Les statines endommagent les muscles, découvrez comment le prévenir et y remédier

Sophie Lambert

Les statines : un médicament clé pour la santé cardiovasculaire sous revue

Depuis plus de trois décennies, les médicaments appelés statines jouent un rôle crucial dans la prévention des maladies cardiaques. Leur efficacité repose principalement sur leur capacité à réduire considérablement le taux de cholestérol LDL, souvent désigné comme le « mauvais » cholestérol, qui est un facteur de risque majeur pour l’apparition d’infarctus du myocarde ou d’accidents vasculaires cérébraux. En inhibant une enzyme spécifique impliquée dans la synthèse du cholestérol dans le corps, ces médicaments permettent d’abaisser la quantité de cholestérol circulant dans le sang, ce qui contribue à réduire le danger d’événements cardiovasculaires potentiellement graves.

Une compréhension approfondie du mécanisme d’action des statines

Les recherches menées par l’Université de la Colombie-Britannique, située à Vancouver, ont permis d’éclaircir davantage le mode d’action de ces médicaments sur un plan cellulaire. Ces études, publiées dans la revue Nature Communication, ont mis en évidence comment les statines interfèrent avec une protéine musculaire essentielle, appelée récepteur de la ryanodine, qui contrôle la libération de calcium à l’intérieur des cellules musculaires. Lorsqu’un muscle doit se contracter, ce récepteur s’ouvre temporairement, permettant au calcium de pénétrer dans la cellule. Cependant, en se fixant à ce récepteur, les statines provoquent une ouverture persistante, entraînant une fuite continue de calcium. Ce phénomène peut entraîner des effets toxiques sur les tissus musculaires, pouvant causer des douleurs, une faiblesse musculaire, et dans certains cas, une destruction musculaire grave connue sous le nom de rhabdomyolyse, pouvant conduire à une insuffisance rénale. C’est une avancée scientifique majeure, car c’est la première fois que cette interaction précise entre ces médicaments et la protéine musculaire a été visualisée avec une telle précision grâce à la cryo-microscopie électronique à haute résolution.

Les effets secondaires musculaires des statines : une préoccupation mise en lumière

Selon les spécialistes, de nombreux patients trouvent préoccupants certains effets secondaires liés à la prise de statines. Ces effets, bien que généralement rares, restent importants, notamment pour ceux qui doivent prendre ces traitements sur le long terme. Parmi les effets indésirables rapportés, on trouve principalement des douleurs musculaires, des crampes ou une sensation de fatigue dans les muscles. Bien que graves, comme la rhabdomyolyse, ne concernent qu’une petite fraction des millions d’utilisateurs dans le monde — environ cinq millions en France —, ces symptômes plus bénins sont beaucoup plus courants. Il est estimé qu’entre 10 et 25 % des patients sous statines ressentent des douleurs musculaires, ce qui pousse certains à interrompre leur traitement en raison de l’inconfort.

Un impact reconnu sur la majorité des patients traités

Ces douleurs musculaires peuvent varier en intensité, allant de sensations légères à des douleurs plus marquées, souvent accompagnées de crampes ou d’une fatigue inhabituelle. Malgré l’efficacité reconnue des statines dans la réduction des risques cardiovasculaires, leur utilisation peut être entravée par ces effets secondaires, poussant à une meilleure compréhension et à une éventuelle amélioration des médicaments. Les chercheurs estiment que la majorité des patients traités, notamment en France, sont susceptibles de faire face à ces désagréments à un degré plus ou moins marqué.

L’étude sur l’interaction moléculaire : de nouvelles perspectives

Afin d’explorer en profondeur la cause de ces effets secondaires musculaires, une équipe de chercheurs a utilisé la cryo-microscopie électronique de très haute résolution. Leur objectif était d’observer comment les statines se lient aux protéines musculaires, en particulier à la protéine réceptrice de la ryanodine. Résultats à l’appui, ils ont montré que lorsqu’un patient consomme une statine, celle-ci se fixe précisément sur ce récepteur, forçant son ouverture et provoquant une fuite excessive de calcium. Ce dysfonctionnement entraîne une surcharge en calcium à l’intérieur des cellules musculaires, causant des dommages aux tissus et expliquant ainsi certains des maux ressentis.

Une nouvelle direction pour les futures statines

Les travaux menés ont principalement porté sur l’atorvastatine, l’une des statines les plus couramment prescrites. Cependant, les résultats obtenus suggèrent que cet effet indésirable pourrait être partagé par toute la classe des statines. Les chercheurs voient dans cette avancée un progrès significatif, offrant l’espoir de concevoir à l’avenir des molécules de nouvelle génération. Ces futures statines pourraient notamment être élaborées de façon à ne pas interagir avec le tissu musculaire, tout en conservant leur efficacité dans la baisse du cholestérol.

Vers une nouvelle génération de médicaments hypocholestérolémiants

En modifiant spécifiquement certaines parties de la molécule de statine responsables des effets indésirables, les scientifiques espèrent préserver la capacité du médicament à contrôler le cholestérol sanguin tout en minimisant les risques pour les muscles. Ces innovations pourraient représenter une étape cruciale pour améliorer l’observance thérapeutique et la qualité de vie de millions de patients à travers le monde, pour qui la prévention cardiovasculaire est une priorité.

Les recommandations officielles confirment toutefois qu’en dépit de ces effets secondaires, le bénéfice global apporté par les statines demeure indiscutable. En France, les autorités de santé rappellent que, même si des troubles musculaires, comme des douleurs ou des crampes, peuvent survenir, la rhabdomyolyse est extrêmement rare, survenant généralement dans les premiers jours du traitement, sans signe préalable. Cette complication grave, qui peut entraîner une insuffisance rénale ou être fatale, se manifeste par des douleurs musculaires intenses, une faiblesse importante, une destruction musculaire massive, ainsi qu’une coloration rougeâtre des urines, témoignant de la libération de pigment musculaire dans l’urine.

En définitive, même si des effets secondaires existent, ils restent marginaux face aux bénéfices apportés par ces médicaments pour la santé cardiovasculaire. La recherche continue d’évoluer, avec pour objectif d’optimiser la tolérance et l’efficacité des traitements à l’avenir, pour le bien des patients qui comptent sur eux pour préserver leur vie.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.