L’eczéma chronique des mains : un phénomène à la fois visible et invisible
Les manifestations de l’eczéma chronique des mains (ECM) sont aussi diverses que déroutantes : démangeaisons persistantes, sensation de brûlure, peau particulièrement sèche, fissures douloureuses, rougeurs ou encore desquamation. Cependant, au-delà de ces symptômes physiques évidents, c’est la qualité de vie des personnes concernées qui peut réellement en pâtir, tant dans leur vie sociale, leur sphère professionnelle que dans leurs relations affectives.
Selon le professeur Florence Tetart, spécialiste en dermatologie au Centre Hospitalier Universitaire de Rouen, cette maladie ne se limite pas à une simple irritation cutanée : « L’eczéma chronique des mains n’est pas simplement une sensation de gratouillement, c’est aussi une source de douleur intense. » Elle insiste sur le fait que si la surface de la peau des mains paraît relativement faible, leur usage quotidien est incessant, ce qui accroît considérablement l’impact de la maladie. Ainsi, cette affection peut perturber les interactions sociales, compliquer la vie familiale et freiner l’implication dans la sphère professionnelle. Elle devient un véritable fardeau, notamment parce que le stress engendré par la maladie peut également provoquer des poussées, créant un cercle vicieux difficile à briser. La visibilité constante des mains malades joue également sur l’image que l’on a de soi. Dans la région Nord-Ouest de la France, une étude réalisée par OpinionWay pour LEO Pharma a mis en évidence l’emprise concrète de cette pathologie.
Lors des phases de crises, près de 4 patients sur 10 déclarent que leur qualité de vie en est fortement affectée. La perturbation du sommeil atteint 40 % des personnes suivies, l’état émotionnel de 39 %, et une part similaire doit faire face à des difficultés dans l’accomplissement des tâches ménagères. Sur le registre émotionnel, l’anxiété domine avec 64 % des patients qui en ressentent, suivie de près par le stress (62 %) et la frustration (50 %). Un calme relatif paraît leur apporter un soulagement considérable : pour plus de 60 %, la disparition des symptômes représenterait un vrai confort mental et physique, un enjeu majeur dans leur quotidien.
Une problématique encore peu connue
Malheureusement, l’eczéma chronique des mains reste encore trop souvent mal compris ou mal diagnostiqué. Ses causes sont variées, car il peut résulter de différents types d’eczéma tels que l’atopique, l’allergique, l’irritatif ou encore l’hyperkératosique. En pratique, cette condition peut être exacerbée par les gestes répétés et quotidiens : un lavage excessif des mains, le contact fréquent avec des produits ménagers ou des substances allergisantes, le froid, l’humidité, voire le stress psychologique. Ces facteurs constituent autant de déclencheurs ou de facteurs aggravants.
Le professeur Florence Tetart souligne l’importance d’un traitement multidisciplinaire : « La prise en charge efficace de l’eczéma des mains doit associer le médecin généraliste, le dermatologue si nécessaire, et un allergologue pour effectuer des tests et identifier précisément les causes. » Elle indique également que l’accès aux spécialistes pose souvent problème, notamment dans certaines régions, où les patients doivent attendre plusieurs mois avant d’obtenir une consultation adaptée. Un obstacle supplémentaire à une prise en charge rapide et efficace. Par ailleurs, beaucoup ignorent que la médecine du travail peut jouer un rôle dans l’adaptation des conditions professionnelles pour réduire l’exposition à certains déclencheurs ou allergènes, un aspect essentiel pour limiter l’impact sur la vie professionnelle.
Reconnaître l’eczéma des mains comme une pathologie invalidante
Trop souvent minimisée ou considérée comme un simple désagrément, l’eczéma chronique des mains mérite d’être pleinement reconnu comme une maladie impactant profondément le quotidien des personnes atteintes. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’esthétique, mais d’une condition pouvant entraîner une réelle invalidité dans la vie de tous les jours.
LEO Pharma insiste sur la nécessité d’une meilleure reconnaissance et d’une prise en charge adaptée, en insistant sur l’urgence d’intervenir dès l’apparition des premiers signes, qu’il s’agisse de rougeurs, de démangeaisons ou de peau qui craque. Un diagnostic posé rapidement par un professionnel de santé est essentiel pour instaurer un traitement efficace, personnalisé selon chaque cas. La complexité de cette pathologie demande une approche globale afin d’atténuer ses effets et d’améliorer la qualité de vie des patients.
La reconnaissance de cette maladie comme une affection invalidante est essentielle pour renforcer l’accompagnement médical et social des personnes concernées. Car derrière chaque manifestation physique se cache une véritable lutte contre un mal invisible, qui, s’il n’est pas pris en charge, peut considérablement altérer la capacité à vivre normalement.
Source : Insee.fr – Population française au 1er janvier 2025 – Apfelbacher C, Bewley A, Molin S, et al. Prévalence de l’eczéma chronique des mains chez les adultes : étude transversale sur plus de 60 000 répondants dans plusieurs pays, dont la France. British Journal of Dermatology, publié en ligne le 11 janvier 2025, DOI : 10.1093/bjd/ljaf020.