Les Français rejettent massivement les ZFE et envoient un message aux futurs élus en automobile

Sophie Lambert

Les tendances actuelles de la mobilité en France face aux contraintes économiques et politiques

Selon une étude réalisée par OpinionWay pour le compte d’Aramis, la situation de la mobilité chez les Français se trouve aujourd’hui confrontée à deux obstacles majeurs. D’un côté, la réduction du budget disponible, exacerbée par l’augmentation des dépenses incontournables pour les ménages, et de l’autre, la complexité apparente des dispositifs publics destinés à faciliter l’accès à une voiture ou à la mobilité en général. En effet, le montant moyen investi chaque mois dans l’achat d’un véhicule a chuté pour atteindre 238 euros, contre 360 euros l’année précédente. La part de ce budget dédié aux ménages aux revenus modestes a même diminué à seulement 210 euros, ce qui correspond à son niveau le plus faible depuis 2022. Ces chiffres traduisent une tendance à la baisse de la dépense automobile, reflet de la faiblesse du pouvoir d’achat et des difficultés croissantes à assurer une mobilité indépendante.

Les Français modifient leurs comportements face à ces limites

Face à ces restrictions, une majorité significative de conducteurs a décidé d’adopter de nouvelles habitudes pour continuer à se déplacer avec une certaine flexibilité. Près de 70 % d’entre eux ont récemment modifié leur manière d’aborder la mobilité. Parmi ces ajustements, la réduction de la fréquence de leurs déplacements est la plus courante, effectuée par 37 % d’entre eux. D’autres ont choisi de reporter l’entretien de leur véhicule, une pratique adoptée par 15 % des automobilistes. Ces comportements traduisent une volonté de s’adapter aux contraintes financières tout en conservant leur autonomie en matière de déplacements. Néanmoins, beaucoup expriment une certaine frustration face à l’insuffisance des aides disponibles, que 80 % considèrent comme déconnectées des réalités économiques et jugées difficilement compréhensibles. De plus, 79 % des Français pensent être exclus du dispositif de leasing social, ce qui montre une perception d’injustice ou de manque d’accès à des solutions alternatives.

Le rejet massif des ZFE par les citoyens français

Dans ce contexte de frustrations croissantes, la population manifeste un rejet important des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Selon les dernières élections d’opinions, 72 % des citoyens expriment leur approbation pour la suppression de ces zones restrictives. Pour eux, cette initiative représente une réponse plus pragmatique et accessible face aux enjeux de mobilité, plutôt que de nouvelles contraintes jugées déconnectées des réalités économiques quotidiennes. Aramis souligne d’ailleurs que cette majorité reflète un désir plus large d’obtenir des solutions de déplacement qui soient simples, compréhensibles et adaptées à la capacité financière des ménages, plutôt que des mesures imposées qui risquent de pénaliser encore davantage leur mobilité.

Une déconnexion entre les politiques et le quotidien des automobilistes

Les automobilistes français sont souvent perçus comme subissant des mesures qui leur semblent éloignées de leur vie quotidienne. Déjà fortement sollicité par des budgets auto de plus en plus serrés, ils semblent peu enclins à accepter des contraintes supplémentaires qu’ils considèrent comme purement politiques et peu efficaces. Il est particulièrement difficile pour eux d’accepter l’idée d’imposer l’achat de véhicules électriques ou récents, alors qu’ils font déjà face à un coût d’entretien en baisse et qu’ils cherchent à faire des économies. La perspective de devoir se tourner vers des véhicules plus coûteux ou des solutions technologiques qu’ils estiment que peu adaptées à leur situation est mal accueillie, renforçant leur désapprobation.

Les attentes des citoyens envers les futurs élus locaux

Face à cette problématique, de nombreux citoyens espèrent que les acteurs locaux joueront un rôle central dans la mise en place d’un système de mobilité plus accessible et compréhensible. À la veille des prochaines élections municipales prévues pour mars 2026, un très grand nombre de français considèrent que la question de la mobilité doit occuper une place prioritaire dans les programmes des candidats. En effet, 94 % d’entre eux estiment que leur futur maire devrait faire de cette question une priorité, en inscrivant des mesures concrètes pour améliorer leur quotidien. L’accent est mis sur le besoin de solutions locales, efficaces et adaptées aux réalités économiques, plutôt que sur des mesures nationales jugées trop complexes ou trop coûteuses.

Les attentes concrètes et urgentes des citoyens

Les attentes des citoyens en matière de mobilité se concentrent sur plusieurs points précis. Plus de quatre Français sur dix, soit 42 %, considèrent que l’amélioration du stationnement doit faire partie des premières priorités municipales. Un peu plus d’un tiers, soit 37 %, souhaitent un développement accru des transports en commun, pour couvrir davantage de zones urbaines comme rurales. Enfin, près de 32 % mettent en avant la nécessité de faciliter la mobilité dans les zones périurbaines et rurales, souvent moins bien desservies. Par ailleurs, un tiers des Français, précisément 34 %, pensent que la prise en compte de l’achat de véhicules d’occasion récents ou reconditionnés devrait constituer une priorité pour les municipalités. Ces attentes traduisent une volonté claire d’avoir des politiques de mobilité qui soient à la fois accessibles, pragmatiques et adaptées à leurs besoins réels, sans imposer des contraintes jugées inadéquates ou trop coûteuses.

Au final, cette étude met en lumière un fossé grandissant entre les ambitions politiques en matière de transition écologique et la réalité quotidienne des automobilistes français, qui souhaitent avant tout des solutions simples, compréhensibles et respectueuses de leur situation économique. La nécessité d’un dialogue plus étroit entre élus locaux et citoyens apparaît comme essentielle pour bâtir une mobilité réellement inclusive et efficace.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.