L’impact croissant des prix sur les abonnements de streaming : une crise de plus en plus palpable
Une réfléxion sérieuse sur l’abandon des abonnements
Un résident de Niederbronn, dans le Bas-Rhin, âgé de 65 ans, du nom de Grégoire, a confié à notre média sa volonté de potentiellement résilier son abonnement à une plateforme de streaming, en déclarant : « Je pense sérieusement à arrêter mon abonnement. » Il a ainsi répondu à notre appel à témoignages, témoignant d’un ressenti partagé par de nombreux Français face à l’augmentation constante des coûts de ces services. Effectivement, la majorité des grands acteurs du secteur ont décidé de revoir à la hausse leurs prix depuis quelques années, aggravant ainsi le sentiment de frustration chez leurs abonnés.
Au début de l’année, Netflix, par exemple, a annoncé une nouvelle augmentation de ses tarifs, ce qui a encore accentué la crise. Plus récemment, c’est Spotify qui a également relevé ses prix, obligeant les utilisateurs à payer davantage pour accéder à leur contenu musical préféré. Ces augmentations successives témoignent d’une tendance lourde : celle de faire payer plus cher des services qui, autrefois, étaient accessibles à moindre coût. La question du prix devient donc centrale dans la consommation des offres de streaming.
Des coûts en hausse, une qualité en déclin
Alors que les prix pour accéder à ces plateformes continuent d’augmenter, la qualité de l’expérience utilisateur semble souvent en baisse. La disparition progressive des formules classiques laisse place à des offres plus segmentées, telles que des abonnements à bas prix avec des publicités ou des versions dites « premium » dépourvues de coupures publicitaires. Dans certains cas, le coût supplémentaire ne concerne pas seulement le prix de l’abonnement, mais aussi des fonctionnalités auparavant gratuites, comme la haute définition ou le téléchargement de contenus pour un visionnage hors ligne.
La multiplication des plateformes a engendré chez certains une forme de dépendance, à laquelle ils tentent de répondre par le partage de comptes. Toutefois, cette pratique, autrefois tolérée ou gratuite, se voit désormais réprimée par la plupart des services comme Disney+, qui a récemment interdit cette méthode, sauf en payant un supplément. Violette, une jeune femme de 22 ans habitant Messine (Bas-Rhin), témoigne de cette situation en soulignant que « les prix deviennent prohibitifs », surtout pour les étudiants qui doivent souvent souscrire des abonnements séparés pour continuer à suivre leur programme, notamment quand ils doivent étudier loin de chez eux.
Une nouvelle réalité : sommes-nous devenus « prisonniers » ?
Malgré ces coûts croissants, beaucoup reconnaissent que ces plateformes sont aujourd’hui essentielles pour leur divertissement quotidien. La principale raison évoquée par plusieurs abonnés pour justifier leur dépendance réside dans la faiblesse de l’offre télévisuelle traditionnelle. Nadine, une femme de 60 ans résidant à Mâcon, confie continuer de regarder Netflix tous les jours en raison de la médiocrité des programmes proposés par les chaînes de télévision classiques.
Ce phénomène de dépendance soulève cependant la question de savoir si nous sommes désormais « prisonniers » des services de streaming musical et vidéo. Selon la dernière étude menée par BearingPoint, les Français disposent en moyenne de 3,2 abonnements à des services numériques, et près de la moitié d’entre eux considèrent Netflix comme une plateforme indispensable à leur quotidien. La nécessité de payer pour accéder à ces contenus pointe la complexité de se passer de ces services, même si leur prix ne cesse d’augmenter.
Les enjeux sociaux et affectifs liés aux abonnements
Selon Jonathan Lalinec, cofondateur du service Spliiit, une plateforme permettant le partage d’abonnements, les différentes offres de streaming ont désormais un aspect plus social qu’économique. Il insiste sur le fait que « l’abonnement ne se limite plus à un usage individuel, il possède également une dimension sociale et parfois même affective. » Pourtant, il observe qu’un nombre croissant d’utilisateurs commence à prendre du recul face à ces pratiques, et envisagent de réduire ou d’abandonner leur abonnement si le prix venait à continuer d’augmenter, notamment si celui-ci devait grimper de 10 % ou plus, selon une étude de BearingPoint.
Beaucoup tentent aussi de réduire leurs dépenses en recourant à des offres groupées. Benoît, un habitant de Toulouse de 51 ans, a déjà quitté certains abonnements après avoir constaté qu’ils devenaient trop coûteux, comme l’abonnement Spotify, qu’il a résilié pour retrouver le plaisir d’écouter ses CD ou de suivre la radio. Anaïs, une jeune femme de 26 ans en Côte-d’Or, réfléchit également à revenir à l’essentiel, réclamant une simplification de sa consommation média et une réduction de l’isolement que crée la multiplicité des écrans.
D’autres, au contraire, préfèrent opter pour des stratégies plus simples, en changeant régulièrement de plateforme pour limiter la dépense ou en utilisant des abonnements temporaires pour tester certains contenus avant de les résilier. Par ailleurs, certains préfèrent passer par des plateformes regroupant plusieurs services SVOD, ce qui leur évite de multiplier les abonnements et leur permet d’accéder à tout leur contenu depuis un seul compte. Selon un rapport récent de BearingPoint, ces formules combinées gagnent du terrain et pourraient bien représenter l’avenir du secteur.
Les questionnements concernant le modèle économique des plateformes de streaming restent donc ouverts. La recherche d’un équilibre entre accessibilité, qualité de service, et gestion des coûts se pose comme un enjeu majeur pour l’industrie, qui doit répondre aux attentes croissantes des consommateurs sans pour autant sacrifier la rentabilité.