Influence du niveau sportif sur le sexe des enfants : une question explorée par la science
Une question intrigante a récemment alimenté la curiosité de chercheurs franco-suisse : existe-t-il une différence notable dans la proportion de filles ou de garçons à la naissance chez les athlètes de haut niveau ? Plus précisément, la pratique intense d’une discipline sportive pourrait-elle avoir une influence sur le sexe de la progéniture des sportifs ? Pour tenter de répondre à cette interrogation, une équipe pluridisciplinaire a réalisé une étude approfondie, dont les résultats ont été présentés en juillet 2025 dans la revue Scientific Reports. La motivation derrière cette recherche serait née d’une rumeur persistante selon laquelle les athlètes spécialisés en endurance auraient plus de filles, une idée véhiculée lors de discussions et basée sur l’observation occasionnelle d’athlètes célèbres ou connus. Selon eux, cette croyance pourrait refléter une réalité, ou tout du moins une tendance, qu’il fallait examiner de plus près.
Le contexte mondial fournit aussi des éléments à considérer : le rapport entre naissances masculines et féminines, appelé sex-ratio, tourne autour de 1,04, ce qui signifie qu’en moyenne, pour chaque 100 naissances, il y a environ 104 garçons pour 100 filles. Ce ratio n’est pas fixe et peut-être affecté par de nombreux facteurs socio-économiques, biologiques ou psychologiques. Par exemple, il a été démontré que des événements exceptionnels comme des catastrophes naturelles ou des attentats terroristes peuvent entraîner une augmentation du nombre de naissances de filles. Mais dans le cas des sportifs de haut niveau, qui sont souvent exposés à ces mêmes facteurs, la question demeure : leur pratique sportive intense pourrait-elle également influencer ce rapport sexuel à la naissance ? La recherche menée par cette équipe s’est donné pour objectif d’éclaircir cette zone d’ombre.
Un échantillon de près de 3 000 naissances analysé pour mieux comprendre cette influence
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont compilé et analysé les données recueillies auprès de 2 132 athlètes, lesquels ont été responsables de la naissance de 2 995 enfants. La diversité sportive était au rendez-vous, comprenant des disciplines variées, de l’endurance à la force musculaire, avec une majorité d’athlètes évoluant en équipe nationale, soit près de 1 600. Toutefois, en raison des limitations dans l’accès aux données, la part de sportives chez cet échantillon reste inférieure à 20 %. Tous les paramètres essentiels ont été pris en compte : l’âge des sportifs, leur discipline spécifique, la période de pratique (débuts et fins de carrière), l’année de naissance de leurs enfants, ainsi que le sexe de ces derniers.
Les résultats ont été comparés à la répartition dans la population générale, révélant qu’au sein de cette cohorte de sportifs de haut niveau, le sex-ratio était de 0,98 garçon pour une fille, une valeur inférieure à celle observée dans la population mondiale (1,04). Autre enseignement notable : les athlètes spécialisés dans les disciplines d’endurance ou nécessitant une grande précision sont plus enclins à donner naissance à des filles qu’à des garçons, par opposition à ceux pratiquant des sports à caractère plus mixte ou portés sur la force. La discipline exercée apparaît ainsi comme l’un des facteurs les plus influents, surpassant la simple variable du sexe, de l’âge ou encore du moment de la naissance par rapport à la fin de carrière sportive.
Les variations sont également très marquées d’un sport à l’autre. Par exemple, dans le tennis, la proportion de garçons à la naissance atteint 56 %, alors que dans le cas des naissances issues de parents pratiquant la course de fond ou demi-fond, cette proportion chute à 35 %. Ces différences substantielles soulignent un lien potentiel entre le type de pratique sportive et le sexe de la progéniture, bien que la cause exacte reste encore à déterminer.
Les femmes athlètes : une influence supplémentaire sur la prépondérance des filles
Une autre dimension importante apparaît lorsqu’on considère le sexe de l’athlète lui-même. Les données montrent clairement que les femmes sportives ont tendance à donner naissance à moins de garçons que leurs homologues masculins. Plus précisément, le ratio chez les sportives est de 0,85 garçon pour une fille, contre 1,02 chez les hommes. La tendance se trouve accentuée chez celles qui pratiquent des disciplines d’endurance ou de précision, où le rapport tombe à 0,7 garçon pour 1 fille. Autrement dit, ces sportives ont environ 63 % de chances d’avoir une fille, contre environ 49 % dans la population mondiale. Ce phénomène devient encore plus parlant si l’on prend en compte le fait qu’un ratio très faible (environ 0,58) est observé si l’athlète a eu un enfant en cours de carrière, ce qui laisse supposer une influence hormonale ou physiologique spécifique.
Les hypothèses avancées pour expliquer ces faits sont multiples : certains chercheurs évoquent un profil hormonal distinctif chez les sportives, notamment un taux élevé de cortisol, une hormone associée au stress et à la dépense énergétique importante. Selon eux, l’énergie consacrée à l’entraînement et à la compétition pourrait avoir des effets délétères plus importants sur la survie ou le développement des spermatozoïdes masculins que féminins. À cela s’ajoutent des facteurs comme le temps consacré à l’entraînement, son intensité, mais aussi des aspects liés à la situation économique, l’alimentation, ou encore le profil du partenaire. L’ensemble de ces éléments pourrait intervenir dans la détermination du sexe des futurs enfants, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires pour en clarifier tous les mécanismes.
Ce travail ouvre une piste nouvelle dans la compréhension de la relation entre la pratique sportive de haut niveau et le sexe des enfants à naître. Il soulève aussi la question de l’impact physiologique et hormonal que peut engendrer un entraînement intensif, influençant ainsi potentiellement la sélection du sexe chez les futurs parents sportifs.
Ce sujet reste encore à explorer, mais il met en lumière la complexité des interactions entre le corps humain, l’activité physique et la reproduction. La science continue d’approfondir ce lien et d’éclairer la manière dont notre mode de vie, même celui pratiqué à haut niveau, pourrait avoir des répercussions inattendues sur notre biologie la plus intime.
 
					
 





