Les signes d’alerte du cancer du pancréas à connaître en matière de santé

Sophie Lambert

Une augmentation inquiétante du cancer du pancréas et ses enjeux de détection précoce

En 2023, près de 16 000 nouveaux cas de cancer du pancréas ont été recensés en Europe et aux États-Unis, témoignant d’une tendance à la hausse depuis la fin des années 1990. La prévalence de cette maladie digestive ne cesse d’augmenter au fil des décennies. Selon les spécialistes, si cette tendance se maintient, le cancer du pancréas pourrait dépasser celui des poumons pour devenir la deuxième cause de mortalité par cancer dans ces régions d’ici 2030, juste derrière le cancer du poumon. Cette prévision alarme la communauté médicale, car il s’agit d’un cancer particulièrement redouté en raison de ses caractéristiques évolutives et diagnostiques.

Le pronostic des cancers du pancréas reste défavorable. La majorité des tumeurs évoluent silencieusement, souvent sans signes avant-coureurs évidents. Par conséquent, la détection se fait généralement tardivement, lorsque la maladie est déjà à un stade avancé ou métastatique. La survie à cinq ans pour ce type de cancer est faible, estimée à environ 10 %. Les interventions chirurgicales ne sont possibles que dans une minorité de cas, environ 15 %, principalement en raison du retard de diagnostic et des délais souvent trop longs pour la prise en charge appropriée. La rapidité de la détection est donc cruciale pour améliorer les chances de traitement et de survie.

Face à cette situation, l’initiative SOS pancréas, soutenue par le Dispositif spécifique du cancer en région Auvergne-Rhône-Alpes (ONCO AURA) et par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS Médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes), cherche à sensibiliser aussi bien les professionnels de la santé que le grand public. L’objectif est de favoriser la détection précoce du cancer du pancréas.

Une affiche créée dans ce cadre recense dix signes à ne pas sous-estimer, qui peuvent indiquer la présence d’un cancer du pancréas. La campagne insiste sur le fait que cette maladie peut évoluer sans symptôme apparent au début, ce qui explique sa detection souvent tardive. Le message inscrit au bas de l’affiche souligne : « Le cancer du pancréas est souvent silencieux, et beaucoup de cas ne sont diagnostiqués qu’à un stade avancé. Si vous ressentez depuis un certain temps un ou plusieurs de ces symptômes, il est conseillé de consulter rapidement un professionnel de santé. »

Quels sont ces signes à surveiller ?

Les symptômes associés à un cancer du pancréas sont nombreux et peuvent constituer des indices précoces, même si ces signaux restent parfois vagues ou fréquents dans d’autres maladies. Ces signes incluent tout d’abord des nausées accompagnées d’une perte d’appétit. Un état dépressif ou un sentiment de fatigue persistante peuvent également faire partie des premiers indicateurs. Des douleurs localisées dans la partie médiane du dos, souvent diffuses, sont également couramment rapportées.

Un changement récent dans la gestion du diabète, notamment son apparition sans augmentation de poids, peut aussi être un signe annonciateur. Des anomalies du transit intestinal, telles que des diarrhées récurrentes, des selles pâles ou grasses, renseignent également sur une éventuelle perturbation digestives en lien avec la maladie. La présence de thromboses veineuses profondes, qui se manifestent par des douleurs ou des enflures brusques, peut aussi faire partie des signaux d’alerte.

Les douleurs abdominales localisées dans la région épigastrique, c’est-à-dire au niveau du haut de l’estomac, doivent également être prises en compte. La jaunisse, qui provoque un jaunissement de la peau et des yeux, survient lorsque la bile s’accumule et indique souvent une obstruction du canal biliaire. De plus, un amaigrissement rapide, associé à une perte de masse corporelle, ainsi qu’une fatigue intense qui n’a pas d’explication évidente, font partie des autres symptômes à surveiller.

Il est important de noter que ces signaux, bien qu’assez nombreux, restent parfois non spécifiques. Néanmoins, une sensibilisation accrue auprès des patients et des soignants pourrait permettre d’accélérer la reconnaissance de ces symptômes et d’intervenir plus tôt dans le parcours diagnostique, améliorant ainsi les perspectives de traitement et de survie pour les personnes concernées.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.