Les jeunes dépressifs et anxieux passent plus de temps sur les réseaux sociaux

Sophie Lambert

L’impact des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes : une étude révélatrice

Les espaces numériques offrent souvent un refuge pour les jeunes en période de difficulté ou de détresse. Une enquête menée au Royaume-Uni a impliqué plus de 3 000 enfants et adolescents, fournissant ainsi un aperçu précis de leurs comportements en ligne. Selon cette recherche, les jeunes souffrant de dépression ou d’anxiété ont tendance à consacrer en moyenne cinquante minutes supplémentaires par jour aux réseaux sociaux par rapport à leurs pairs. Ce constat soulève des questions sur le rôle de ces plateformes dans le développement de problèmes psychologiques chez les adolescents.

L’étude s’est concentrée sur le profil de jeunes âgés de 11 à 19 ans, en utilisant des données recueillies par le biais du système de santé national en 2017. Parmi eux, au moins 16 % présentaient un ou plusieurs troubles liés à la santé mentale, tandis que 8 % étaient atteints de troubles dits « extérieurs », tels que la dépression ou l’anxiété. Les résultats démontrent que ces jeunes plus vulnérables sont exposés à un contenu souvent négatif ou source d’angoisse, diffusé sur les plateformes numériques. Cette influence peut aggraver leur souffrance psychologique en favorisant l’impression de se comparer à d’autres ou en étant submergés par une avalanche de commentaires désobligeants ou stressants, qui pullulent en ligne.

Une majorité d’adolescents connectés aux réseaux sociaux

Les statistiques issues de cette étude, publiée dans la revue scientifique Nature Human Behaviour, servent aussi d’alerte aux familles et aux éducateurs. Anne Marie Albano, professeure en psychologie médicale à l’Université de Columbia, insiste sur l’importance de surveiller de très près l’activité en ligne des jeunes, en particulier ceux montrant des signes d’anxiété ou de dépression ou simplement une humeur changeante. Selon ses propos, il est crucial de rester vigilant face à leur usage des médias sociaux, car cela peut parfois accentuer leur mal-être, voire aggraver leurs vulnérabilités.

L’analyse de cette étude d’envergure, qui s’appuie sur un corpus inédit dans son domaine, a pour objectif d’inspirer des mesures concrètes de la part des autorités concernées. Luisa Fassi, qui a participé à la recherche, estime que ces données peuvent servir de base pour élaborer des stratégies d’interventions ciblées. Par exemple, il serait possible de développer des techniques permettant à la jeunesse de mieux gérer leur consommation de médias sociaux ou d’atténuer la tendance à la comparaison sociale excessive, qui peut nourrir un mal-être profond.

En parallèle, en France, une étude réalisée en 2023 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire souligne qu’à la même période, 90 % des jeunes âgés de 13 à 17 ans utilisaient les réseaux sociaux. Parmi eux, Instagram, TikTok et Snapchat détiennent la part du lion en termes de popularité dans cette tranche d’âge. Ces chiffres montrent que le recours aux plateformes sociales fait partie intégrante du quotidien des adolescents, ce qui rend essentiel de mieux comprendre leur influence sur leur état psychologique pour mieux les accompagner dans leur développement.

En somme, cette recherche renforce l’idée qu’une vigilance accrue s’impose quant à l’usage des réseaux sociaux chez les jeunes, notamment ceux qui traversent des périodes de vulnérabilité. La nécessité de sensibiliser et d’accompagner ces adolescents dans leur rapport au numérique apparaît comme une priorité pour éviter des effets délétères sur leur santé mentale future.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.