Les dangers de l’âge avancé pour le premier enfant chez les femmes

Sophie Lambert

L’âge de maternité en 2023 : une tendance à la hausse

En cette année 2023, la moyenne d’âge à laquelle les femmes ont leur premier enfant est de 29,1 ans. Ce chiffre marque une progression significative, puisqu’il est supérieur de 5,1 ans à celui de 1974 et de 0,9 an par rapport à 2013. Ces données proviennent d’un nouveau rapport publié le 16 juillet 2025 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cette évolution témoigne d’un changement profond dans les comportements et les choix de vie des femmes françaises ces dernières décennies.

Une baisse progressive de l’âge de maternité depuis la fin des années 1970

L’observation d’un recul de l’âge à la maternité s’inscrit dans un mouvement de longue date, visible aussi bien en France que dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. Depuis la fin des années 1970, on constate un décalage vers un âge plus avancé lors des premières grossesses. En 2023, il apparaît que 10 % des femmes ont eu leur première naissance à l’âge de 36 ans ou plus. La proportion de celles ayant dépassé 40 ans pour leur première grossesse est de 3,6 %, un chiffre encore faible mais en constante augmentation. Pour donner une idée de l’évolution, en 1967, cette part représentait seulement 1 %, soulignant le report de la maternité vers un âge plus avancé.

Ce report de l’âge de la première grossesse influence naturellement celui des grossesses ultérieures. En 2023, la moyenne d’âge au moment de donner naissance à un deuxième enfant était de 31,6 ans. Pour le troisième, cette moyenne atteignait 33,1 ans, là encore plus élevée qu’auparavant, confirmant une tendance claire à la maternité tardive.

Risques liés à un âge avancé lors de la grossesse

Les études scientifiques sont unanimes : une mère âge de plus de 35 ans, et encore davantage après 40 ans, voit augmenter le risque de complications durant la grossesse et l’accouchement, ainsi que pour la santé du bébé. Une étude menée en 2021, en analysant 27 455 naissances uniques entre 2007 et 2018, indique une hausse significative des troubles hypertensifs, du diabète gestationnel, des déclenchements de travail et des césariennes après 35 ans. Plus l’âge augmente, plus ces risques deviennent importants : après 40 ans, la littérature signale un accroissement des risques de mortalité fœtale, d’hospitalisations néonatales, de petits poids à la naissance, de complications placentaires comme le placenta prævia, ainsi que la nécessité d’accouchements instrumentaux ou la fréquence des admissions en unité de soins intensifs chez la mère. Le taux d’épisodes hémorragiques après l’accouchement augmente également.

Faisant écho à ces données, le risque de fausse couche s’accroît considérablement avec l’âge. À 30 ans, il est estimé à 15 %, alors qu’après 40 ans, ce chiffre grimpe jusqu’à 30 %, voire 50 % à 42 ans dans certaines études. Les femmes de plus de 35 ans ont aussi un risque accru – généralement trois à quatre fois supérieur – de développer une hypertension artérielle liée à la grossesse, comme la prééclampsie, une complication grave responsable de troubles rénaux et pouvant entraîner des risques importants pour la mère comme pour l’enfant.

Le diabète gestationnel : un enjeu majeur après 35 ans

Le risque de développer un diabète gestationnel connaît une forte augmentation à partir de 35 ans, multiplié par trois, notamment en raison d’une diminution de la sécrétion d’insuline et d’une moindre sensibilité à cette hormone liée à l’âge. Les femmes ayant présenté un diabète gestationnel pendant leur grossesse voient leur risque de développer un diabète de type 2 se multiplier par dix comparé à celles qui n’en ont pas eu. De plus, leur vulnérabilité au syndrome métabolique est deux à cinq fois plus élevée, et le risque de maladies cardiovasculaires est également en hausse, approchant du double. Chez le bébé, la probabilité d’une macrosomie – un poids supérieur à 4 kg – augmente, ce qui peut compliquer l’accouchement, avec un risque que l’enfant soit mis en danger lors de la naissance.

Les complications obstétricales et morphologiques

Les grossesses après 40 ans sont associées à un risque augmenté de placenta prævia, une implantation anormale du placenta en bas de l’utérus, pouvant provoquer de importantes pertes de sang avant l’accouchement, avec un risque multiplié par neuf. Par ailleurs, la fréquence des césariennes est également plus élevée chez les femmes de plus de 35 ans, avec un taux qui peut doubler voire tripler selon les études. La mortalité maternelle, bien que rare dans les pays développés, tend à augmenter avec l’âge, principalement en lien avec des pathologies préexistantes telles que les hémorragies, les accidents vasculaires, l’hypertension ou encore certaines infections graves.

Un phénomène accru d’anomalies chromosomiques

Les risques chromosomiques, notamment la trisomie 13, 18 ou 21, s’intensifient avec l’âge maternel. Chez une femme de 30 ans, la chance d’une trisomie 21 à la naissance est d’environ 1 sur 1 000, tandis qu’à 42 ans, ce risque s’élève à une sur 50. Ce biais s’accompagne également de modifications de la vascularisation utérine, pouvant entraîner une croissance intra-utérine plus lente ou un retard de développement du fœtus, nécessitant une surveillance accrue durant la grossesse.

Deux autres problématiques liées à l’âge avancé concernent la mise en travail prématurée, qui devient plus fréquente, notamment chez les premières gravidités de femmes âgées, ainsi qu’une augmentation des nouveau-nés de faible poids (inférieur à 2 500 g) ou, à l’inverse, des macrosomes, dépassant 4 000 g, qui présentent des risques accrus d’anomalies et de complications à la naissance.

Une approche équilibrée et responsable

Il est essentiel de souligner que ces risques ne doivent pas servir à stigmatiser les femmes enceintes à un âge avancé. Le choix de concevoir un enfant à un moment précis correspond à des décisions personnelles, souvent mûrement réfléchies, partagées avec le partenaire. Les données scientifiques ne visent pas à inciter à une procréation plus précoce, mais à offrir une information précise et claire sur les éventuels risques associés à un âge plus avancé.

Une prise en charge médicale rigoureuse, comprenant un dépistage attentif des pathologies maternelles, un suivi précis du déroulement de la grossesse, ainsi qu’une hygiène de vie saine, permet de réduire considérablement ces risques. Dans de nombreux cas, une prise en charge adaptée et préventive permet de garantir la sécurité de la mère et du bébé, même dans le contexte d’une grossesse tardive.

Sources : données de l’Insee, études scientifiques, recommandations du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, rapports d’organismes spécialisés.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.