Que dit la science sur l’acupuncture, une médecine alternative ?

La reconnaissance scientifique de l’acupuncture dans le contexte médical occidental

Dans la sphère anglo-saxonne, notamment parmi les professionnels de la santé, on fait référence à la médecine fondée sur des preuves, communément appelée Evidence Based Medicine (EBM). Ce concept insiste sur l’importance de baser les pratiques médicales sur des données probantes issues de recherches scientifiques rigoureuses. Cependant, dans un article publié en 2017 par trois médecins français, cette vision est mise en contraste avec la pratique de l’acupuncture. Selon eux, la médecine occidentale, dans sa conception de l’EBM, ne correspond pas entièrement à cette discipline issue de pratiques traditionnelles asiatiques. La différence réside principalement dans la reconnaissance et l’intégration de l’acupuncture dans la médecine conventionnelle occidentale.

Une absence de reconnaissance officielle

De fait, le ministère français de la Santé précise clairement sur son site internet que l’acupuncture, tout comme d’autres formes de soins dits non conventionnels, n’est pas validée scientifiquement à l’intérieur du cadre médical officiel. En d’autres termes, cette discipline n’est pas intégrée dans le programme de formation initiale des professionnels de la santé, ni reconnue comme une pratique médicalement validée selon les critères de la médecine dite scientifique. Cela étant dit, cette absence de reconnaissance ne signifie pas que l’acupuncture n’a pas été évaluée du point de vue scientifique. Des études ont été menées, ce qui montre une volonté d’examiner la discipline par des méthodes rigoureuses.

Les limites des études et le besoin de protocoles précis

Le ministère insiste sur le fait que, bien que l’acupuncture soit une pratique courante en France et dans d’autres pays, le nombre de recherches empiriques à son sujet est considérable. Il existe plusieurs milliers d’essais cliniques qui ont été réalisés sur différentes indications, témoignant de l’intérêt scientifique porté à cette technique. Cependant, la majorité de ces essais souffrent d’un point crucial : leur méthodologie n’est pas toujours à la hauteur pour permettre des conclusions définitives concernant son efficacité. En effet, de nombreux résultats publies ne reposent pas sur des protocoles suffisamment stricts et standardisés, ce qui limite la robustesse des affirmations qui peuvent en être tirées.

Pour donner un exemple, une méta-analyse réalisée aux États-Unis en 2022, portant sur 22 études et 17 méta-analyses complémentaires, a examiné l’intérêt de l’acupuncture dans la gestion de la douleur aiguë en situation d’urgence. Les conclusions de cette synthèse indiquent que la majorité des revues analysées montrent que l’acupuncture pourrait constituer une stratégie efficace pour soulager ce type de douleur. De plus, cette méthode pourrait potentiellement réduire la dépendance aux opioïdes, qui sont souvent utilisés comme médicaments analgésiques. Cependant, la question de la posologie, c’est-à-dire le mode et la fréquence des traitements, ainsi que la généralisation de cette pratique dans différents contextes, nécessite encore des recherches supplémentaires. Les auteurs soulignent donc que des études multicentriques, avec des protocoles uniformes et rigoureux, sont indispensables pour mieux définir ces paramètres.

Une pratique aux risques maîtrisés

En ce qui concerne la sécurité de la pratique, le ministère français de la Santé indique que les risques liés à l’acupuncture sont considérés comme faibles, à condition que cette dernière soit effectuée dans le respect du cadre légal en vigueur. Seuls certains effets bénéfiques – notamment pour soulager des douleurs chroniques, ou pour soulager des nausées ou vomissements – ont été concluants avec un degré de certitude satisfaisant. Lorsqu’elle est pratiquée par des praticiens qualifiés, selon les règles fixées par la législation, la technique présente peu de risques d’effets indésirables graves. Ainsi, malgré le manque de validation formelle par l’autorité médicale, l’acupuncture reste perçue comme une pratique relativement sure quand elle est effectuée dans les règles de l’art.