Où en France parle-t-on le mieux ou le pire anglais ?

Sophie Lambert

Où en France parle-t-on le mieux ou le pire anglais ?

Les disparités régionales dans la maîtrise de l’anglais en France : une étude basée sur la progression des apprenants

Il est généralement reconnu que la population française ne brille pas particulièrement par ses compétences en langues étrangères, notamment en anglais, et ce faible niveau est souvent considéré comme une caractéristique nationale qu’il est difficile de faire évoluer. Cependant, en examinant de plus près les différentes zones géographiques du pays, il apparaît que le niveau d’anglais des habitants varie considérablement selon les régions. Une étude menée par le cercle des langues, une école spécialisée dans l’apprentissage linguistique, a analysé les résultats de plus de 20 000 adultes, âgés de 35 à 65 ans, afin d’établir un classement des départements et des régions où l’on parle le mieux, ou le moins bien, la langue de Shakespeare. Ce rapport offre une vision nuancée des compétences en anglais à l’échelle locale.

Les régions françaises en tête pour la maîtrise de l’anglais

Les résultats montrent que les principaux bénéficiaires d’un haut niveau en anglais sont… les habitants de la région Île-de-France. En effet, dans cette région, plus de 73 % des apprenants atteignent un niveau intermédiaire, ce qui leur permet d’utiliser efficacement la langue dans des situations courantes, et environ 11 % ont progressé jusqu’au niveau avancé, signe d’une maîtrise plus poussée. La région Auvergne-Rhône-Alpes arrive quasiment en seconde position avec 72,6 % d’intermédiaires et 6,8 % d’élèves ayant atteint le niveau supérieur. La Bretagne complète ce trio de tête : 74 % des apprenants présentent un niveau intermédiaire, avec une proportion de 6 % de niveaux avancés. La position conjointe de ces territoires s’explique en partie par leur forte concentration d’entreprises internationales, où la pratique de l’anglais est indispensable pour les salariés et où sont implantés de nombreux centres de formation linguistique. Ces régions disposent également d’une offre riche en écoles et en instituts spécialisés, ainsi que d’une forte exposition culturelle à la langue de Shakespeare, que ce soit par les médias, la vie quotidienne ou la présence d’expatriés. La proximité géographique ou sociale avec des locuteurs natifs ou bilingues favorise par ailleurs un apprentissage plus efficace, contribuant à cette réussite régionale.

Les régions « modèles » en maîtrise avancée de l’anglais

Le classement des régions où l’on parle le mieux anglais, avec un niveau allant de B1 à C1, révèle des zones où le taux d’intermédiaires et d’élèves avancés est particulièrement élevé. En premier lieu, l’Île-de-France se distingue encore, avec 73,3 % des apprenants en niveau intermédiaire et 11,2 % en niveau avancé. La deuxième place revient à l’Auvergne-Rhône-Alpes (72,6 % d’intermédiaires et 6,8 % avancés), suivie de la Bretagne (74 % d’intermédiaires, 6 % avancés). La région Pays de la Loire figure également parmi les meilleures, avec 72,6 % d’intermédiaires et 5,4 % d’élèves atteignant le niveau supérieur. D’autres territoires tels que la Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, la Normandie, le Centre-Val de Loire ainsi que l’Occitanie complètent ce palmarès, en conservant un taux élevé d’élèves ayant progressé dans la connaissance de l’anglais. La forte activité professionnelle dans ces régions, combinée à une offre éducative riche, explique en partie cette situation.

Les zones en difficulté dans l’apprentissage de l’anglais

Le constat est tout autre du côté des départements et régions où la proportion d’habitants parlant peu ou mal anglais est nettement plus importante. La Corse affiche la pire performance : près de 45 % des élèves y sont encore au stade de débutant, incapables d’échanger dans la langue étrangère. Juste derrière, on trouve l’outre-mer, où 38,2 % des apprenants sont débutants et seulement 3,8 % ont atteint un niveau avancé. La Bourgogne et le Grand Est se distinguent également par un nombre significatif d’élèves en difficulté, avec respectivement 29 % et 27,3 % de départs en anglais au stade débutant. Ces disparités s’expliquent par plusieurs facteurs. En Corse, l’enseignement de la langue régionale, comme le corse, reste prioritaire dans les écoles secondaires, reléguant presque l’anglais à un rang secondaire. Dans les régions d’Outre-Mer, le créole occupe une place plus prégnante dans la vie quotidienne, ce qui limite l’exposition à l’anglais. Par ailleurs, dans des départements comme le Grand Est, l’enseignement privilégie l’apprentissage de langues comme l’allemand, plutôt que l’anglais. Les zones rurales, plus éloignées des centres économiques majeurs, offrent moins d’opportunités pour pratiquer la langue, avec peu de centres de formation linguistique ou d’interactions quotidiennes avec des locuteurs natifs. Enfin, le niveau d’accès à l’apprentissage des langues dès l’école primaire reste inégal, ce qui accentue encore ces différences.

Facteurs influençant les disparités régionales

Plusieurs éléments expliquent cette situation. Dans le cas de la Corse, la priorité donnée à l’enseignement du corse et du français, ainsi que la moindre présence d’expositions régulières à l’anglais, contribuent à un retard notable. De même, dans certaines régions d’Outre-Mer, la forte prévalence du créole comme langue quotidienne limite l’importance donnée à l’apprentissage d’une langue étrangère. La priorité accordée à l’allemand dans le Grand Est, ancienne frontière avec l’Allemagne, influence également le niveau général d’anglais. La répartition géographique des centres de formation et des opportunités d’apprentissage joue un rôle clé : les zones rurales sont souvent moins accessibles, avec moins d’infrastructures et de possibilités de pratiquer la langue dans la vie courante. Finalement, dès le plus jeune âge, l’accès à l’enseignement des langues vivantes n’est pas égal sur tout le territoire, ce qui contribue à creuser encore davantage les écarts entre régions. En conclusion, cette étude souligne combien la maîtrise de l’anglais en France dépend largement de facteurs liés à l’environnement économique, éducatif et culturel, ainsi que du contact direct avec des locuteurs, qu’ils soient natifs ou bilingues.

Ce classement, qui repose sur le cadre européen de référence pour les langues (CECRL), a été ajusté en fonction de la répartition géographique des populations scolaires to garantissant une analyse représentative des différences régionales.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.