Le prédiabète : une étape intermédiaire dans le risque de diabète de type 2
À l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète, il est essentiel de s’intéresser à la condition qu’est le prédiabète, une situation qui concernerait environ 10 % de la population mondiale. Le prédiabète se caractérise par une glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang, qui se situe dans une zone intermédiaire entre une valeur considérée comme normale et celle qui nécessite un diagnostic de diabète de type 2. Pourtant, il reste possible d’éviter la progression vers un diabète complet. La question se pose : comment peut-on agir pour prévenir cette évolution ?
Selon une étude récente menée par des chercheurs américains et publiée dans la revue spécialisée Journal of the American Medical Association (JAMA), un programme de changement d’habitudes de vie, proposé à l’aide d’une intelligence artificielle (IA), se révélerait aussi efficace qu’un suivi traditionnel par un professionnel de la santé. Ce programme, destiné aux individus prédiabétiques en surpoids, viserait à améliorer la contrôle de leur glycémie et ainsi à diminuer leur risque de développer un diabète de type 2. Il s’agit d’une avancée significative puisque ces modifications du mode de vie, incluant l’alimentation et l’activité physique, sont essentielles dans la potentialité de rendre cette étape réversible. Cependant, dans la pratique, l’adhésion à ces démarches pluridisciplinaires reste fragile, et leur efficacité tend à diminuer lorsque le suivi n’est pas maintenu sur le long terme, ou que le soutien n’est pas constant.
Face à ces limites, une équipe de chercheurs issus de l’Université Johns Hopkins à Baltimore a imaginé recourir à l’intelligence artificielle pour offrir un accompagnement plus ajusté, personnalisé et continu. Grâce à l’usage d’outils tels que des balances connectées ou des conseils individualisés sur l’activité physique et la nutrition, ils ont voulu pallier le déficit de suivi humain. Dans le cadre de leur étude, le soutien n’était pas assuré par un professionnel en personne, mais par des sessions en visioconférence, d’abord hebdomadaires, puis espacées à deux par mois, pour assurer une continuité dans l’accompagnement.
L’expérimentation s’est concrétisée dans un essai clinique de phase III, très rigoureux, rassemblant 368 adultes en obésité ou en surpoids, avec une médiane d’âge de 58 ans, et présentant un état prédiabétique. Réalisée entre 2021 et 2024 dans deux centres américains situés à Baltimore et Reading, cette étude compare deux stratégies d’accompagnement.
Coaching humain versus coaching par IA : une égalité remarquable
Les résultats de cette recherche montrent que le coaching via intelligence artificielle est aussi performant que celui réalisé par un professionnel de santé. Les principaux critères pour évaluer l’efficacité regroupent la capacité à maintenir une HbA1c (un indicateur glycémique) inférieure à 6,5 %, seuil biologique du diabète, tout en atteignant au moins un des objectifs suivants : une perte de poids d’au moins 5 %, ou une perte de 4 % associée à au moins 150 minutes par semaine d’activités physiques modérées à intenses, ou enfin une réduction d’au moins 0,2 point du taux d’HbA1c sur un an.
En pratique, environ 31,7 % des participants suivis par l’IA ont atteint ces normes, contre 31,9 % dans le groupe encadré par un coach humain. De plus, la proportion de personnes dont la HbA1c a dépassé le seuil de 6,5 %, ce qui signifierait une conversion en diabète, n’a pas différemment évolué entre les deux groupes : 4,4 % pour le coaching automatisé contre 3,8 % pour l’accompagnement traditionnel. Ces données soulignent la robustesse du dispositif d’IA dans ce contexte de prévention.
La prévention du diabète de type 2 grâce à l’intelligence artificielle : une solution plus accessible et adaptée
Un autre point positif relevé lors de cette étude concerne le taux d’engagement : un nombre plus élevé de participants ont commencé puis terminé le programme lorsqu’il était géré par l’intelligence artificielle. En effet, 93,4 % d’entre eux ont démarré le programme, et 63,9 % l’ont fini, contre 82,7 % et 50,3 % respectivement dans le groupe bénéficiant d’un coaching humain. La conclusion des chercheurs est claire : un programme de prévention du diabète entièrement automatisé et piloté par une intelligence artificielle peut représenter une alternative efficace, notamment en termes de perte de poids, d’activité physique régulière, et de contrôle glycémique, chez les adultes en situation de prédiabète et en surpoids ou obésité.
Ce résultat revêt une importance particulière dans un contexte où la disponibilité de professionnels de la santé se raréfie. La mise en œuvre d’un dispositif entièrement automatisé, moins coûteux, pourrait pallier en partie ces contraintes démographiques, tout en offrant un suivi de qualité, personnalisé pour chaque patient prédiabétique. En termes simples, l’intégration de l’IA dans ces programmes de prévention pourrait devenir une solution à la fois pratique, efficiente et économiquement avantageuse, avec le potentiel d’élargir la portée des stratégies de lutte contre le diabète de type 2.






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