Même cinq minutes de pubs pour la malbouffe influencent nos enfants

Sophie Lambert

Les nouvelles recherches présentées lors du Congrès européen sur l’obésité, qui s’est déroulé à Malaga en Espagne, révèlent des résultats préoccupants concernant l’influence des stratégies marketing sur les jeunes. Les chercheurs de l’Université de Liverpool ont mis en évidence que les enfants âgés de 7 à 15 ans portent une vulnérabilité particulière face aux différentes formes de publicité alimentaire, indépendamment du support utilisé.

Pour établir leur constat, ils ont soumis un groupe de 240 adolescents issus d’écoles du Merseyside à une série d’expériences. Ces jeunes ont été exposés à divers types de publicités, qu’elles soient s’adressant directement à des produits alimentaires ou présentant d’autres contenus non liés à la nourriture. Ces expérimentations ont permis de mesurer l’impact de chaque type de publicité sur leurs comportements alimentaires.

Les résultats indiquent qu’une simple exposition quotidienne à un message publicitaire d’environ cinq minutes, mettant en avant des aliments riches en graisses saturées, en sucre ou en sel, peut entraîner une augmentation de l’apport calorique quotidien des jeunes d’environ 130 kcal. Cette consommation supplémentaire, bien que pouvant sembler minime à première vue, représente une contribution significative dans la lutte contre la surcharge pondérale et l’obésité infantile.

Une constatation tout aussi bouleversante réside dans le fait que la nature du support publicitaire n’altère pas l’effet exercé sur ces jeunes. Que ce soit à travers la télévision, les réseaux sociaux, des podcasts ou des affiches dans l’environnement scolaire ou urbain, l’impact reste identique. La force de la publicité réside donc dans son message, peu importe la plateforme de diffusion.

Une lutte active contre la prolifération de l’obésité chez les enfants

Il est même surprenant de constater que des publicités ne montrant que le logo d’une marque, sans aucune présentation visuelle du produit, ont le même pouvoir d’influencer la consommation que les publicités classiques. Cette technique, qui se limite souvent à l’affichage d’un simple symbole ou d’un jingle, parvient également à stimuler le désir chez les jeunes et à modifier leurs habitudes alimentaires.

Bien que la complexité des causes de l’obésité infantile soit largement reconnue, il est également établi que les médias audiovisuels jouent un rôle déterminant dans les choix alimentaires immédiats. La nouvelle étude va encore plus loin en révélant que même un logo seul ou une publicité audio peut suffire à influencer la trajectoire des comportements alimentaires des enfants.

Ce type de recherche est particulièrement pertinent alors que plusieurs pays envisagent de mettre en place des mesures restrictives visant à limiter la publicité pour les aliments malsains. La volonté de réduire l’exposition des jeunes à ces messages est motivée par un souci de lutte contre la progression de l’obésité chez les enfants.

Par exemple, en Angleterre, une législation prévoit que, à partir du 1er octobre 2025, la publicité en journée, jusqu’à 21 heures, sera interdite pour les produits de malbouffe sur les plateformes numériques et à la télévision. Ces mesures ont pour objectif de protéger la santé des enfants en limitant leur contact avec ces types de messages publicitaires, qui, comme cette étude le montre, peuvent avoir des effets concrets et durables sur leurs habitudes alimentaires.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.