Maëva Squiban, de la blague au rêve : sur les traces de Mottet au Tour de France femmes 2025

Sophie Lambert

Maëva Squiban : De blague à exploit inattendu lors du Tour de France Femmes 2025

Une confidence humoristique devenue réalité spectaculaire

Au début, c’était simplement une plaisanterie qu’elle avait lancée, sans penser qu’elle prendrait une tournure aussi exceptionnelle. Ce vendredi, pour Maëva Squiban, ce qui aurait pu rester une taquinerie s’est transformé en un véritable rêve. Lors de l’échauffement avec son entraîneur, elle a lancé en plaisantant : « Aujourd’hui, je pars dès le coup d’envoi », un commentaire qui, en réalité, allait devenir le début d’un épisode mémorable. Après s’être de nouveau imposée, elle a reporté ses propos en rigolant et en évoquant cette volonté de tout donner dès le départ. Son comportement flirte avec la confiance, mais personne ne pouvait deviner qu’elle avait derrière la tête un plan aussi audacieux. Visiblement, elle était encore imprégnée de l’euphorie de sa victoire la veille, une étape qu’elle avait déjà su marquer de son empreinte. La Bretonne, originaire de Brest, n’a pas attendu longtemps pour passer à l’offensive puisque, dès le départ de la course à Bourg-en-Bresse, elle a été la première à lancer une attaque. Son esprit combatif était palpable, même si elle était loin de se douter qu’elle était en train de poser les premiers jalons d’un doublé sensationnel, un accomplissement qui resterait dans les mémoires.

Une étape tactiquement riche, marquée par la détermination et le courage

Après une étape particulièrement éprouvante, Maëva Squiban a laissé apparaître la fatigue autant mentale que physique. La coureuse de l’équipe UAE-ADQ, qui confiait avoir vécu l’une des journées les plus longues de sa vie, a dû lutter contre une organisation difficile sous la pression d’un groupe d’une vingtaine de concurrentes. Rapidement, elle s’est retrouvée sous surveillance constante, tout en coupant court à ses espoirs de victoire à Chambéry, pensant peut-être que son effort final serait vain dans cette configuration. Cependant, c’est dans cette atmosphère tendue que son entraîneur, l’Espagnol Alejandro Gonzalez-Tablas, lui a donné une impulsion essentielle pour y croire encore. Lors d’une étape plus tactique que la précédente, la Française a dû faire preuve d’intelligence en plaçant une nouvelle attaque à seulement 2,6 kilomètres du sommet du col du Granier. Son objectif était clair : empêcher le groupe du Maillot Jaune de revenir dans sa roue. La dextérité et le courage ont été ses alliés, et elle a réussi à déposer Mareille Meijering, la Néerlandaise de Movistar, qui était encore la seule à pouvoir lui rivaliser. La fin de l’étape s’est poursuivie avec une descente effrénée, rappelant le final de la veille : la montée triomphale vers l’arrivée, avec en ligne de mire la ligne d’arrivée, où l’émotion pouvait enfin se libérer. Sur cette dernière ligne droite, entre déferlantes de joie et larmes de bonheur, Maëva savait qu’elle venait de marquer d’une pierre blanche cette étape, sans en avoir totalement conscience ce vendredi soir. Cependant, cette victoire pourrait bien marquer un tournant dans sa vie sportive. Elle confiait, quelques heures plus tôt, admirer Wout Van Aert et Pauline Ferrand-Prévot, des coureurs tenaces qui ne cessent d’attaquer. À force d’admirer ces modèles, elle commence à leur ressembler fortement et à développer cet esprit combatif qui la pousse à aller toujours plus loin.

Une performance historique et révélatrice d’un avenir brillant

Ce doublé consécutif d’étapes sur le Tour de France Femmes 2025 est une prouesse remarquable, d’une rareté totale pour la compétition française. En effet, cela n’était plus arrivé depuis 34 ans, lorsqu’en 1991, Charly Mottet avait enchaîné la 11e et la 12e étape, après une journée de repos. Maëva Squiban, jusqu’ici méconnue dans le peloton et évoluant encore en 2023 dans une modeste formation Stade Rochelais Charente-Maritime, semble désormais destinée à sortir de l’ombre. Son calme apparent, exprimé ce vendredi soir, témoigne qu’elle n’a pas encore réalisé toute la portée de son exploitation, mais elle sait que cela viendra avec le temps. Son succès inattendu fait d’elle une figure à suivre, et sa détermination pourrait bien la propulser vers de nouvelles aventures. Son histoire, jusque là bâtie dans la discrétion, est en train de prendre une tournure spectaculaire, et personne ne doute qu’elle a désormais la capacité de s’inscrire parmi les grands noms du cyclisme féminin. La jeune cycliste confiait, récemment, admirer deux géants du sport : Wout Van Aert chez les hommes, et Pauline Ferrand-Prévot dans la catégorie féminine, tous deux réputés pour leurs attaques incessantes. Elle aspirait alors à leur ressembler, à leur quête perpétuelle pour la victoire. La performance de vendredi la hisse à un niveau supérieur, un signal fort de son potentiel et de ses ambitions nouvelles qui semblent inébranlables, annonçant peut-être une ère nouvelle pour la jeune cycliste bretonne.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.