L’efficacité du traitement à la propolis contre l’acné : réel ou supposé ?

Sophie Lambert

Lutte contre l’acné : une nouvelle solution issue de la nature

Origines et mécanismes de l’acné

L’acné est principalement causée par une production trop importante de sébum, cette substance grasse qui a pour rôle habituel de protéger et d’hydrater la peau. Lors de la puberté, ce processus s’accélère sous l’effet des hormones sexuelles, notamment les androgènes. Cette augmentation de sébum favorise la formation de bouchons dans les follicules pileux, lesquels se traduisent généralement par l’apparition de points noirs, de boutons rouges ou de lésions purulentes. Cette situation peut peser psychologiquement, surtout chez les adolescents, car elle affecte l’image de soi et le confort quotidien.

Bien que des traitements pharmaceutiques tels que les antibiotiques – notamment l’érythromycine ou certains tétracyclines – soient employés pour lutter contre l’acné, leur efficacité tend à diminuer. En effet, la montée de résistances bactériennes à ces médicaments limite leur utilisation à long terme, rendant la gestion de cette affection plus complexe qu’auparavant. La recherche médicale est donc à la recherche de solutions alternatives, plus naturelles et moins sujettes à ce fléau de la résistance.

La propolis du Rwanda comme remède innovant

Parmi ces alternatives, la propolis suscite un intérêt croissant. Produite par les abeilles, cette résine qu’elles récoltent sur les plantes leur sert à colmater les fissures de leur habitat. Elle possède des propriétés antibactériennes notables, permettant aux colonies d’abeilles de se protéger contre les agents pathogènes ainsi que contre les parasites. La richesse de ses composants dépend de la végétation locale, ce qui explique que la composition exacte de la propolis peut varier d’un endroit à un autre.

Une équipe de chercheurs spécialisée dans l’étude des membranes biologiques et des cibles thérapeutiques, basée à Marseille et dirigée par Jean-Michel Brunel, s’est focalisée sur des échantillons récoltés dans deux régions du Rwanda, un pays dont le patrimoine forestier comporte une biodiversité riche et unique, notamment des plantes endémiques. Cette étude vise à analyser la composition chimique de la propolis locale et à identifier ses potentiels agents actifs.

Selon Jean-Michel Brunel, la composition de la propolis est directement influencée par la flore environnante : « Elle diffère selon les régions, car elle dépend des espèces végétales que les abeilles utilisent pour confectionner cette substance » explique le scientifique. Parmi les composés découverts dans ces échantillons, certains possèdent des propriétés antibactériennes impressionnantes. Plus spécifiquement, le 2,4 Di-tert-butylphenol — ou 2,4 DTBP — a été identifié comme un composant capable d’empêcher la croissance de C. acnes, la bactérie qui joue un rôle clé dans le développement de l’acné.

Validation expérimentale sur des modèles animaux

Pour vérifier l’efficacité de cette molécule, les chercheurs ont d’abord procédé à des tests sur des souris. En introduisant la bactérie responsable de l’acné sur la peau de ces animaux, ils ont ensuite appliqué une solution contenant la 2,4 DTBP. Les résultats ont été très prometteurs : l’application locale a permis de réduire considérablement l’inflammation et a également permis la disparition des boutons, témoignant du potentiel antibactérien et anti-inflammatoire de cette substance.

Encouragés par ces premiers succès, les scientifiques ont également expérimenté sur des volontaires humains. Certains patients atteints d’acné ont reçu une crème contenant la propolis riche en 2,4 DTBP. Très rapidement, une amélioration visible a été notée : la gravité de leurs lésions s’est atténuée en quelques jours seulement, tandis que leur confort cutané s’est substantiellement amélioré. Ces résultats préliminaires, bien que nécessitant confirmation par des essais cliniques plus approfondis, montrent l’intérêt d’envisager cette ressource naturelle comme traitement potentiel.

L’équipe menée par Brunel souhaite désormais collaborer avec l’industrie pharmaceutique pour faire avancer cette piste. Avant toute commercialisation, il est indispensable de réaliser des essais cliniques rigoureux pour s’assurer de l’innocuité et de l’efficacité du produit chez l’humain. Leur objectif est d’extraire les molécules actives de la propolis ou d’utiliser directement cette résine naturelle, qui contient aussi d’autres composés aux propriétés anti-inflammatoires, pouvant contribuer à réduire la moindre irritation ou réaction indésirable lors du traitement contre l’acné.

En parallèle, les chercheurs poursuivent leurs investigations, cette fois en étudiant des propolis issues de ruchers français afin de comparer leurs compositions et leurs effets potentiels. Leur démarche vise à élargir la palette de ressources naturelles exploitables dans la lutte contre cette affection dermatologique.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.