Perdre du poids suffit-il à faire disparaître l’hypertension ?

Sophie Lambert

Perte de poids et son influence sur la pression artérielle : un rapport complexe

Que ce soit à cause des festivités culinaires, des excès temporaires ou d’une prise de poids progressive sur plusieurs années, il est courant que les médecins conseillent de perdre du poids, particulièrement chez les personnes souffrant d’hypertension. Mais la question qui se pose souvent est : est-ce que maigrir peut réellement contribuer à diminuer la tension artérielle, voire à la ramener à une valeur normale ? En réalité, réduire son poids n’entraîne pas systématiquement une baisse de la pression artérielle ou une rémission de l’hypertension, notamment chez certains profils de patients hypertendus.

La relation entre perte de poids et tension artérielle : un impact parfois limité

Dans le cas des individus qui présentent une surcharge pondérale et dont l’hypertension est d’origine familiale, il est vrai que perdre du poids a des effets positifs sur la santé globale. Cependant, il ne garantit pas nécessairement une baisse significative de la pression artérielle. En effet, pour ces personnes, il est souvent peu probable que la tension redevienne dans la norme simplement par une réduction de poids. Ces patients tendent à développer leur hypertension dès un âge relativement précoce, souvent avant 50 ans, et possèdent au moins un parent traité pour une hypertension à un âge jeune. Dans ces situations, seuls les médicaments antihypertenseurs peuvent offrir un contrôle efficace et durable de la pression, tout en protégeant contre les risques d’accidents vasculaires cérébraux ou d’insuffisance cardiaque.

Un autre scénario où l’on observe peu d’impact de la perte de poids sur la tension concerne les personnes dont la pression artérielle s’est élevée après 60 ans, mais qui ont accumulé du surpoids avant même d’atteindre 50 ans. Dans ce cas également, l’intervention médicamenteuse reste généralement indispensable pour obtenir un contrôle efficace.

Quand la perte de poids peut-elle véritablement faire la différence ?

Cependant, chez un individu plus jeune, par exemple dans la cinquantaine, découvrant une hypertention en lien avec une surcharge pondérale, il y a encore de l’espoir. Si cette surcharge est principalement attribuable à un mode de vie sédentaire, à une alimentation peu équilibrée ou à un manque d’exercice physique, des changements dans ce domaine peuvent être bénéfiques. Perdre même seulement 4 ou 5 kilogrammes peut suffire à faire diminuer la pression sanguine. Dans certains cas, cette réduction peut permettre de normaliser la tension artérielle, ce qui signifierait qu’un traitement médicamenteux pourrait devenir superflu, à condition que cette perte de poids soit maintenue sur le long terme.

Toutefois, si le patient ne parvient pas rapidement à voir ses efforts se concrétiser par une baisse des chiffres tensionnels, il n’hésitera pas à débuter une médication antihypertenseur, avec l’espoir de pouvoir finalement arrêter le traitement une fois la perte de poids réalisée. Cette approche donne une motivation supplémentaire au patient, qui voit dans cette démarche un objectif atteignable.

Une autre catégorie de personnes auxquelles il faut faire attention concerne celles dont l’hypertension est fortement liée à une consommation excessive d’aliments riches en sel caché, tels que certains cubes de bouillon, olives, ou autres conserves. La modification de ces habitudes alimentaires, en réduisant la consommation de sel, peut alors avoir un impact notable.

Ce type d’intervention se retrouve notamment dans le cadre du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), qui vise à rééquilibrer la diète afin de diminuer la pression artérielle. Ce régime recommande d’augmenter la consommation d’aliments riches en potassium, tels que fruits, légumes ou graines, tout en réduisant l’apport en sodium, c’est-à-dire en sel. Après seulement deux semaines de suivi, certains résultats peuvent déjà se faire ressentir. Même si ce régime ne garantit pas toujours une perte de poids, il peut être efficace pour faire baisser la tension. Il ne s’agit pas uniquement d’un effet de la réduction pondérale, mais d’une démarche qui agit directement sur la pression grâce à une meilleure hygiène alimentaire. Selon le Dr Sébastien Rubin, spécialiste en néphrologie à Bordeaux et consulté par la Fondation de la recherche sur l’hypertension, l’essentiel de l’efficacité repose sur une augmentation de l’apport en potassium et une diminution du sodium dans l’alimentation.

Ce régime repose sur quatre règles fondamentales :1. Consommer abondamment des fruits et légumes afin d’augmenter naturellement l’apport en potassium.2. Réduire la consommation de graisses saturées et de cholestérol d’origine animale, tout en intégrant des produits laitiers à 0 % de matières grasses.3. Manger au moins cinq portions par jour de fruits à coque, comme noix ou amandes.4. Limiter la consommation de sel dans l’alimentation quotidienne.

Enfin, il faut noter qu’une perte de poids peut également bénéficier aux patients hypertendus souffrant de diabète. Adopter une alimentation adaptée, pratiquer régulièrement une activité physique modérée, et suivre strictement les recommandations alimentaires spécifiques au diabète — notamment en ce qui concerne l’équilibre en glucides, lipides et sodium — peuvent ensemble contribuer à une réduction de la pression artérielle, tout en améliorant la santé globale.

En résumé, bien que maigrir ne soit pas une garantie absolue pour faire disparaître l’hypertension, dans certains cas et pour certains profils, une réduction de poids, combinée à une modification du mode de vie, peut s’avérer très efficace. La clé réside dans une approche personnalisée, adaptée aux spécificités de chaque individu.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.