L’évolution de la pratique du pourboire dans le secteur de la restauration à l’heure du paiement dématérialisé
Une habitude qui tend à disparaître
De plus en plus de clients ont tendance à négliger la formule traditionnelle consistant à laisser quelques pièces de monnaie en guise de pourboire lors de leur repas au restaurant. Pourtant, pour nombre de professionnels œuvrant dans la restauration, cette contribution pécuniaire constitue une source de revenu non négligeable. La principale raison de cette évolution réside dans la baisse de l’utilisation des paiements en espèces : nombreux sont ceux qui ne disposent plus de monnaie liquide dans leur portefeuille, ce qui complique la pratique du pourboire en espèces.
Pour s’adapter à cette nouvelle donne, de nombreux établissements ont commencé à proposer la possibilité de laisser un pourboire de façon dématérialisée, généralement sous forme d’un pourcentage du montant total (souvent 5 %, 10 % ou 15 %) lors du paiement par carte bancaire ou en ligne. Cette solution permet au client d’effectuer un geste de reconnaissance sans avoir à se soucier de garder de la monnaie sur lui. Dans certains pays, notamment aux États-Unis ou au Canada, où la pratique du pourboire est profondément ancrée dans les habitudes, cette méthode est déjà devenue la norme.
Une option appréciée pour sa simplicité
Les professionnels de la restauration soulignent que ce dispositif constitue une alternative pratique, surtout lorsqu’il n’y a pas de monnaie disponible. La facilité d’ajouter un pourboire à la transaction fait que cette pratique peut devenir plus fréquente. « J’ai tendance à laisser un pourboire par carte bancaire, souvent autour de 10 % de la facture, lorsque le service est bon. C’est une méthode simple et efficace pour remercier l’équipe, surtout quand je n’ai pas d’espèces en poche », confie Thomas, résidant à Virming en Moselle. Christine, de Metz, partage également cette expérience : « J’ai déjà expérimenté cette pratique lors de voyages au Québec, où il est possible de choisir le montant du pourboire au moment de régler. C’est idéal quand on ne possède pas de monnaie liquide. »
Les interrogations sur la destination réelle du pourboire
Certains consommateurs se posent néanmoins des questions sur la manière dont leur pourboire électronique est géré. Aurélie, originaire de Saint-Amarin en Haut-Rhin, s’interroge : « Lorsqu’un pourboire est laissé par carte, je me demande si celui-ci revient réellement au serveur ou à la serveuse, ou s’il peut finir dans la poche de l’employeur qui pourrait en faire un usage douteux. » Jean-Paul, de Strasbourg, partage cet avis en précisant que le plus important pour lui serait que le personnel ait la possibilité de récupérer directement le montant laissé. Roman, lui aussi dans le Haut-Rhin à Pfaffenheim, a trouvé une solution personnelle : il mentionne lorsqu’il règle qu’il souhaite que le pourboire lui soit remis directement, afin d’être certain que la somme parvienne bien à la personne qui l’a servi.
Les avantages et les inconvénients perçus
D’un côté, certains trouvent que la transaction dématérialisée comporte des avantages indéniables : elle facilite la vie du client et peut encourager la pratique du pourboire, considéré comme un geste de gratitude. D’un autre côté, d’autres voient cette méthode comme intrusive ou peu naturelle. Véronique de Saint-Max en Meurthe-et-Moselle déplore : « Certaines personnes hésiteront à dire non par peur de paraître avare ou de susciter une éventuelle culpabilisation. J’en ai assez de ces pressions pour faire preuve de « bon comportement » ». Gilles, de la Drôme, évoque une pratique qu’il considère comme une forme de vente forcée : « Je ne retourne pas dans un restaurant où le pourboire est imposé à la caisse lors du paiement par carte. » Nicole, de Wahlbach dans le Haut-Rhin, estime que le patron n’a pas besoin systématiquement de connaître le montant supplémentaire versé en pourboire. Quant à Chris, de Lyon, il exprime également un certain malaise face au fait d’être obligé de donner un pourboire à la suite d’une demande insistante. Il propose une alternative : « Pourquoi ne pas instaurer un QR code permettant à un client de laisser un pourboire à un serveur précis, avec un petit message s’il le souhaite ? » Cette proposition pourrait, à l’avenir, séduire certains restaurateurs soucieux de rendre cette pratique plus flexible.
Les enjeux fiscaux liés aux pourboires électroniques
Depuis 2022, le gouvernement français a mis en place une exonération fiscale et sociale pour les pourboires perçus par carte ou en liquide, dans la limite de 20 % du revenu total du salarié et si celui-ci ne touche pas plus de 1,6 Smic. Cette mesure vise à encourager la pratique du pourboire tout en soutenant le secteur des métiers de service. La période d’exonération est prévue jusqu’à la fin de l’année 2025, mais l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) espère que cette dérogation sera prolongée.
Les responsables du secteur soulignent que faire payer des impôts ou des cotisations sociales sur ce type de revenus, qu’ils soient en liquide ou dématérialisés, reviendrait à instaurer une sorte de taxe sur le sourire. Selon eux, cela pourrait pénaliser la motivation du personnel, réduire leur pouvoir d’achat et compliquer l’attractivité des métiers de la restauration. La difficulté à recruter et fidéliser les employés étant déjà un défi pour le secteur, la suppression de cette exonération pourrait constituer un obstacle supplémentaire pour la pérennité des établissements, qui peinent à équilibrer leur gestion économique tout en stimulant la motivation de leur personnel.
Ce contexte continue d’alimenter les débats autour de la perception et de l’utilisation des pourboires, notamment dans un secteur en pleine mutation face à la digitalisation et à l’évolution des attentes des consommateurs.
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