Plus de la moitié des Français sont prêts à partir en vacances en voiture électrique

Sophie Lambert

L’avenir de la mobilité électrique : une transition encore en évolution

Malgré l’attente que pourraient laisser supposer certains discours optimistes, la croissance commerciale des voitures électriques reste en deçà des prévisions initiales des autorités et des constructeurs automobiles. La décision de l’Union européenne d’interdire la vente de voitures neuves thermiques à partir de 2035 soulève néanmoins de nombreuses interrogations concrètes, notamment sur la faisabilité et la praticité de ces véhicules dans la vie quotidienne et pour les déplacements de longue distance.

Peut-on envisager des vacances en voiture électrique ?

Selon une étude récente menée par Alphabet France en collaboration avec Yougov pour l’année 2025, la majorité des Français voient avec une certaine prudence ou optimisme la possibilité de rejoindre leurs destinations de vacances à bord d’un véhicule électrique. En effet, 52 % d’entre eux considèrent qu’il est envisageable de partir en vacances en voiture électrique, un chiffre en hausse de deux points par rapport à l’année précédente. Parmi ces répondants, 13 % affirment que de tels trajets peuvent être accomplis « sans aucune difficulté », tandis que 39 % pensent qu’il faut s’attendre à « quelques contraintes » telles que la gestion de l’autonomie ou la recharge, mais que cela reste possibles dans le cadre d’un voyage.

Une perception influencée par l’âge des conducteurs

Les opinions concernant la faisabilité de ces longs trajets en voiture électrique varient sensiblement selon la tranche d’âge. Les jeunes, en particulier ceux âgés de 18 à 24 ans, semblent plus confiants dans la capacité de parcourir de longues distances en électrique : 61 % d’entre eux jugent cela possible, avec 20 % qui pensent que cela se fait « sans difficulté » et 41 % qui acceptent qu’il y ait « quelques contraintes ». La même tendance s’observe chez les 25-34 ans, avec 63 % de répondants positifs, dont 19 % sans contraintes et 44 % avec contraintes. Chez les catégories plus âgées, cette confiance diminue : 56 % pour les 35-44 ans, 57 % pour les 45-54 ans, et seulement 44 % pour les personnes âgées de 55 ans et plus considèrent qu’un tel voyage est réalisable. La proportion de ceux qui pensent qu’il peut être effectué « sans difficulté » reste modérée, tandis que la majorité évoque des contraintes pour les tranches d’âge supérieures.

Un avis plus favorable dans la région parisienne

La répartition géographique des réponses révèle également des différences notables. Dans la région parisienne, 58 % des habitants estiment qu’il est possible de faire un trajet vers une destination de vacances en voiture électrique, un léger recul par rapport à 2024 où ce taux s’élevait à 60 %. Parmi eux, 14 % pensent que cela peut se faire « sans difficulté » et 44 % jugent compatible cette option avec certaines contraintes. En comparaison, dans le Nord-Ouest, 57 % des personnes interrogées voient cette possibilité, avec 16 % pensant qu’il n’y aurait aucun obstacle. La région du Sud-Ouest affiche un taux de 55 %, avec une majorité de répondants évoquant des contraintes, tandis que le Nord-Est est à 50 %. Enfin, dans le Sud-Est, le taux d’optimisme se limite à 46 %, ce qui peut refléter une perception plus sceptique ou des considérations logistiques différentes.

Les infrastructures d’accueil évoluent

L’un des enjeux majeurs pour la généralisation de l’usage des voitures électriques lors des voyages longs concerne la disponibilité et la qualité des infrastructures de recharge. Les répondants montrent une préoccupation légitime quant à l’autonomie des véhicules et à la possibilité de recharger leur batterie lors de leurs déplacements. Sur ce point, des progrès significatifs ont été réalisés : la France dispose aujourd’hui d’un réseau de plus de 168 000 points de recharge en accès public, soit une hausse de 30 % en seulement un an. Ce développement contribue à rendre ces trajets plus réalisables, en atténuant en partie la crainte d’autonomie limitée et en facilitant la recharge lors des pauses.

L’évolution de ces infrastructures reste cruciale pour que l’utilisation des véhicules électriques devienne une pratique courante lors de déplacements plus longs. La disponibilité accrue de bornes de recharge, combinée à une meilleure autonomie des véhicules, pourrait à terme transformer la perception générale de la faisabilité des voyages en électrique, aussi bien pour les vacances que pour le quotidien.

En somme, si des progrès importants ont été réalisés, notamment en termes d’infrastructures, la question de la praticité et de la confiance dans la mobilité électrique lors de trajets de longue distance demeure encore largement sujette à évolution. La tendance montre une adoption progressive, encouragée par l’innovation technologique et l’augmentation des réseaux de recharge, mais le chemin vers une généralisation complète reste à parcourir.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.