Une revalorisation du mobilier médiéval : entre image d’obscurité et recherche de diversité
L’image communément associe le Moyen Âge à une période sombre, dépourvue de finesse ou d’élégance, dont l’Occident n’aurait réussi à émerger qu’avec la Renaissance, importée d’Italie et de Byzance. Selon cette vision, l’ameublement médiéval serait constitué d’objets brutaux, volumineux, aux finis rudimentaires, ce qui aurait longtemps freiné l’intérêt des historiens d’art ainsi que des professionnels du marché de l’art, pour cette période. Ces dernières décennies, cependant, cette vision quelque peu réductrice a été remise en question, à commencer par les études archéologiques qui dévoilent une réalité plus complexe et nuancée.
Une diversification dans l’expression des meubles au fil du temps
Les fouilles et les recherches archéologiques indiquent qu’il ne faut pas limiter l’image du mobilier du Moyen Âge à une uniformité monotone. En réalité, même pour une même période, la variété des meubles est considérable. L’analyse minutieuse des vestiges recueillis montre une continuité dans les formes, ainsi qu’une stabilité dans les techniques de fabrication sur de longues périodes. Cependant, cette apparente stabilité cache une volonté d’adaptation qui se manifeste dans la diversité des mobiliers selon les régions et les usages spécifiques. Qu’il s’agisse d’un simple tabouret, d’un fauteuil plus élaboré ou encore d’un coffre ou d’une armoire, chaque pièce témoigne d’un soin particulier dans sa conception, adaptée aux besoins précis des utilisateurs. Ces nécessités, qui se déploient à travers le temps et l’espace, montrent que le mobilier médiéval n’était pas uniforme mais répondait à une logique d’usage et de fonctionnalité spécifique.
Ce constat encourage une lecture renouvelée de cette période et de ses objets. La conception des meubles médiévaux s’inscrivait dans un contexte où chaque pièce devait répondre à une fonction particulière, tout en étant façonnée selon les ressources, les styles et les goûts locaux. La diversité retrouvée dans ces vestiges prouve que l’époque médiévale, loin d’être un siècle de rudesse, était aussi celle d’une complexité artisanale et d’une recherche constante d’adaptation.
Le prochain jeudi 13 novembre à 18 heures, une conférence organisée à l’auditorium des Musées de Strasbourg (MAMCS), situé au 1, place Hans-Jean-Arp dans la ville, apportera un éclairage supplémentaire sur ce sujet. La séance sera ouverte au public, avec une entrée gratuite dans la limite des places disponibles. Ceux qui souhaitent approfondir cette thématique pourront ainsi découvrir la richesse insoupçonnée de l’art mobilier médiéval, souvent dévalué ou simplifié dans l’imaginaire collectif.
L’intérêt croissant pour cette période et ses créations se manifeste aussi dans l’attention portée à leurs couleurs et à leur symbolique. Michel Pastoureau, médiéviste renommé, a entrepris d’étudier en détail l’histoire des couleurs dans l’art sacré et mobilier de nos églises, révélant que la lumière et la vanité y jouent un rôle essentiel dans la perception des œuvres, mais aussi dans leur symbolique. Ces travaux modernes contribuent à une lecture plus fine et plus respectueuse du Moyen Âge, en mettant en lumière une période souvent considérée comme sombre, mais en réalité riche de nuances et de créations variées.






