Plus de 5 000 contaminations au VIH en France en 2024, une hausse préoccupante

Sophie Lambert

Évolution des diagnostics du VIH en France en 2024 : un bilan en demi-teinte

En cette année 2024, la France a effectué plus de huit millions de tests visant à détecter le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Sur cette même période, environ 5 100 personnes ont appris leur statut sérologique positif au VIH, un chiffre qui semble se stabiliser après la hausse observée lors des années précédentes, principalement entre 2020 et 2023, année où la pandémie de Covid-19 a eu une influence notable sur les activités de dépistage.

Les efforts de dépistage, bien que conséquents, ne semblent pas avoir permis une réduction continue des nouvelles infections. La stabilité du nombre de diagnostics en 2024 pourrait indiquer que malgré une campagne de dépistage soutenue, la détection précocement des cas demeure un défi, notamment dans un contexte où certains segments de la population restent sous-diagnostiqués ou peu accessibles aux campagnes de sensibilisation.

Analyse du profil des personnes nouvellement infectées

Les données recueillies sur le profil des individus récemment infectés illustrent plusieurs tendances clés. D’abord, plus de la moitié des nouvelles infections concernent des personnes nées à l’étranger, représentant 56 % des cas. Parmi eux, 43 % ont contracté le VIH après leur arrivée en France, ce qui souligne l’importance des campagnes de prévention pour les populations immigrantes ou migrantes.

Concernant les modes de transmission, les rapports sexuels hétérosexuels demeurent le principal véhicule de contamination, avec une majorité de 53 %, suivis par les relations entre hommes qui représentent 42 % des cas. Les personnes transgenres constituent une part marginale des diagnostics, à hauteur de 2 %, tandis que les usagers de drogues injectables ne représentent qu’un pour cent des nouveaux cas. La proportion de diagnostics effectués à un stade avancé – ou tardif – continue d’être préoccupante, représentant 43 % de toutes les infections découvertes en 2024. Parmi eux, 27 % ont été détectés à un stade très avancé. Si cette proportion décroît lentement depuis 2020, elle demeure le témoignage de nombreuses opportunités manquées pour un dépistage précoce ou une mise sous traitement immédiate.

Progrès remarquables dans la prise en charge thérapeutique

Malgré ces défis, les progrès dans la gestion médicale du VIH en France sont indéniables. En 2024, 94 % des personnes porteuses du virus ont été diagnostiquées, un chiffre encourageant qui témoigne d’un effort de dépistage efficace. Parmi celles-ci, 96 % suivent actuellement un traitement par antirétroviraux, et 97 % ont une charge virale inférieure au seuil détectable. Ces résultats démontrent l’efficacité du dispositif de prise en charge en France, avec une majorité de patients pouvant aspirer à une vie normale et sans transmission du virus.

Cependant, la lutte contre l’épidémie ne doit pas se cantonner à l’aspect médical. Certaines régions du territoire restent particulièrement touchées. La Guyane, suivie de Mayotte, des Antilles et de l’Île-de-France, connaît des taux d’infection inquiétants. Sur ce plan, Santé publique France souligne l’urgence d’adapter les actions de prévention et de dépistage aux réalités locales afin de réduire ces disparités géographiques.

Une autre donnée alarmante à relever est qu’en 2024, environ 9 700 personnes vivant avec le VIH en France ignorent encore leur statut. Leurs cas non diagnostiqués constituent une source de transmission potentielle et freinent les efforts pour endiguer l’épidémie.

Conclusion

L’année 2024 met en lumière une situation paradoxale : d’un côté, une prise en charge thérapeutique performante et un nombre stable de nouvelles infections, de l’autre, un constat préoccupant concernant le dépistage tardif et les inégalités territoriales. Si la France a accompli des avancées indéniables dans la gestion du VIH, il reste essentiel d’intensifier les campagnes de sensibilisation, surtout dans les zones à risque élevé, et de poursuivre l’amélioration des stratégies pour repérer précocement les personnes infectées. Ces efforts combinés sont indispensables pour continuer à réduire la transmission du virus et garantir un avenir où le VIH serait maîtrisé.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.