Pourquoi les règles peuvent-elles causer des maux de tête ?

Sophie Lambert

Comprendre la migraine liée au cycle menstruel : causes et caractéristiques

Les migraines touchant spécifiquement la période autour des règles, souvent désignées comme migraines menstruelles ou hormonales, représentent un phénomène fréquent chez une certaine proportion de femmes. Environ un quart d’entre elles, soit 20 à 25 %, souffrent de ce type de céphalées qui se manifestent généralement quelques jours avant ou durant la période menstruelle, selon une analyse publiée dans la revue spécialisée The Lancet Neurology. Ces douleurs s’inscrivent dans un contexte particulier, lié à des fluctuations hormonales propres à cette phase du cycle reproducteur.

Les migraines associées aux menstruations se distinguent par une intensité notable. Leur symptôme principal est une douleur vive, souvent pulsatile, que l’on perçoit généralement d’un seul côté de la tête. Ces crises s’accompagnent fréquemment d’une sensibilité accrue à la lumière, aux sons ou même aux odeurs, ce qui peut aggraver la sensation d’inconfort. Parfois, ces maux de tête sont également accompagnés de nausées, de vertiges ou d’une sensation de fatigue extrême. La durée de ces épisodes peut varier, allant de quelques heures à plusieurs jours, et chez certaines femmes, ils peuvent être particulièrement invalidants, surpassant parfois la gravité d’autres types de migraines.

Les mécanismes en jeu à ces moments précis

Les scientifiques s’accordent largement sur l’existence de deux processus majeurs qui expliquent pourquoi ces migraines se produisent à cette période du cycle. La première cause réside dans la chute soudaine du taux d’œstrogènes, ces hormones qui jouent un rôle clé dans la régulation des vaisseaux sanguins du cerveau. La seconde est liée à la libération de prostaglandines, des substances chimiques déclenchées principalement lors de la phase menstruelle, destinées à favoriser la contraction de l’utérus pour expulser la muqueuse utérine en excès.

En effet, juste avant le début des règles, le niveau d’œstrogènes chez la femme diminue nettement. Or, ces hormones ont une influence directe sur la tonification et la contraction des vaisseaux sanguins cérébraux. Lorsqu’ils se dilatent suite à cette baisse hormonale, ils peuvent provoquer ou exacerber une crise de migraine. Par ailleurs, pendant les règles, l’utérus libère des prostaglandines qui, en circulant dans le blood, engendrent une inflammation locale, des douleurs et souvent, des douleurs à la tête. Ces deux phénomènes combinés, à savoir la chute hormonale et l’inflammation, sont ainsi responsables des crises migraineuses qui peuvent survenir de façon régulière chez certaines femmes.

Les études publiées dans le Journal of Headache and Pain soulignent que cette double réaction — la fluctuation hormonale et la réaction inflammatoire — fournit une explication claire sur pourquoi une proportion importante de femmes éprouvent des migraines récurrentes en marge de leur cycle menstruel. Ces processus physiologiques sont si puissants qu’ils peuvent transformer chaque cycle en un véritable défi, marquant leur vie de douleurs régulières et souvent difficiles à supporter.

Facteurs qui augmentent la sensibilité à ces migraines

Mais alors, pourquoi tous les femmes ne souffrent-elles pas de ces migraines menstruelles ? La réponse tient à divers facteurs qui influencent la vulnérabilité individuelle face à ces crises. Parmi eux, la prédisposition familiale à la migraine joue un rôle notable : si une mère ou une sœur en souffre déjà, le risque pour une femme d’en développer lors de ses règles est nettement accru. La sensibilité hormonale est également un élément clé, explique la fluctuation de la réponse du corps face aux changements hormonaux. Certaines femmes ont une réponse plus marquée aux différentes variations du taux d’œstrogènes.

L’utilisation de contraceptifs hormonaux constitue un autre facteur déterminant. Surtout ceux qui induisent des variations importantes des niveaux d’œstrogènes, comme la pilule, le patch ou l’anneau, peuvent augmenter la fréquence et la sévérité des migraines. Le stress chronique, le manque de sommeil ou encore les modifications brusques du mode de vie — que ce soit le décalage horaire ou une modification des habitudes quotidiennes — peuvent aussi amplifier cette susceptibilité. En somme, ces éléments agravent ou maintiennent la fréquence des crises, voire leur intensité.

Pour celles qui souffrent de ce phénomène, il est fortement conseillé de consulter leur médecin ou leur gynécologue. Ces professionnels pourront prescrire des traitements antalgiques ou d’autres stratégies pour mieux gérer ou réduire la fréquence de ces migraines. Il est également important de rappeler que, après la ménopause, ces crises tendent souvent à disparaître ou à diminuer en intensité, en raison de la stabilisation du niveau hormonal.

Les recherches dans ce domaine soulignent que comprendre ces mécanismes permet d’adopter des mesures préventives ou thérapeutiques plus adaptées et personnalisées. La connaissance précise de l’origine hormonale et inflammatoire de ces migraines offre aux femmes de meilleures options pour soulager leur douleur et vivre leur cycle plus sereinement.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.