Pourquoi les sachets de nicotine interdits sont dangereux pour les jeunes à cause de leur impact sur la santé

Sophie Lambert

Nouveau cadre réglementaire pour les produits à base de nicotine : une étape vers la protection des jeunes

Le 6 septembre dernier a marqué une étape importante dans le domaine de la santé publique en France, suite à l’annonce officielle de la décision de l’État de bannir les produits à consommation orale contenant de la nicotine. La France avait préalablement informé la Commission européenne de son projet d’interdiction, qui devient désormais effective par un décret publié ce week-end. Cette mesure, qui prendra effet au début de l’année 2026, vise à encadrer strictement la commercialisation et l’utilisation de ces produits, tout en maintenant une exception pour ceux reconnus comme médicaments ou dispositifs médicaux.

Ce texte de loi insiste notamment sur le fait que la nicotine est considérée comme une substance toxique au sens de l’article L.5132-1 du code de la santé publique. Elle ne peut donc être utilisée ou commercialisée que dans un cadre très réglementé, similaire à celui qui s’applique déjà aux produits du tabac, aux dispositifs de vapotage ou encore aux produits de santé. La préservation de la santé des jeunes est au cœur de cette démarche, comme l’affirme l’Institut national du Cancer dans un communiqué publié quelques jours après l’annonce officielle. L’organisme voit dans cette interdiction une avancée pour limiter l’accès à la nicotine chez les adolescents, qui sont particulièrement vulnérables face à ces produits.

Les sachets de nicotine, souvent vendus sous forme de mini-sachets à placer entre la lèvre et la gencive, ont été au centre des préoccupations. Leur mode de diffusion, directement à travers la muqueuse buccale, facilite leur absorption rapide, ce qui accroît le risque d’effets indésirables graves. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la nicotine à très forte dose peut être non seulement toxique, mais également entraîner la mort, si elle est ingérée ou absorbée en quantité importante. La nécessité de maintenir ces produits hors de portée des plus jeunes est donc essentielle pour éviter toute intoxication.

Les inquiétudes sont renforcées par les constats réalisés entre 2017 et 2022, période durant laquelle une dizaine d’adolescents âgés de 12 à 17 ans ont présenté des syndromes d’intoxication grave liés à la consommation de sachets de nicotine. La gravité de ces cas, caractérisés par des vomissements prolongés, une chute de tension, des convulsions ou encore une altération de la conscience, a justifié une attention particulière. Les statistiques récentes confirment et amplifient cette tendance inquiétante : en 2023 et 2024, les centres antipoison ont reçu environ 90 rapports d’effets indésirables, dont plus de la moitié concernaient des jeunes de 12 à 17 ans. La majorité de ces jeunes avaient consommé ces sachets dans un contexte collectif ou scolaire, soulignant leur attractivité auprès de cette tranche d’âge.

Les symptômes graves liés à l’ingestion ou à l’absorption de nicotine via ces sachets sont nombreux. Les jeunes victimes peuvent souffrir de vomissements persistants, d’une hypotension pouvant évoluer vers des convulsions, ou encore de troubles de la conscience, nécessitant souvent une intervention médicale d’urgence. Ces cas illustrent à quel point ces produits, souvent présentés comme des alternatives sans danger, sont en réalité une source considérable de danger immédiat pour la santé des adolescents.

Un danger d’addiction croissant : la nicotine comme porte d’entrée vers la dépendance

Au-delà du simple risque d’intoxication, plusieurs professionnels de la santé mettent en garde contre le potentiel addictif de la nicotine provenant de ces sachets. En effet, leur usage pourrait favoriser la dépendance à cette substance, en particulier chez les jeunes qui y sont exposés dès leur adolescence. L’utilisation de ces produits n’est donc pas considérée comme un moyen efficace pour arrêter de fumer, mais plutôt comme une étape pouvant conduire à une addiction durable.

Les analyses menées fin 2024 par l’Institut National de la Consommation en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme ont révélé des éléments alarmants concernant l’étiquetage de ces sachets. Celui-ci s’avère souvent trompeur, sous-estimant la teneur réelle en nicotine. Alors que la limite autorisée pour les gommes nicotiniques en pharmacie est de 4 mg par gramme, certains sachets étudiés affichent une concentration pouvant atteindre 38,9 mg par gramme, soit presque dix fois plus. Cette différence est cruciale, car elle augmente considérablement le risque de dépendance pour ceux qui consomment ces produits de manière régulière.

Les dangers ne se limitent pas à la nicotine elle-même. Des études du CNCT ont démontré que certains sachets contiennent aussi jusqu’à cinq métaux lourds différents, avec une présence notable d’arsenic. Ce poison, reconnu comme cancérogène, se trouve en quantité pouvant atteindre 0,59 microgramme par référence, soit jusqu’à 6,5 fois la quantité que l’on retrouve normalement dans une cigarette. La présence de ces métaux lourds représente une menace supplémentaire pour la santé, en particulier en cas d’ingestion ou d’exposition prolongée, étant donné leur forte toxicité et leur capacité à provoquer des maladies graves comme le cancer ou des troubles respiratoires.

Face à la multiplication des risques liés à ces produits, le Comité national contre le tabagisme insiste sur la nécessité d’assurer leur interdiction totale et effective. Les précédentes expériences avec la vente de cigarettes électroniques jetables malgré leur interdiction partielle montrent que la seule mise en place de mesures réglementaires n’est pas suffisante si leur application n’est pas contrôlée avec rigueur. Il appelle à effectuer des contrôles réguliers, aussi bien dans les points de vente physiques qu’en ligne, et à instaurer des sanctions dissuasives pour garantir le respect de cette interdiction.

En résumé, cette nouvelle législation représente une étape significative pour lutter contre la banalisation des produits à base de nicotine, notamment chez les jeunes, tout en soulignant l’importance d’assurer leur application stricte pour protéger efficacement la santé publique.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.