent la situation comme une forme non proliférante, caractérisée par des lésions légères à modérées.

Si la maladie n’est pas correctement surveillée et gérée, elle peut évoluer vers une forme plus grave appelée rétinopathie proliférante, où la formation de néo-vaisseaux devient plus importante. Ces nouveaux vaisseaux, fragiles, peuvent saigner dans la rétine ou dans le corps vitré, entraînant une perte significative de la visibilité, car la lumière ne parvient plus à atteindre les cellules nerveuses de la rétine. Outre cette progression vers la cécité, il existe d’autres complications graves, telles qu’un œdème maculaire diabétique. Celui-ci se manifeste par une accumulation d’eau dans la zone centrale de la rétine, la macula, qui s’épaissit et gonfle à cause des capillaires endommagés, altérant ainsi l’acuité visuelle.

Des incidents supplémentaires comme des hémorragies rétiniennes ou du vitré, la déchirure de la rétine ou encore l’apparition d’un glaucome néovasculaire peuvent également survenir, rendant la maladie encore plus difficile à traiter et augmentant le risque de cécité.

Les enjeux de dépistage et de prévention pour préserver la vision

Il est fondamental d’assurer un suivi régulier de la santé oculaire chez les personnes diabétiques. La Fédération française des diabétiques recommande de consulter un ophtalmologue au moins une fois par an afin de détecter précocement toute anomalie. La méthode principale de dépistage consiste en un examen du fond de l’œil, qui peut être réalisé par rétinographie ou grâce à une ophtalmoscopie classique. Pourtant, cette démarche n’est pas toujours systématiquement réalisée par les patients, ce qui expose certains à un retard dans le diagnostic.

Par ailleurs, un autre moyen de dépistage, plus accessible, est désormais supporté financièrement par la Sécurité sociale : il s’agit du dépistage par rétinographies à lecture différée. Cet examen peut être effectué par un professionnel paramédical, comme un orthoptiste, ce qui facilite son accès surtout en dehors des grandes villes. La prévention de la rétinopathie diabétique passe également par une gestion optimale du diabète lui-même, notamment le maintien d’un bon contrôle glycémique, une hypertension artérielle bien maîtrisée et une hygiène de vie saine. Ces mesures, efficaces surtout si elles sont mises en œuvre dès les premiers signes ou en prévention, permettent de limiter l’incidence de la maladie et d’en ralentir l’évolution.

Dans les cas plus avancés, des traitements laser et parfois des interventions chirurgicales peuvent être nécessaires pour stabiliser l’état de l’œil ou préserver la vision. La détection précoce ainsi que la prise en charge adaptée sont donc essentielles pour réduire considérablement le risque de cécité liée à la rétinopathie diabétique, une complication évitable si l’on reste vigilant et actif dans la prévention.

Sources : Hôpital national des Quinze-Vingt, Ameli.fr, Fédération française des diabétiques, Hôpitaux universitaires de Genève, Le Manuel MSD

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.