Les Nouveaux Échanges de Service : La Montée en Puissance des Kiosques Laverie À l’ère où la présence de points de vente et de services devient omniprésente dans nos quotidiens, il n’est pas rare de croiser, près d’un supermarché, d’une station-service ou dans un centre commercial, ces petits établissements aux couleurs bleues et grises. En quelques années, ces stations automatiques de lavage de linge ont peu à peu envahi les parkings des régions rurales et en zones périurbaines, suivant une tendance qui s’inscrit dans la logique de la diversification des services accessibles au public, à l’image des distributeurs de pizzas automatiques que l’on voit fleurir dans certains lieux publics.
Avec l’arrivée de la rentrée, de nombreux Français se dirigent vers ces laveries automatiques, ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La société Wash.me, qui domine ce secteur, enregistre une majorité de ses revenus entre la fin du printemps et l’automne, période durant laquelle la demande pour des ménages de saison ou de grandes opérations de lessive est la plus forte. La filiale du groupe ME, maison mère aussi propriétaire de Photomaton, affirme que de plus en plus de consommateurs optent pour le lavage en dehors de leur domicile, ce qui représente une évolution notable dans leurs habitudes de consommation.
Une stratégie commerciale prometteuse
Le parc de kiosques Wash.me, qui compte désormais environ 5 000 unités dispersées dans tout le pays, a doublé de taille en seulement cinq ans. La société vise dorénavant à réaliser 11 millions de cycles de lavage en 2025, ce qui reviendrait à augmenter d’un million le volume de lessives traitées par rapport à l’année précédente. La société mère souligne même avoir enregistré une rentabilité inédite durant le premier semestre de l’année, avec une croissance du chiffre d’affaires liée à ses activités dans le secteur de la blanchisserie de l’ordre de 13,3 %. D’autres enseignes comme Freshing, Wash’n Dry ou Ma Petite Laverie ont rapidement compris le potentiel de ce marché et s’y sont lancées à leur tour.
Le succès considérable de ces points de lavage peut surprendre, alors que près de 96 % des ménages français possèdent déjà un lave-linge, selon les données de l’Insee, et que la vente de ces appareils est restée relativement stable en 2024. Selon Patrick de Baecque, le directeur général France de ME Group, cette croissance s’explique avant tout par la facilité d’utilisation qu’offre ce service.
Une offre axée sur la commodité et la capacité
Les kiosques Wash.me sont généralement situés dans des stations de parking de grands magasins ou de centres commerciaux. Leur conception facilite le déplacement et la rapidité du passage, permettant au client d’acheter du temps pour faire ses courses pendant que ses vêtements tournent dans la machine. Un système de notification par SMS rappelle au client de venir récupérer son linge quelques minutes avant la fin du cycle, ajoutant à la simplicité du processus. Ce dispositif favorise une clientèle fidèle, qui génère un trafic supplémentaire pour les établissements environnants, dont une partie significative du chiffre d’affaires de la laverie – entre 15 et 20 % – est réinvestie dans celles-ci, selon Patrick de Baecque.
Il faut aussi souligner que parmi ces utilisateurs, 37 % possèdent leur propre machine chez eux, mais se servent de ces kiosques pour laver des objets volumineux comme des couettes ou des rideaux, ou tout simplement pour effectuer de grosses lessives. La majorité de la clientèle, cependant, est composée d’usagers ponctuels, souvent contraints par une panne ou un changement de résidence, représentant environ 15 % des usagers. Une part importante est également constituée de professionnels, notamment dans le secteur de la location meublée ou du tourisme, qui représentent à peu près 12 %, ainsi que de personnes qui n’ont pas d’équipement chez eux par choix, manque d’espace ou de moyens, ce qui concerne environ 36 % des usagers. Patrick de Baecque observe que le succès de ces points de lavage est particulièrement notable dans les quartiers populaires.
Une tendance à la généralisation du recours au service
Le tarif d’un lavage dans l’une de ces laveries en libre-service oscille entre cinq et 12 euros, selon le poids du linge. Ce montant inclut la lessive mais exclut d’autres options possibles comme le prélavage ou l’adoucissant. La proposition commerciale se veut être une alternative plus économique et plus rapide que le lavage traditionnel au pressing, à condition qu’une laverie proche de chez soi soit accessible. Cependant, le recours à cette solution suscite encore certaines réticences, notamment chez ceux qui préfèrent garder leur linge à l’abri des regards.
Le développement de ce marché pourrait cependant changer rapidement la donne, puisque la France compte actuellement environ une laverie pour 19 000 habitants. Patrick de Baecque estime que le pays en est encore à la moitié de son potentiel dans ce domaine. La société prévoit, d’ici la fin de l’année, d’attirer de nouveaux utilisateurs grâce à une application mobile capable d’indiquer en temps réel la disponibilité des machines. Elle espère aussi étendre son réseau dans les centres-villes par la voie de franchises et, à terme, augmenter substantiellement la taille de son parc de points de lavage.
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