Les enjeux des promotions en ligne : méfiance face aux fausses réductions
Attention aux fausses bonnes affaires durant la période de soldes
En pleine saison de promotions – mais pas uniquement à cette période – il est crucial de rester vigilant face à des offres qui peuvent parfois ne pas être aussi avantageuses qu’elles le semblent. Selon une étude publiée mercredi par l’UFC-Que Choisir, près de 90 % des promotions en ligne seraient trompeuses. L’association de défense des consommateurs, qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a deux ans, décide cette fois de porter l’affaire à l’attention de la Commission européenne pour mettre en lumière certaines pratiques déloyales persistantes en ligne. Parmi les enseignes visées figurent des acteurs majeurs comme Amazon, Shein, Temu, Asos, Zalando ou encore Cdiscount. Frithjof Michaelsen, responsable de mission chez UFC-Que Choisir, précise : « Nous avons renouvelé cette étude avec la même méthodologie afin de confirmer que le phénomène est toujours d’actualité et qu’il est urgent d’agir contre ces stratégies de manipulation. »
L’organisation a examiné six plateformes principales de commerce en ligne entre février et avril 2025. Sur un total d’environ 1 000 annonces comportant des prix barrés, elle constate que seulement une minorité – soit 15 % – correspondent réellement à de véritables réductions, calculées à partir du prix le plus bas pratiqué durant les 30 jours précédant la promotion, conformément à la législation européenne. Tout le reste s’avère être une supercherie, déplore l’association.
Les mots utilisés pour susciter la confusion
Au cœur de ces pratiques trompeuses se trouve une ambiguïté sémantique que les vendeurs en ligne exploitent à leur avantage, mêlant « prix de réduction » et « prix de comparaison ». La nuance est essentielle : lorsqu’il s’agit d’une réduction réelle, le vendeur doit effectivement baisser le prix initial et l’afficher sous une forme barrée, en respectant le cadre légal qui stipule que cette réduction doit se baser sur le prix le plus bas pratiqué au cours des 30 derniers jours. Frithjof Michaelsen explique : « Les vendeurs ont aussi le droit de comparer leur prix à un autre prix, qui peut être choisi librement, tel qu’un prix conseillé par le fabricant, pouvant remonter à plusieurs années. Or, cette pratique est peu pertinente pour l’acheteur, car le prix n’a pas réellement diminué. »
Le problème majeur réside dans le fait que ces comparaisons, lorsqu’elles sont présentées visuellement de la même manière que les réductions réglementaires, en affichant des prix barrés, peuvent induire le consommateur en erreur. Il devient alors difficile de distinguer si le prix affiché symbolise une vraie baisse ou seulement une comparaison avec un prix antérieur ou conseillé, souvent sans lien avec un prix réel récent. La situation s’aggrave lorsque certains vendeurs omettent purement et simplement d’expliciter la nature de ces prix barrés dans leurs conditions générales, ou utilisent des données internes non vérifiables pour justifier leurs affirmations, laissant ainsi à l’acheteur une tâche ardue pour déchiffrer la réalité des prix proposés.
Les consommateurs doivent donc faire preuve d’une vigilance accrue pour ne pas se faire avoir face à ces astuces marketing.
Les conseils pour repérer une fausse promotion
Selon Frithjof Michaelsen, lorsqu’une offre paraît trop belle pour être vraie, il y a fort à parier qu’elle ne l’est pas. La seule mention qui garantit une véritable réduction est « prix le plus bas » : c’est la seule qui indique une baisse réelle du prix, fondée sur le prix du dernier mois. En revanche, d’autres expressions telles que « prix conseillé », « prix moyen » ou « ancien prix » désignent souvent des promotions fictives. Lorsqu’un consommateur rencontre ce genre d’annonce, il doit impérativement comparer avec d’autres vendeurs pour vérifier si la promotion est réelle ou simplement une opération de marketing.
De plus, la proportion de réduction donne une indication claire : les réductions authentiques tournent en moyenne autour de 11 %, tandis que les fausses promotions affichent des baisses beaucoup plus importantes, de l’ordre de 31 %, ce qui témoigne souvent d’une stratégie d’incitation trompeuse. Quand une promotion atteignant 30, 40 ou 50 % apparaît, il convient d’être prudent : il s’agit probablement d’une fausse promotion ou d’une opération promotionnelle encadrée, comme lors des soldes, qui permet la vente à perte dans un cadre strict. En résumé, si une offre semble trop avantageuse, il ne faut pas hésiter à la scruter de près : souvent, cette apparence de bonne affaire cache une stratégie marketing peu honnête.
Deux ans après avoir révélé que 96 % des prix barrés en ligne étaient frauduleux, l’UFC-Que Choisir déplore que la législation n’ait pas été modifiée ni les sanctions renforcées à l’encontre des vendeurs dévoyés. Elle se tourne donc vers l’Union européenne pour faire évoluer la régulation du marché en ligne. Frithjof Michaelsen indique : « Nous demandons à la Commission européenne, qui prévoit de proposer une nouvelle législation sur l’équité en ligne en 2026, d’interdire totalement l’usage des prix de comparaison. L’objectif est que seules restent valides les réductions réellement calculées sur le prix le plus bas des 30 derniers jours. » Une telle mesure permettrait de désencombrer le marché et d’éviter aux consommateurs d’être continuellement trompés par des annonces qui paraissent avantageuses mais qui, en réalité, ne le sont pas.
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Près de 90 % des promotions en ligne sont fausses : comment les repérer ?