Les parents parfaits sur Instagram : quand les réseaux sociaux suscitent la culpabilisation

Sophie Lambert

Les illusions créées par l’imagerie parfaite sur Instagram


Dans l’univers d’Instagram, il est monnaie courante de tomber sur des images qui semblent tout droit sorties d’un rêve : des fêtes d’anniversaire impeccablement orchestrées, des repas maison soigneusement présentés ou encore des enfants arborant des sourires constants. Ces comptes de parents semblent maîtriser chaque aspect de leur quotidien avec une aisance déconcertante. Cependant, derrière cette apparence de perfection, il faut garder en tête une réalité bien différente. Les images partagées en ligne sont souvent sélectionnées avec soin, filtrées pour supprimer toute imperfection et ne révéler que le meilleur côté de la parentalité. Ce « paradis numérique » peut finir par générer une pression considérable chez les parents, car ils se comparent à des standards souvent inaccessibles ou irréalistes. La psychologue Marion Inigo, exerçant à Montauban, insiste sur ce point en rappelant qu’il est capital de garder à l’esprit que ces images sont hors de portée pour beaucoup, étant donné leur caractère artificiel. La réalité quotidienne derrière chaque photo est bien plus nuancée. Les moments difficiles, les pleurs en transport en commun ou les crises passagères ne sont pas montrés, car ils ne correspondent pas à l’image idéale que ces comptes veulent donner. La psychologue ajoute que ces représentations peuvent rapidement devenir des références, voire des normes à atteindre, ce qui peut alimenter une comparaison constante. Une telle pratique peut engendrer une anxiété profonde, surtout pour ceux qui se sentent impuissants face à des attentes si élevées, difficiles à réaliser dans la vie réelle.

Les défis de l’éducation positive face aux pressions sociales


De nos jours, la démarche éducative basée sur la bienveillance et l’approche positive est largement diffusée comme étant la méthode la plus recommandée pour élever ses enfants dans un climat de compréhension et d’amour. Bien que cette philosophie offre effectivement de nombreux avantages, elle peut aussi faire naître une pression intenable chez certains parents. Il s’agit souvent d’un sentiment d’échec lorsque l’on ne parvient pas à incarner tous les jours une parentalité parfaite et toujours douce. Marion Inigo insiste sur un point essentiel : devenir un bon parent ne veut pas dire être parfait à chaque instant. La clé réside dans l’écoute attentive des besoins de son enfant tout en prenant soin de ses propres exigences. Il faut accepter que des moments de tension, des erreurs ou des imperfections font partie intégrante de l’exercice parental. Il est également crucial d’établir des règles et des limites claires, car un cadre structurant est indispensable pour garantir un environnement rassurant à l’enfant. La psychologue souligne que ce qui n’est que rarement montré sur Instagram, c’est justement l’équilibre entre bienveillance et cadre strict, essentiel pour un développement harmonieux. En somme, l’éducation ne doit pas se limiter à une quête de perfection morale, mais intégrer aussi la nécessité de poser des limites et de structurer la vie quotidienne pour préserver la sécurité et le bien-être des plus jeunes.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.