Les gestes essentiels pour intervenir en cas d’étouffement en situation de premiers secours

Sophie Lambert

Comprendre et agir face à un obstacle des voies respiratoires : un enjeu vital

L’obstruction des voies aériennes, terme médical désignant une situation où un obstacle empêche ou bloque la respiration, se traduit concrètement par un phénomène d’étouffement. Il ne faut pas négliger cette urgence, car chaque année, en France, une cinquantaine d’enfants de moins de cinq ans perdent la vie suite à l’ingestion accidentelle de petits objets ou aliments, tels que des cacahuètes, des olives ou même de petits jouets. Cependant, les adultes ne sont pas exemptés de ce risque, notamment lorsqu’une fausse route survient lors d’un repas, ce qui peut également conduire à une obstruction grave des voies respiratoires.

Comment repérer un cas d’étouffement ?

Il existe deux formes principales d’obstruction des voies aériennes, chacune présentant des symptômes spécifiques. La première, dite partielle, offre encore une certaine capacité à respirer : la personne affectée peut continuer à parler, à crier ou à tousser avec vigueur, tout en émettant parfois des bruits inhabituels. Sa respiration reste efficace, et la situation, si elle n’est pas prise en charge rapidement, peut rapidement évoluer. La seconde, plus critique, concerne une obstruction totale. La victime ne peut plus parler, ni tousser, ni produire le moindre son. La bouche est généralement ouverte, elle peut s’agiter de manière désordonnée, puis la couleur de sa peau peut virer au bleu, notamment au niveau des lèvres, signe d’un manque d’oxygène. Rapidement, la victime peut perdre connaissance, et la respiration devient inefficace, voire impossible, ce qui nécessite une intervention immédiate.

Prévention : la première étape pour réduire les risques

La prévention demeure le meilleur rempart contre l’étouffement. Elle consiste notamment à prendre des mesures simples mais essentielles pour éviter tout danger. Il est primordial de garder hors de portée des jeunes enfants de moins de trois ans tous les petits objets ou aliments présentant un potentiel d’étouffement. Lors des repas, une vigilance constante doit être maintenue, en surveillant attentivement les enfants, notamment lorsqu’ils consomment des aliments comportant des noyaux, comme certains fruits, qui peuvent aisément obstruer la gorge. La prudence avec ces petits noyaux ou bout de nourriture est essentielle pour limiter la possibilité de fausse route ou d’obstruction.

Les gestes qui sauvent : savoir agir face à une urgence

Malgré toutes les précautions, il peut arriver qu’un étouffement survienne. La réaction appropriée dépend alors de la gravité de la situation. En cas d’obstruction partielle, il est conseillé de placer la victime dans une position qui lui permet de respirer le plus confortablement possible, souvent en position assise, et de l’encourager à tousser violemment pour expulser l’objet étranger. Il est également essentiel de demander un avis médical rapidement.

Lorsque la situation devient critique et qu’une obstruction totale est constatée, une intervention immédiate doit être entreprise. La première étape consiste à faire jusqu’à cinq claques vigoureuses dans le dos, à l’aide de la paume de la main, pour tenter de provoquer l’expulsion du corps étranger. La technique varie selon l’âge de la victime : pour un adulte ou un adolescent, il faut se tenir derrière eux, soutenir leur thorax d’une main, pencher leur corps vers l’avant et donner des claques dans le dos. Pour un jeune enfant, on doit s’asseoir, basculer l’enfant sur sa cuisse, face vers le bas, et donner des claques ciblées. Pour un nourrisson, la position consiste à l’allonger face vers le bas, calé sur votre avant-bras, en maintenant sa tête pour ne pas comprimer la gorge.

Si ces claques ne permettent pas de dégager la passage, il faut alors recourir à la manœuvre de Heimlich. Celle-ci se pratique en plaçant ses bras autour du haut de l’abdomen de la victime, en penchant celle-ci vers l’avant, puis en effectuant une compression volontaire en enfonçant un poing, fermé, entre le nombril et le sternum, et en le poussant vigoureusement vers l’intérieur puis vers le haut. Il faut répéter cette opération jusqu’à cinq fois. En cas d’échec, il est nécessaire d’alterner avec les claques dans le dos.

Que faire après avoir évacué l’objet étranger ?

Une fois l’objet expulsé, il est crucial de rassurer la victime et de consulter un professionnel de santé rapidement, même si la respiration semble rétablie. En cas d’échec, si la personne perd conscience, il faut la mettre au sol, appeler immédiatement les secours (numéros 15 ou 112), et commencer une réanimation cardio-pulmonaire. Chaque seconde compte dans de tels cas, car un retard peut avoir des conséquences graves ou fatales.

Il est également important de souligner que la maîtrise de ces gestes peut faire toute la différence lors d’une urgence. La Croix-Rouge française propose régulièrement des formations pour apprendre les gestes de premiers secours essentiels à la survie en cas d’étouffement ou d’autres situations critiques.

Adopter une attitude préventive et connaître les gestes de secours représentent donc des démarches indispensables pour faire face efficacement à ces risques, en protégeant d’abord les plus vulnérables, mais aussi en étant capable d’agir rapidement pour sauver une vie.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.