Près de 50 % des Français souffrent de douleurs chroniques

Sophie Lambert

Une majorité de Français confrontés à des douleurs persistantes, selon la dernière étude de la Fondation Analgesia

Selon le récent Baromètre Douleur 2025 publié par la Fondation de recherche sur la douleur Analgesia, une proportion importante de la population adulte en France vit avec des douleurs de longue durée. En effet, plus de 28 millions d’individus sont affectés par une forme de souffrance physique, ce qui correspond à environ 42 % des adultes. Cette donnée met en évidence une hausse notable par rapport à la situation en 2008, où la prévalence était inférieure de plus de 10 points. Parmi ces personnes concernées, une majorité souffre de douleurs chroniques dans divers domaines : un tiers d’entre elles ressent des douleurs au niveau musculaire ou squelettique, un peu plus d’un tiers indique être frappé par des céphalées ou migraines récurrentes, environ 15 % indiquent avoir des douleurs au niveau de l’abdomen, et près de 12 % déclarent éprouver des douleurs neuropathiques. On observe donc une diversité dans les types de douleurs, touchant différents systèmes du corps humain.

Les chiffres montrent également que près de la moitié des patients souffrant de douleurs chroniques ressentent des douleurs d’une intensité élevée, souvent supérieures à six sur une échelle de dix. La douleur leur persiste depuis plus de trois ans dans la majorité des cas, soulignant à quel point ces troubles peuvent devenir chroniques sur le long terme.

Une répercussion profonde sur la qualité de vie des personnes atteintes

Comme l’affirme Audrey Aronica, qui est à la fois patiente et présidente de l’Association Francophone pour vaincre les douleurs (AFVD), « vivre avec une douleur chronique, c’est continuer à avancer chaque jour en portant un fardeau invisible. » Cette déclaration illustre l’impact dévastateur que la douleur continue peut avoir sur la vie quotidienne, bien au-delà de la simple sensation de gêne. Selon l’enquête, plus de la moitié des personnes touchées rapportent des conséquences importantes sur leur sommeil, leur mémoire, ainsi que leur capacité à se déplacer. La fatigue est également un symptôme fréquemment évoqué, tout comme des troubles anxieux ou dépressifs, qui accentuent encore le mal-être ressentis par ces patients. De plus, un peu plus d’un tiers de ces individus souffrent d’un handicap fonctionnel modéré à sévère au quotidien, ce qui limite leur autonomie et complexifie leur parcours de soins.

Les limitations et insuffisances du système de prise en charge actuelle

Ces résultats mettent en lumière les lacunes importantes du dispositif médical face à cette problématique grandissante. Malgré une prescription fréquente d’analgésiques, avec 92 % des patients recevant un traitement médicamenteux, et 27 % étant traités par opioïdes, une majorité d’entre eux ne constate pas d’amélioration sensible de leur état. En effet, moins d’un patient sur trois voit ses symptômes diminuer grâce à ces traitements. La difficulté réside également dans l’accès aux centres spécialisés dans la gestion de la douleur. Moins d’un tiers des patients bénéficie de cet encadrement spécialisé, tandis que la majorité, environ 60 %, est suivie uniquement par leur médecin généraliste. Face à cette situation, une proportion alarmante de 90 % des patients se tourne vers l’automédication, parfois en utilisant des opioïdes sans supervision médicale, ce qui comporte des risques importants pour leur santé.

Pour le professeur Nicolas Authier, président de la Fondation Analgesia, ces données doivent déclencher une réaction rapide : « Il est urgent de mettre en place un plan d’action global visant à garantir un accès équitable à des soins spécialisés pour tous, en proposant un parcours de prise en charge structuré et adapté à chaque patient. La douleur chronique a un effet dévastateur sur la vie de millions de Français, et il est impératif d’agir pour améliorer cette situation. »

Ce constat appelle à une mobilisation nationale pour renforcer les ressources existantes, développer des stratégies de traitement efficaces, et assurer une prise en charge plus accessible à l’ensemble de la population, afin de limiter l’impact dévastateur de la douleur chronique.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.