Que faire si mon ado a honte de moi : solutions en psychologie

Sophie Lambert

Comment répondre à l’adolescence lorsqu’il ressent de la honte face à vous

Votre adolescent vous reproche peut-être de parler trop fort, critique vos choix vestimentaires en les trouvant démodés, ou encore refuse tout simplement de vous prendre dans ses bras en public, surtout devant ses amis. Ces comportements, aussi déroutants qu’ils puissent sembler, reflètent une étape incontournable de son développement. Il est fréquent que, durant cette période, il manifeste un certain rejet de ses parents. Selon Frédérique Pouzol, psychopraticienne basée à Opio dans les Alpes-Maritimes, il ne faut pas s’alarmer : c’est tout à fait naturel.

L’importance de la construction de l’identité à travers le sentiment de honte

Pour la professionnelle, la honte que peut ressentir un adolescent constitue une étape essentielle dans sa croissance et la formation de sa personnalité. Elle précise que ce phénomène peut apparaître dès l’âge de 12 ou 13 ans, âge où les jeunes commencent à chercher à se démarquer de leurs figures parentales pour affirmer leur individualité. Ce processus, parfois difficile, les pousse à vouloir appartenir à un groupe ou à une bande d’amis. C’est une manière pour eux d’adresser un message clair : « Je ne suis pas comme mes parents. Je ne souhaite pas être associé à certaines choses qu’ils représentent ou rapportent. »

Le regard des autres comme moteur de la honte

Frédérique Pouzol insiste sur le fait que « la honte se construit dans le regard de l’autre ». Autrement dit, si l’adolescent ressent une gêne ou une désapprobation dans le regard de ses pairs ou même de ses proches, il cherchera inconsciemment à s’en libérer. Il perçoit dans ce regard une menace pour l’image qu’il tente de forger de lui-même, notamment dans le contexte social où il souhaite être accepté. La manière dont ses parents ou ses figures d’autorité réagissent contribue donc à renforcer ou à atténuer ce sentiment de honte, façonnant ainsi sa perception de lui-même.

Une approche douce pour accompagner cette étape turbulente

Pour les parents, il n’est pas toujours évident de comprendre et de gérer ces comportements souvent imprévisibles. Frédérique Pouzol rappelle que, pour l’adolescent, les rôles parentaux se transforment :vous n’êtes plus l’autorité ultime à ses yeux, mais parfois perçu comme une personne qu’il préfère éviter ou dont il se méfie. Cependant, il est essentiel de ne pas céder à la colère ou à la frustration. Au contraire, il faut saisir cette phase comme une étape naturelle de séparation et de construction identitaire.

L’adulte doit se souvenir que ces réactions ne sont pas dirigées contre lui personnellement. Elles font partie du processus vers l’autonomie. Pour apaiser la situation, il est conseillé de rester calme et de faire preuve de compréhension. Par exemple, lorsque l’adolescent critique votre musique ou vos goûts, il peut être utile de lui dire : « Je comprends que tu trouves cela démodé, mais pour moi, c’est la musique de mon époque, et j’aime bien. » Cela montre que vous respectez son point de vue sans entrer dans un conflit.

Il ne faut pas non plus amplifier la situation en jugeant ou en humilant l’adolescent devant ses amis. Cela risquerait de le vexer davantage ou de renforcer son malaise. Frédérique Pouzol conclut en soulignant que cette étape, même si elle est difficile, signifie que les parents ont déjà accompli une partie du travail de séparation : elle confirme que le jeune est en train de se forger une identité propre.

En résumé, à cette période charnière, faire preuve de patience, de compréhension et de douceur permet d’accompagner l’adolescent dans cette étape de transition, tout en renforçant la relation de confiance entre vous.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.