Rente viagère : qu’est-ce que la « table de mortalité » en matière d’argent et de famille ?

Sophie Lambert

Titre : Comprendre la conversion d’un capital en rente viagère et ses implications

Les options de sortie : rente viagère ou capital

Certains produits d’épargne tels que l’assurance vie, le Plan d’épargne retraite (PÉR), ou encore le Plan d’épargne en actions (PÉA) offrent la possibilité de choisir une sortie sous forme de rente viagère plutôt que de verser le capital en une seule fois. Cette formule consiste à percevoir une somme régulière jusqu’à la fin de la vie du bénéficiaire, ce qui peut considérablement améliorer le montant de la pension de retraite perçue. En optant pour cette solution, l’épargnant bénéficie d’un revenu garanti à vie, ce qui peut représenter un avantage considérable, notamment pour assurer ses besoins une fois à la retraite.

Le processus de conversion du capital en rente

Lorsqu’un souscripteur souhaite opter pour une sortie en rente, l’organisme financier en charge – qu’il s’agisse d’une assurance ou d’une banque – doit d’abord effectuer une opération de transformation du capital en une série de versements réguliers. La méthode appliquée est, en principe, plutôt simple. Elle consiste à diviser le montant total de l’épargne par le nombre de versements que la rente doit effectuer. Cependant, une particularité rend cette opération plus complexe dans le cas d’une rente viagère : il est nécessaire de connaître la date précise du décès de l’assuré, ce qui est impossible à prévoir avec certitude.

L’assureur doit donc estimer cette durée de vie. Pour cela, il utilise une table de mortalité, un outil statistique élaboré par l’Insee, qui permet d’évaluer l’espérance de vie moyenne à divers âges pour une génération fictive de 100 000 individus. Cette table suit le cheminement simulé de cette population simulée sur plusieurs années, en intégrant les mortalités constatées pour différentes générations. La version détaillée de ces tables couvre généralement une période de trois années afin d’atténuer les variations annuelles. La connaissance de cet outil est essentielle puisqu’elle influence directement le calcul des rentes viagères.

Un exemple de calcul basé sur une espérance de vie

Pour mieux illustrer cette mécanique, imaginons un exemple. La table de mortalité, en s’appuyant sur des données actualisées, fournit l’espérance de vie d’un individu à un certain âge. Par exemple, une femme née en 1960, à l’âge de 65 ans, a une espérance de vie estimée à 23,44 années supplémentaires. Si cette personne décide de sortir de son PÉR en choisissant une rente viagère, l’assureur divise alors son capital — situé par exemple à 100 000 € — par cette espérance de vie, ce qui lui donne le montant annuel de la rente. En l’occurrence, cela représenterait environ 4 266 € par an, versés jusqu’à la fin de ses jours.

L’importance de connaître la table de mortalité au moment de la signature

Il est crucial de ne pas sous-estimer cette question de la table de mortalité lors de la validation de son contrat d’épargne. En effet, il faut s’assurer que l’organisme financier utilise la table en vigueur au moment de la signature du contrat ou, à tout le moins, de celui du démarrage du versement de la rente. La différence est de taille : avec l’augmentation constante de l’espérance de vie, le montant de la rente qu’on percevra dépendra de la table retenue. Si la table utilisée par l’assureur est plus ancienne, la rente sera plus favorable, car elle part d’une hypothèse de durée de vie plus courte. En revanche, si la table est récente ou si l’espérance de vie a augmenté depuis, le montant annuel sera moins élevé, puisqu’il est calculé en divisant le capital par un nombre d’années plus grand.

Les changements introduits à partir de 2024

Jusqu’à récemment, les assureurs distinguaient leurs tables de mortalité selon le genre de l’individu. On sait en effet que les femmes ont généralement une espérance de vie plus longue que les hommes. Par exemple, un homme née en 1960 n’atteint en moyenne que 21,23 années supplémentaires à partir de 65 ans, ce qui entraine une rente d’environ 4 710 € par an, pour un même capital de 100 000 €. Cette disparité représentait une inégalité notable. Cependant, à partir de 2013 pour les contrats individuels et de 2024 pour les contrats collectifs, cette différenciation selon le genre a été abandonnée. Désormais, seul un modèle de table mixte est utilisé, intégrant une pondération des espérances de vie de chaque sexe.

De cette évolution découle une augmentation moyenne de la rente d’environ 8 % pour les femmes, tandis que celle des hommes pourrait diminuer d’environ 5 %. Ces ajustements ont pour but d’assurer une plus grande équité entre tous les bénéficiaires.

Attention à l’utilisation de la bonne table

Il est primordial d’être vigilant lors de la signature d’un contrat d’épargne concernant la table de mortalité. Vous devez vérifier si l’assureur utilise la table en vigueur au moment de la signature ou celle applicable au moment du versement de la rente. La différence entre ces deux options peut considérablement influencer le montant final que vous percevrez. Avec l’allongement de l’espérance de vie, il est souvent dans votre intérêt que la table retenue corresponde à la période la plus récente, car cela pourrait réduire le montant de votre rente sur le long terme, étant donné que le capital sera réparti sur une durée plus étendue.

En résumé, la compréhension de la façon dont la mortalité est estimée et intégrée dans le calcul des rentes viagères est essentielle pour bien anticiper ses revenus futurs et faire les choix les plus adaptés à sa situation.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.