Pourquoi les étudiants ont-ils de plus en plus de mal à se loger dans l’immobilier?

Sophie Lambert

Dans chaque année qui passe, la question du logement étudiant en France reste un véritable défi. Selon l’Association interprofessionnelle des résidences étudiantes et services (Aires), il manquerait au total un minimum de 250 000 logements destinés aux jeunes en période d’études supérieures à travers le pays. Certains étudiants se voient contraints de vivre temporairement chez des amis, des membres de leur famille ou bien dans des auberges de jeunesse en attendant de pouvoir accéder à une solution plus stable et durable. D’autres, confrontés à la difficulté de dénicher un logement convenable, optent parfois pour des solutions insolites comme louer un petit box de parking pour y habiter, faute d’autres options. La situation pousse également plusieurs jeunes à faire l’impasse sur leurs études, ne trouvant aucune réponse adaptée à leur besoin en matière de logement. Pour certains, cela se traduit même par la réalité dramatique de dormir dans la rue. En somme, cette crise dans l’offre de logements compromet gravement le parcours académique de nombreux étudiants, leur imposant un stress supplémentaire tout au long de leur année universitaire.

Le décalage alarmant entre l’offre et la demande de logements

Quels sont alors les éléments à l’origine de cette crise chronique ? La première cause réside dans une augmentation sensible du nombre d’étudiants, épaulée par la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur en France. La mobilité accrue des jeunes, facilitée par le système Parcoursup, contribue également à cette croissance des flux migratoires étudiants, rendant plus difficile la gestion de l’offre en logements. Par ailleurs, l’écart entre la quantité de logements disponibles et le nombre de jeunes cherchant à se loger ne cesse de se creuser, ce qui entraîne mécaniquement une hausse des loyers. La pénurie ne se limite pas à une baisse du nombre de logements général, car une partie de l’offre privée est également en train de disparaître. En effet, un grand nombre de ces habitations, surtout celles classées comme passoires thermiques (logements dont le diagnostic de performance énergétique – DPE – est au niveau G), ont été interdites à la location depuis le 1er janvier 2025. Parallèlement, la difficulté croissante à devenir propriétaire pousse de jeunes actifs à rester en location, alimentant ainsi la saturation du marché de la location. La situation est encore exacerbée dans les zones touristiques où certains propriétaires mettent en location leurs biens saisonniers via des plateformes comme Airbnb, ce qui réduit d’autant l’offre accessible aux étudiants, intensifiant la pénurie.

Les difficultés pour les étudiants à accéder à un logement

La quête d’un hébergement demeure l’un des premiers obstacles rencontrés par les jeunes lors de leur parcours universitaire. Trouver un logement adapté, abordable et disponible n’est pas une tâche facile, et constitue souvent la toute première étape dans leur cheminement vers l’indépendance. Ce défi est amplifié par la forte demande pour une offre limitée, ce qui rend le processus encore plus difficile et stressant pour les étudiants. La recherche peut s’étendre sur plusieurs mois, et prendre beaucoup d’énergie, ce qui a inévitablement des répercussions négatives sur leur réussite académique. La complexité de la recherche est d’autant plus grande que de nombreux jeunes se voient contraints de recourir à des colocations, solution souvent plus accessible financièrement mais qui n’épargne pas toujours les difficultés d’organisation et d’adaptation. La situation est d’autant plus critique qu’une majorité ne peut pas bénéficier d’un hébergement en résidence universitaire ou dans des structures encadrées, les critères d’attribution étant très restrictifs.

La situation peu reluisante des résidences Crous

En ce qui concerne les résidences universitaires gérées par le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (Crous), la crise n’est pas pour autant réglée. Les critères pour obtenir un logement dans ces structures sont proches de ceux utilisés pour l’attribution des bourses : ils prennent en compte les revenus des étudiants eux-mêmes ou de leurs familles, leur composition, ainsi que leur éloignement géographique par rapport à l’université. Ces critères très stricts limitent concrètement l’accès à ce type d’hébergement. D’après un rapport émis par le Conseil national de l’habitat, l’offre de logements en résidences Crous ne couvre actuellement qu’environ 7 % des besoins réels des étudiants. La croissance du nombre de logements dans ces structures est très lente, ne pouvant suivre la progression rapide du nombre d’étudiants inscrits dans différentes établissements. Ainsi, une majorité d’étudiants doit faire face à une compétition accrue pour obtenir un logement dans le privé, ce qui renforce l’idée que se loger constitue souvent le premier grand défi dans leur parcours académique. Même si la colocation constitue souvent une alternative plus abordable, elle ne règle pas entièrement le problème et ne constitue qu’une solution partielle à cette crise du logement étudiant.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.