Le véritable enjeu de Bétharram : un défi essentiel à relever

Sophie Lambert

Une sensation d’impuissance s’est installée depuis presque un an dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Cependant, dans des salles moins vastes et moins luxueuses situées à proximité du Palais Bourbon, la dynamique commence à évoluer, notamment en ce qui concerne la représentation nationale et son rôle de contrôle. Ces espaces plus modestes deviennent des lieux où la véritable action parlementaire peut se manifester, en particulier à travers la mise en place de commissions d’enquête. La commission dédiée à l’étude des violences en milieu scolaire, créée en mars dernier, possède en effet le potentiel d’éclairer les mécanismes présents dans certains établissements, en dévoilant les vérités souvent dissimulées. Elle a pour mission de mettre en lumière, voire de prévenir, les conditions qui favorisent le silence et l’omerta, fréquemment observées dans des institutions censées former et protéger les jeunes. Le cas de Notre-Dame de Bétharram, qui est devenu une énigme sombre dans ce contexte, en est un sinistre symbole. En révélant ces dérives, la commission peut jouer un rôle crucial pour éviter que des enfants soient à nouveau brisés par des institutions défaillantes.

Le fait qu’un Premier ministre en fonction puisse être auditionné sous serment par des députés issus de camps politiques différents mais animés par un même souci d’intérêt général témoigne de la vitalité de la démocratie française. Même dans un contexte où le pays traverse une crise politique et institutionnelle majeure, cette transparence et cette capacité à confronter les responsables politiques attestent du fonctionnement de nos institutions. Cette situation doit être saluée, car elle montre que, malgré les tensions et les désaccords, l’État de droit reste vivant et capable de s’exprimer pleinement.

Néanmoins, il semble peu probable que les incohérences, les manques de mémoire et la vision obsolète de l’autorité exprimés lors des réponses de François Bayrou, déjà affaibli politiquement, contribuent à apaiser les tensions au sein de l’Assemblée. La session durant laquelle le chef de gouvernement a été confronté à des questions strictes laissera probablement des crevasses dans sa crédibilité, et son avenir politique pourrait même être remis en question, notamment si des révélations supplémentaires venaient à émerger. Ces échanges intenses pourraient, à terme, faire peser une menace sur la stabilité de son mandat.

Pourtant, il serait injuste de limiter le rôle de cette commission à l’interrogation sur le Premier ministre, aussi important que cela puisse paraître. Les véritables enjeux dépassent cette seule audience, car ce que souhaitent avant tout les victimes, passées et présentes, c’est que la lumière soit faite. Leur objectif est de mettre fin au mutisme qui entoure ces violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, et de faire en sorte que système et institutions soient enfin tenus responsables. Les attentes sont immenses, car il est temps que ces terribles drames du passé et du présent ne soient plus tus, mais confrontés à la transparence et à la justice.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.