Pourquoi la mortalité augmente-t-elle chez les jeunes ?

Sophie Lambert

Évolution de l’espérance de vie mondiale et défis sanitaires actuels

Selon la dernière étude publiée en 2023 par le projet Global Burden of Disease (GBD) dans la revue « The Lancet », l’espérance de vie à l’échelle mondiale a progressé de manière significative depuis le début du XXe siècle, enregistrant une augmentation de plus de deux décennies depuis 1950. Aujourd’hui, la durée de vie moyenne atteint 76,3 ans chez les femmes et 71,5 ans chez les hommes, représentant une réduction de 67 % des mortalités standardisées selon l’âge à l’échelle mondiale. Cependant, malgré ces gains notables, les chercheurs alertent sur une problématique émergente : certains territoires font face à une recrudescence des décès parmi les adolescents et les jeunes adultes, signe d’une crise sanitaire qui requiert une attention particulière.

Les causes principales de mortalité chez les jeunes : suicides, toxicomanie et alcoolisme

Les données révèlent que, au sein des populations proches de la période adulte, notamment chez les 20-39 ans en Amérique du Nord, la période comprise entre 2011 et 2023 a été marquée par une augmentation alarmante du nombre de décès. Cette hausse, en majorité, est due à des suicides, des overdoses médicamenteuses et une consommation excessive d’alcool. Par ailleurs, dans d’autres régions telles que l’Europe de l’Est, ainsi que dans les Caraïbes et en Amérique du Nord, on constate une tendance à la hausse des décès dans la tranche d’âge des 5 à 19 ans.

En ce qui concerne l’Afrique subsaharienne, l’étude indique également des chiffres préoccupants : une élévation du taux de mortalité chez les enfants de 5 à 14 ans, principalement en raison de maladies infectieuses comme la pneumonie, la tuberculose ou d’autres infections, mais aussi dans le cas des jeunes femmes âgées de 15 à 29 ans, où la mortalité maternelle, les accidents de la circulation et les méningites contribuent à augmenter le bilan mortel. Ces constatations soulignent l’urgence d’élargir la priorité en matière de santé publique pour inclure non seulement la mortalité infantile, mais également celle touchant les adolescents et jeunes adultes, en particulier dans les zones où les chiffres dépassent ce que l’on pouvait anticiper.

Une transition dans les motifs de décès mondiaux

L’analyse révèle également un changement majeur dans les causes de mortalité à l’échelle planétaire. La transition épidémiologique observée indique un déplacement de la prédominance des maladies infectieuses vers celles qui sont non transmissibles. Ces dernières représentent désormais près de deux tiers de la mortalité et morbidité mondiales, avec en tête les affections coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète. La tendance souligne une évolution des défis à relever, nécessitant des approches différentes en termes de prévention et de soins.

Cette mutation a été accompagnée par une augmentation notable des facteurs de risque modifiables responsables d’une grande partie de la mortalité globale. En 2023, près de la moitié des décès dans le monde peuvent être attribués à 88 facteurs de risque que l’on peut agir pour réduire leur impact. Parmi eux, figurent notamment l’hypertension, la pollution de l’air par les particules fines, le tabagisme, une glycémie à jeun élevée, un faible poids à la naissance, un indice de masse corporelle élevé, un taux de cholestérol LDL élevé, ainsi que l’exposition au plomb.

Enfin, la charge liée aux troubles mentaux ne cesse de croître mondialement. L’anxiété et la dépression contribuent respectivement à augmenter la mortalité et l’incapacité à long terme, avec des hausses respectives de 63 % et 26 %. Ces chiffres illustrent l’ampleur des enjeux liés à la santé mentale, qui s’ajoutent aux défis médicaux traditionnels, mais qui requièrent une réponse adaptée et renforcée.

Une étude mondiale approfondie pour comprendre les tendances

Cette synthèse des observatoires de la santé provient d’une analyse exhaustive menée par un réseau mondial rassemblant plus de 16 000 chercheurs issus de 204 pays, qui ont étudié, entre 1990 et 2023, plus de 375 maladies et 88 facteurs de risque. Leur objectif était d’établir des estimations précises, déclinées par âge et par sexe, afin de mieux comprendre la dynamique des enjeux sanitaires à l’échelle mondiale et d’orienter les politiques publiques en conséquence.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.