Le 4 août, le célèbre DJ et producteur britannique Calvin Harris a partagé via ses comptes sur les réseaux sociaux des images annonçant la naissance de son enfant. Parmi ces clichés, on peut voir Harris entouré de son nouveau-né, avec la maman Vick Hope dans une piscine, mais également un gros plan du placenta. Cette dernière photo montre le placenta découpé en morceaux et placé dans ce qui ressemble à un autocuiseur, une méthode qui pourrait évoquer la préparation à la consommation. La dernière image de la série présente une boîte contenant plusieurs capsules, ce qui laisse penser que le placenta aurait été encapsulé, en vue d’être ingéré ultérieurement. La pratique de la consommation du placenta après l’accouchement a été popularisée notamment par plusieurs célébrités, en particulier Kim Kardashian, dès 2015.
Selon la star, la prise de ces capsules aurait des effets bénéfiques : « Chaque fois que je prends un comprimé, je ressens une montée d’énergie, je me sens en pleine forme et bien dans ma peau. Je recommande vivement à quiconque d’essayer ! » avait-elle écrit sur son blog à l’époque.
Qu’est-ce que le placenta ?
Le placenta est un organe qui ne reste pas en place après la naissance. Il se forme dans le corps de la mère dès la première semaine suivant la fécondation, dans la paroi de l’utérus. Relié au bébé par le cordon ombilical, il remplit un rôle essentiel durant la grossesse.
Pour en comprendre la fonction, il faut savoir que cet organe temporaire joue un rôle fondamental dans le développement du fœtus. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il réalise plusieurs fonctions vitales : il fournit à l’embryon ou au fœtus l’oxygène et les nutriments nécessaires à sa croissance, tout en assurant l’élimination des déchets produits, comme le dioxyde de carbone et d’autres substances métaboliques. Le placenta constitue aussi une barrière, protégeant le bébé contre certaines substances toxiques ou pathogènes. Il participe également à la modulation du système immunitaire maternel, car le fœtus reste un intrus dans le corps de la mère. En plus de ces fonctions, il dialecte la production d’hormones et d’autres agents nécessaires à la naissance en bonne santé.
Ce réseau complexe de vaisseaux sanguins — s’étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres — constitue un véritable échange entre la mère et l’enfant. Une fois la grossesse terminée, le placenta doit être expulsé lors de l’accouchement. Certaines personnes choisissent alors de le consommer, une pratique connue sous le nom de placentophagie, qui a connu un essor récent, notamment dans certains pays comme les États-Unis.
La consommation du placenta : quels enjeux ?
Les partisans de la placentophagie avancent que manger du placenta, que ce soit cru, cuit, rôti, en smoothie ou sous forme de capsules, pourrait apporter divers bienfaits. La méthode la plus populaire reste l’encapsulation, qui consiste à cuire le placenta à la vapeur, puis à le déshydrater avant de le réduire en poudre et de le mettre en capsules.
Les adeptes soutiennent que le placenta est riche en hormones, vitamines et autres nutriments qui seraient bénéfiques pour la mère. Selon eux, cette pratique naturelle aurait des effets positifs, tels qu’une réduction de la dépression post-partum, une amélioration du taux de fer, une augmentation de l’énergie ou encore une meilleure production de lait. Certains évoquent également un renforcement des liens entre mère et enfant comme avantage.
Cependant, alors que plusieurs témoignages et anecdotes rapportent des bénéfices liés à la consommation du placenta, aucune recherche scientifique solide ne confirme ces bénéfices tous azimuts. Une étude publiée en 2018 dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology précise : « Il n’existe aucune preuve scientifique que la placentophagie ait un quelconque avantage clinique pour l’humain. Aucun nutriment ou hormone encapsulé n’est conservé en quantité suffisante pour être utile à la mère après l’accouchement. »
Par ailleurs, cette pratique comporte des risques, notamment liés à la contamination. L’encapsulation ne garantit pas la désinfection complète du placenta, ce qui peut entraîner des infections pour la mère et le nouveau-né. En 2016, une Infection grave a été signalée en Oregon, où un nouveau-né a été hospitalisé à cause d’une infection à streptocoque B, transmise par des capsules de placenta contaminé ingérées par sa mère pendant qu’elle allaitait. Les autorités sanitaires américaines, le Centre de contrôle et de prévention des maladies, avaient alors recommandé d’éviter la consommation de capsules de placenta pour cette raison.
Ce que dit la législation française
En France, la réglementation se montre particulièrement stricte concernant la gestion du placenta. Lorsqu’il n’est pas utilisé à des fins médicales ou scientifiques, le placenta est considéré comme un déchet d’activités de soins à risque infectieux, selon l’article R.1335-1 du Code de santé publique. Cela concerne principalement toutes les substances issues des activités médicales ou vétérinaires telles que le diagnostic, le traitement ou le suivi médical.
Les seules méthodes d’élimination autorisées pour ces déchets sont l’incinération ou un traitement préalable par désinfection, avant leur élimination avec les ordures classiques. Comme le stipule l’article 16-1 du Code civil, le corps humain, ses éléments et ses produits, y compris le placenta, ne sauraient faire l’objet d’un quelconque droit patrimonial, ce qui signifie qu’il n’appartient ni à la mère, ni à ses proches, ni à un tiers. En 2012, face à des propositions commerciales visant à acheter ou à récupérer illicite des placentas ou cordons ombilicaux, la France a pris soin d’émettre une circulaire rappelant que les femmes ne peuvent pas récupérer leur placenta après l’accouchement et que toute organisation souhaitant en prendre possession doit être expressément autorisée. Ces mesures visent à encadrer la gestion de ces éléments biologiques, en insistant sur le respect de la réglementation et la protection de la santé publique.
Ce cadre juridique strict confirme que la pratique de consommation du placenta, en dehors d’études médicales ou protocoles spécifiques, n’est pas autorisée en France, considérant cette matière comme un déchet biologique soumis à des règles très strictes.
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