Quels sont les risques de la cervicalgie causée par l’utilisation excessive des textos ?

Sophie Lambert

L’avenir proche : et si nous devenions tous courbés en 3000 ?

Des spécialistes de l’anatomie ont lancé une prévision audacieuse en s’adressant au média britannique The Sun : selon eux, à cette date, il est possible que l’on soit tous affectés par une posture voûtée de l’ensemble du corps. Cette hypothèse, qualifiée de radicale, repose notamment sur l’impact du phénomène connu sous le nom de « text neck », que l’on pourrait traduire par « cervicalgie liée à l’usage du téléphone » ou encore « cou de texto ». Ce trouble musculaire et osseux, relativement nouveau, a émergé avec la généralisation de l’utilisation des smartphones débutée au début des années 2000.

L’origine de ce problème réside dans la manière dont nous tenons nos appareils pour lire un message ou regarder un contenu. La posture adoptée, avec la tête fortement penchée vers l’avant à environ 60 degrés, peut engendrer de graves déséquilibres pour notre organisme. La répétition constante de ce geste provoque une surcharge répétée sur la colonne cervicale, qui peut finir par se bloquer ou provoquer une tension chronique. En effet, plus la tête s’incline, plus la charge sur la nuque s’alourdit considérablement. Lorsque la tête est penchée à 60 degrés, la pression exercée sur la nuque équivaut à porter un poids de 27 kilogrammes, alors qu’en position droite, cette charge ne dépasse pas 5 kilogrammes. Ce déséquilibre peut entraîner une variété de symptômes, allant de contractures musculaires aux céphalées, en passant par des torticolis ou encore des troubles touchant le système musculosquelettique.

Une recherche menée en Australie a révélé qu’une excroissance osseuse, ou « corne osseuse », peut se former à la base du crâne pour compenser les tensions causées par de mauvaises postures. En analysant des radiographies, les chercheurs ont constaté que près de 41 % de leurs sujets présentaient cette excroissance, qui pourrait résulter d’un processus d’adaptation face à « l’effet texte » ou « text neck ». Fait surprenant, cette formation osseuse, généralement observée chez les personnes âgées, semble désormais apparaître chez des jeunes, ce qui illustre bien l’impact de nos habitudes modernes.

L’addiction à l’usage intensif du téléphone portable n’est pas sans conséquences : elle peut favoriser le développement de scolioses, ou déformations de la colonne vertébrale, ainsi que d’arthroses cervicales. Depuis plusieurs années, d’autres pathologies en lien avec l’utilisation de ces appareils ont été identifiées, comme la fameuse « ride du smartphone », un terme qui évoque les plis profonds qui se creusent dans la peau au niveau du visage, ou encore la « selfite », une inflammation musculaire provoquée par une posture prolongée en mode selfie. Ces maux illustrent que l’emprise de nos téléphones sur notre corps ne se limite pas à des inconveniences passagères, mais peut aussi entraîner des dégradations durables de notre santé musculosquelettique.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.