Le styliste Giorgio Armani, icône de la mode, est décédé à 91 ans

Sophie Lambert

Homage à une icône de la mode : le décès de Giorgio Armani à 91 ans

Le monde de la haute couture a perdu une figure emblématique ce jeudi : Giorgio Armani, le célèbre créateur italien, s’est éteint à l’âge de 91 ans, entouré de ses proches. La nouvelle a été officialisée par la maison Armani elle-même, dans un communiqué porteur de profonde tristesse. Celui que l’on surnommait affectueusement « C’est avec un chagrin immense que nous annonçons le décès de notre fondateur, créateur et moteur infatigable » a annoncé l’entreprise.

Dans cette déclaration émouvante, il est rappelé que Giorgio Armani, également connu sous le nom respectueux de ses collaborateurs « Il Signor Armani », a continué à travailler jusqu’à ses derniers instants, portant une attention particulière à ses collections, à ses nombreux projets, présents et à venir. Son style discret mais innovant a eu une influence majeure, repensant la façon dont la mode s’insère dans le cinéma et la société, laissant une empreinte qui demeure profondément gravée dans la culture moderne. La société Armani poursuit en affirmant son engagement à préserver l’héritage de Giorgio, à faire prospérer ses créations avec respect, responsabilité et affection, en souvenir de sa contribution exceptionnelle à l’histoire de la mode.


Une personnalité emblématique de l’identité italienne

Giorgio Armani, qui a fondé sa maison de couture à Milan en 1975, incarnait depuis toujours l’indépendance dans le secteur de la mode. Il refusait de faire entrer sa société en bourse, préférant conserver le contrôle total de ses créations. Malheureusement, son état de santé s’étant dégradé ces derniers mois, il avait été contraint de renoncer à la présentation de ses collections masculines à Milan au début de l’été, avançant des raisons médicales. De même, en juillet, il n’avait pas présenté son défilé Armani Privé à Paris. Sa disparition fait l’effet d’un grand vide dans le monde culturel et artistique : « Avec la disparition de Giorgio Armani, c’est une figure emblématique de la culture italienne qui s’efface, lui qui a su transformer l’élégance en un langage universel », a déclaré le ministre italien de la Culture, Alessandro Giuli.

Son impact transcende la mode : il était considéré comme un ambassadeur de l’identité italienne dans le monde entier. Sur le compte officiel de la maison, Giorgio Armani avait laissé une trace en exprimant ses valeurs à travers ses mots : « La marque que j’espère laisser derrière moi est celle de l’engagement, du respect et du vrai souci pour les gens et la réalité. C’est à partir de là que tout commence réellement. »

Les hommages à sa mémoire affluent également sur Instagram : la styliste italienne Donatella Versace a témoigné, en évoquant que « le monde a perdu un géant aujourd’hui, qui a marqué l’histoire de la mode de manière indélébile et dont on se souviendra à jamais ». Bernard Arnault, à la tête du groupe de luxe LVMH, a lui aussi salué ses nombreuses réalisations : « Giorgio Armani a conféré à l’élégance italienne une portée et une envergure mondiales », a-t-il souligné.

Il a aussi été rappelé que Giorgio Armani, au-delà de sa stature de maître de la mode, a toujours été un homme profondément attaché à la France, qu’il considérait comme une seconde patrie. Bernard Arnault l’a décrit comme « le dernier représentant de la génération dorée des créateurs d’après-guerre », celle qui a posé les jalons d’un luxe sophistiqué et intemporel.


Un créateur visionnaire, figure d’une nouvelle élégance

Né le 11 juillet 1934 à Piacenza, dans le nord de l’Italie, Giorgio Armani venait d’une famille modeste, dont les origines étaient arméniennes. Après deux années d’études en médecine, il s’oriente vers un tout autre domaine, travaillant comme décorateur pour la boutique La Rinascente à Milan, poste qu’il occupera jusqu’à ses 31 ans. Passionné de photographie et de dessin, il voit sa trajectoire bouleversée lors de sa rencontre avec Nino Cerruti, figure majeure du « casual chic ». Armani a souvent évoqué l’influence de Cerruti, remarquant son regard perçant et sa capacité à oser.

En 1975, il décide de créer sa propre maison à Milan, en partenariat avec Sergio Galeotti, qui décèdera dix ans plus tard, laissant Armani seul maître à bord. Fidèle à sa volonté d’indépendance, il s’est toujours refusé à l’introduction en Bourse. Son talent visionnaire lui permet de s’établir dans de nombreux domaines : la haute couture, le prêt-à-porter, les accessoires, les parfums, les bijoux, mais aussi l’architecture intérieure et l’hôtellerie de luxe dans des métropoles aussi variées que Milan, Paris, New York, Tokyo, Séoul ou Shanghai. En 2000, le Musée Guggenheim à New York lui décerne une rétrospective exceptionnelle, consacrée à l’ensemble de son œuvre.

Giorgio Armani a rapidement habillé des stars de renom comme John Travolta, Lauren Bacall, Diana Ross ou Jack Nicholson. La création de la garde-robe de Richard Gere dans le film « American Gigolo » en 1980 lui vaut une reconnaissance mondiale, lui valant le surnom de « Il Re Giorgio ». La série télévisée américaine « Deux flics à Miami » a popularisé le port du t-shirt Armani sous une veste siglée, contribuant à ancrer son style dans la culture populaire des années 80.


Une fortune colossale et un empire qui dépasse la mode

En 2004, Armani se lance dans une nouvelle aventure avec Emaar, une entreprise immobilière de Dubaï, en créant la chaîne de casinos et hôtels de luxe Armani Hotels. Après six années de gestation, il inaugure son premier hôtel dans la célèbre tour Khalifa, haute de 828 mètres, parmi les plus hautes du monde. Sa présence dans le secteur du luxe ne s’est pas limitée à l’hôtellerie : Armani a aussi développé des résidences haut de gamme à Chengdu et Pékin, en collaboration avec le groupe culturel Mind.

Le créateur, souvent décrit comme un « prince de la mode » au teint hâlé, avec ses cheveux blancs et ses yeux bleus pénétrants, a construit un véritable empire avec plus de 600 boutiques à travers le monde et un effectif supérieur à 10 000 employés. La société Giorgio Armani SpA, qui détient notamment les marques Giorgio Armani, Emporio Armani ou A|X Armani Exchange, a enregistré un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros en 2024. La revue Forbes évoque une fortune personnelle estimée à plus de 10,38 milliards d’euros à la moitié de 2025, le plaçant au 208ème rang des plus riches du monde.

Ce maître incontesté, qui n’a jamais eu d’enfants mais a travaillé en étroite collaboration avec ses proches, notamment sa nièce Roberta, a su laisser une empreinte durable dans le domaine de la mode et du luxe mondial.


Pour rendre hommage à sa mémoire ou présenter vos condoléances, il est possible de visiter la page dédiée sur le site Libra Memoria, qui lui est consacrée, et de témoigner de votre sympathie envers ses proches.

Sophie Lambert

Sophie Lambert

Née à Colmar et passionnée par les enjeux sociaux et environnementaux, j’ai choisi le journalisme pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas. Je crois en une presse locale libre, engagée et accessible à toutes et tous.