Pourquoi acheter une place de concert devient si difficile avec les préventes et listes d’attente

Sophie Lambert

L’engouement pour l’achat de billets : un phénomène toujours plus intense

Ce vendredi, la mise en vente des billets pour les deux concerts du chanteur portoricain Bad Bunny en France a suscité une ruée immédiate. En seulement quelques minutes, toutes les places disponibles ont été achetées, évoquant une scène similaire à celle qui avait marqué la prévente de Beyoncé en début d’année. La veille déjà, une avalanche de demandes avait été enregistrée lors des premières phases de pré-vente. Dès le moment où les ventes ont été ouvertes, plus de 300 000 internautes s’étaient rapidement connectés dans l’espoir de décrocher une place pour l’un des deux concerts programmés dans la capitale ou à Marseille.

Selon les données fournies par Billboard France, ce nombre a rapidement dépassé les 500 000 personnes à 13h04, à peine une heure après l’ouverture. Avec une capacité totale de la Défense Arena et du Vélodrome d’environ 112 000 places combinées, il était évident qu’un grand nombre de spectateurs potentiels allaient devoir faire face à la déception. Une majorité d’entre eux n’a donc pas obtenu de billet, ce qui témoigne de l’ampleur du phénomène de demande sursaturée pour ces événements très attendus.

La nécessité des préventes pour réguler la recherche de places

Ce scénario est devenu courant lors de la mise en vente de billets pour des artistes très populaires. La pratique des préventes s’est imposée comme un passage obligé, permettant de mieux maîtriser la distribution des billets et de lutter contre la spéculation. De nombreux grands noms du show-business, tels que Taylor Swift, Beyoncé, Lady Gaga, Oasis, Kendrick Lamar, Ed Sheeran, Jul ou encore IAM, ont tous adopté ce procédé. L’objectif est de donner une chance équitable aux fans sincères, en évitant que des robots ou revendeurs peu scrupuleux monopolisent rapidement une majorité des places.

Divers types de préventes existent : il y a d’abord celles réservées aux fans inscrits sur le site officiel de l’artiste ou via d’autres plateformes spécifiques, puis celles proposées en partenariat avec des institutions financières telles que MasterCard, qui a signé un accord avec le groupe Live Nation, notamment via Ticketmaster. Enfin, il y a les préventes menées directement par les distributeurs de billets, le plus souvent par Ticketmaster, qui reste le leader mondial dans la vente en ligne de places pour les spectacles.

Une sollicitation qui ne garantit pas toujours l’obtention d’un ticket

Cependant, il est important de noter que participer à ces préventes ne garantit pas systématiquement d’obtenir un billet. Il faut rester vigilant et suivre les communications officielles de l’artiste ou du distributeur pour connaître le moment des inscriptions. Même si des places sont réservées pour ces phases anticipées, leur nombre est limité, dépendant du nombre d’inscrits et de la capacité d’achat allouée à chaque opération.

Après ces étapes, la vente grand public s’ouvre traditionnellement. La difficulté réside dans le fait que l’on ne connaît pas à l’avance le stock encore disponible, et ces billets sont en général convoités en quelques minutes seulement. Ainsi, même si l’on parvient à se connecter lors du lancement de la vente, la compétition reste rude, et la probabilité de décrocher un ticket est souvent faible dans un laps de temps très court.

L’augmentation constante de la demande et ses implications

Face à cette demande croissante, les plateformes de vente en ligne ont dû adapter leurs systèmes. La solution privilégiée consiste à instaurer un système de file d’attente où chaque participant attend son tour. La clé est la patience, une connexion fiable et stable, la possibilité d’utiliser plusieurs appareils et une certaine chance dans le tirage au sort. Arriver plusieurs heures en avance n’offre pas d’avantage ; en effet, ceux qui se connectent à l’heure d’ouverture sont placés dans la file de façon aléatoire, tandis que les retardataires finissent souvent en queue derrière ceux qui ont été plus rapides.

Malgré ces mesures, des bugs et dysfonctionnements sont fréquemment rapportés, notamment par Ticketmaster, ce qui complique encore davantage le processus d’achat. L’afflux massif de requêtes accentue la tension, rendant la course aux billets encore plus difficile pour les fans.

Une demande en constante mutation, portée par l’effet réseaux sociaux

Ce phénomène de forte demande s’est accentué ces dernières années, notamment en raison de l’engouement suscité par les réseaux sociaux. Les plateformes comme TikTok ou Instagram ont joué un rôle essentiel dans la diffusion de morceaux populaires, comme « Espresso » de Sabrina Carpenter ou « DtMF » de Bad Bunny, contribuant à faire monter la popularité de certains artistes à l’échelle mondiale. La viralité de ces titres et l’engouement autour des clips ont eu pour effet d’accroître l’intérêt pour leurs concerts, alimentant la guerre des places.

Par ailleurs, la situation devient encore plus complexe pour les spectateurs français, confrontés à une concurrence féroce avec le public américain. Aux États-Unis, les prix des spectacles, non réglementés, ont tendance à exploser, rendant parfois plus économique un voyage en France pour assister à un concert. C’est d’ailleurs ce qui a motivé quelques Américains à traverser l’Atlantique l’an dernier pour voir Taylor Swift en concert, attirés par une offre souvent plus abordable et accessible.

Les experts soulignent que cette explosion de la demande est aussi liée à un contexte de reprise post-pandémie, où les fans ont été privés de festivals et concerts pendant plusieurs années, renforçant leur désir d’assister en direct à ces performances. La facilité de partager ses impressions et ses moments forts sur les réseaux sociaux contribue également à maintenir l’intérêt toujours vif pour ces grands rendez-vous musicaux.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.